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Rapport Annuel 2023

by Samia Sghaier
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Rapport Annuel 2023

Juin 2024

Le mot du Gouverneur

GOUVERNANCE ET STRATEGIE

  • -Conseil d’Administration
  • -Organisation et ressources humaines
  • -Coopération internationale
  • -Plan stratégique
  • -Initiatives de la BCT pour la promotion de l’innovation financière en Tunisie
  • -Audit interne, management des risques et conformité

I- SITUATION ECONOMIQUE, MONETAIRE ET FINANCIERE

  • -Chapitre 1 – Environnement économique international
  • -Chapitre 2 – Environnement économique et financier national
  • -Chapitre 3 – Paiements extérieurs
  • -Chapitre 4 – Monnaie et financement de l’économie

II- MISSIONS DE LA BANQUE

  • -Chapitre 1 – Politique monétaire
  • -Chapitre 2 – Gestion des réserves internationales
  • -Chapitre 3 – Systèmes et moyens de paiement
  • -Chapitre 4 – Circulation fiduciaire
  • -Chapitre 5 – Supervision bancaire
  • -Chapitre 6 – Stabilité financière

SITUATION FINANCIERE DE LA BANQUE CENTRALE

  • -Analyse de la situation financière et des résultats
  • -Etats financiers et rapport des commissaires aux comptes

Table des matières

Sommaire

1

Le Mot du Gouverneur

Le Mot du Gouverneur

Marquée, durant les dernières années, par la conjonction de chocs multiples de nature diverses, en particulier la pandémie de la Covid-19 et la guerre RussoUkrainienne, l’économie mondiale semble se diriger vers une stabilisation progressive. Toutefois, cette apparente normalisation intervient dans un climat encore plein de défis, notamment la résurgence des tensions géopolitiques, l’accentuation de l’impact du changement climatique et le resserrement énergique et quasi-généralisé de la politique monétaire, adopté par la plupart des banques centrales, pour juguler les poussées inflationnistes. Malgré ce contexte défavorable, la croissance mondiale s’est montrée résiliente, en 2023, et s’est maintenue à un niveau proche de l’année précédente, soit 3,2% contre 3,5%.

En revanche, le commerce mondial de biens et services est demeuré exceptionnellement faible et s’en trouve moins corrélé avec l’activité économique, progressant seulement de 0,3% en 2023 contre 5,6% un an plus tôt. Cette faiblesse des échanges commerciaux est, entre autres, le résultat de l’essoufflement de la demande lié à la hausse considérable des taux d’intérêts, mais reflète, également, des signes d’un protectionnisme grandissant et d’une fragmentation accrue de l’économie mondiale.

Pour sa part, l’inflation mondiale est revenue à 6,8%, en 2023, par rapport au sommet atteint l’année précédente, soit 8,7%, mais demeure, toutefois, supérieure à la moyenne prépandémique. Ainsi et afin de contourner la persistance des pressions sur les prix et ramener l’inflation à son objectif de moyen terme, la majorité des banques centrales ont poursuivi le resserrement monétaire, entamé depuis l’année 2022, portant leurs taux d’intérêts directeurs à des niveaux historiquement élevés.

Dans ce contexte international difficile, caractérisé par une instabilité économique et une incertitude croissante, l’économie tunisienne a continué à faire preuve de résilience en 2023. Malgré les défis majeurs, tant au niveau de l’offre que de la demande, notre capacité d’adaptation s’est encore manifestée.

Du côté de l’offre, la persistance du stress-hydrique, pour la quatrième année consécutive, a dû induire une chute brutale de la production agricole, exacerbée par une forte régression de la production nationale des hydrocarbures et du phosphate. Cependant, l’impact de ces baisses aurait pu se faire ressentir plus sévèrement n’eût été le secteur touristique et les industries manufacturières exportatrices qui ont réalisé une bonne performance. Du côté de la demande, tant

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domestique qu’extérieure, un affaiblissement notable a été observé, occasionné par les augmentations des prix. Cette inflation prononcée et l’incertitude qui en découle ont fortement pesé sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises privées, affectées par des coûts de production plus élevés et des conditions de financement plus onéreuses.

Dans ces conditions difficiles, la croissance économique nationale, en termes réels, a connu un ralentissement pour s’établir à 0,2% en 2023, contre 2,8% un an plus tôt. Cette faible croissance a accentué les pressions sur les équilibres macroéconomiques, encore aux prises avec une succession de chocs qui dure depuis quelques années, se manifestant par des difficultés structurelles. D’ailleurs, ces difficultés continuent de compromettre l’essor de l’économie tunisienne et, par-là, sa capacité à résorber l’offre sur le marché de l’emploi. En conséquence, le taux de chômage s’est établi à 16,4% contre 15,2% en 2022.

Quant au secteur extérieur, il a affiché une nette amélioration en 2023, confirmée par une meilleure maîtrise du déficit courant, revenant à 3.433 MDT, soit 2,2% du PIB contre 8,8% l’année précédente. Cette performance est due à une contraction notable du déficit commercial, bénéficiant d’une hausse des exportations conjuguée à une diminution des importations. Toutefois, ce repli des importations traduit partiellement un ralentissement de l’activité économique. En outre, la consolidation des recettes touristiques et, à moindre degré, des revenus du travail ont conforté l’amélioration du solde des opérations courantes Cette situation, . associée à l’amélioration du compte financier, a permis la consolidation de nos avoirs de réserve de 3.371 MDT.

La dynamique positive du secteur extérieur a contribué à stabiliser le taux de change du dinar vis-à-vis des principales monnaies et à soutenir les réserves en devises, en dépit d’un accès limité aux ressources extérieures. En conséquence, les avoirs nets en devises ont nettement augmenté pour atteindre 26.408 MDT, soit l’équivalant de 120 jours d’importation, à fin 2023, contre 22.949 MDT et 100 jours au terme de 2022.

Concernant les finances publiques, le déficit budgétaire hors privatisations et dons s’est élevé à 7,4% du PIB, en 2023, contre 7,9%, en 2022, considérant la faiblesse de la croissance économique. Ce léger mieux est attribuable, d’un côté, à l’augmentation des ressources propres qui traduit l’amélioration du recouvrement et, de l’autre, à l’adoption d’une politique budgétaire rigoureuse, axée sur la maîtrise des dépenses.

Corrélativement, le taux d’endettement public a accusé une légère hausse pour passer de 82,3% à 83,0% du PIB, d’une année à l’autre. Néanmoins, ce ratio

demeure à des niveaux relativement élevés, malgré la nette baisse de sa composante extérieure .

Pour ce qui est du taux d’inflation, et après avoir atteint un pic de 10,4% en glissement annuel (G.A) au mois de février 2023, il s’est progressivement replié pour s’établir à 8,1%, au terme de l’année sous-revue, enregistrant ainsi un taux annuel moyen de 9,3%, après 8,3% en 2022. Outre la réduction des effets haussiers induits par la flambé des prix internationaux de l’énergie et des produits alimentaires, la récente détente de l’inflation reflète aussi l’atonie de la demande intérieure.

Hors alimentation et énergie, le retournement de l’inflation s’est effectué à un rythme beaucoup plus lent, revenant à 7,1% en décembre 2023 contre 7,8% au mois de mars de la même année.

Cette forte inertie de l’inflation tendancielle a amené la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à conduire une politique monétaire vigilante et à maintenir son taux d’intérêt directeur au niveau de 8%, tout au long de l’année 2023. C’est de la sorte qu’elle a visé à contenir les risques inflationnistes et de soutenir une convergence plus rapide de l’inflation vers sa valeur de moyen terme, évitant ainsi un désancrage des anticipations inflationnistes.

La politique monétaire relativement restrictive, adoptée par la BCT, conjuguée à la faible demande domestique, qui en a résulté, ont conduit à un rythme de progression faible des crédits et à une relative stabilité des réserves en devises et du taux de change du dinar. D’ailleurs, affecté par la faiblesse de la croissance économique, en termes réels, l’encours des créances sur l’économie n’a progressé, durant l’année 2023, que de 2,5% contre 7,9% une année auparavant.

Sur un autre plan, la BCT a démarré au cours de l’année sous-revue son deuxième plan stratégique 2023-2025. Dans ce cadre, un projet de mise en place d’un dispositif de management d’innovation de la Banque Centrale a été lancé, conformément aux orientations de ce plan qui vise à favoriser l’innovation et poursuivre la transformation pour renforcer la résilience de l’institution.

Parallèlement, la BCT a continué de consolider l’investissement dans son capital humain dans le but, entre autres, d’atteindre les objectifs stratégiques fixés. En 2023, un bon nombre du personnel a participé à des actions de formation internes ou externes, combinant sessions en ligne ou en présentiel, organisés par des institutions de renommée internationale. La Banque a, également, encouragé la participation à des programmes de formation diplômante. L’ampleur de ces initiatives reflète le degré d’engagement de la BCT pour le développement des compétences de ses employés.

Par ailleurs, la BCT, en guise de continuité des actions entreprises en matière d’adhésion de son personnel à la culture digitale, œuvrera pour l’adoption d’une politique d’Open Banking. Cette approche repose sur le réseautage et le dialogue constructif avec son écosystème, permettant ainsi de concilier entre l’innovation et la gestion des risques, tout en facilitant un partage transparent des données.

Dans le même esprit, la modernisation des infrastructures des marchés financiers, et plus spécifiquement des paiements digitaux, est une priorité majeure pour l’Institut d’émission. À cette fin, une stratégie multidimensionnelle a été élaborée pour faire des paiements digitaux un levier de la croissance inclusive.

Consciente des impacts négatifs de l’exclusion financière sur l’économie et sur certaines catégories de la société, notamment les femmes, les jeunes, les ruraux et les petites et moyennes entreprises, la BCT a contribué activement, en 2023, avec ses partenaires à la promotion de l’inclusion financière, levier certain du développement économique et social.

Dans ce cadre, la BCT a adopté une stratégie, alignée sur le développement des paiements digitaux, visant l’amélioration de l’accès aux services financiers formels, en particulier les paiements. Aussi, la Banque a contribué à la préparation d’un projet de loi qui vise, essentiellement, la lutte contre l’exclusion financière, notamment à travers l’accès aux services bancaires de base. De plus, un Programme National d’Education Financière (2023-2027) a été lancé, via des ressources numériques et des campagnes médiatiques et ce, à travers le développement d’une plateforme d’E-Learning de l’Observatoire de l’Inclusion Financière.

Par ailleurs, la BCT a facilité des collaborations entre les banques et les fintechs, permettant à de petits commerçants et artisans d’adopter des solutions de paiement digitaux, réduisant ainsi la dépendance au cash. Cette initiative inclut, également, des efforts ciblés pour intégrer les tunisiens résidant à l’étranger, leur offrant des services de transfert de fonds et de paiement de factures émises en Tunisie de manière instantanée, sécurisée et avec une tarification compétitive.

S’inscrivant toujours dans la logique de concrétisation de ses projets stratégiques, la BCT a intégré, en février 2024, le Système PAPSS, visant à faciliter les transactions commerciales intra-africaines. Par ailleurs, des jalons ont été concrétisés dans le projet d’extension d’Elyssa-RTGS aux opérations en devises, laquelle vise à améliorer la gestion des transactions en devises de la place, tant sur le plan de fluidité des transactions et optimisation de trésorerie que de gestion des risques .

Sur le plan international, l’année 2023 a été fructueuse pour la BCT, en termes de participation active à divers événements internationaux et régionaux. Outre la participation à des manifestations internationales et les échanges d’expériences avec ses partenaires, la BCT a notamment renforcé le dispositif de la coopération technique par la signature d’un mémorandum d’entente relatif à un projet pilote pour l’Afrique, ayant pour objectif le renforcement de la coopération bilatérale et le « Peer-learning » entre les banques centrales européennes et africaines.

Pour l’année 2024, l’économie mondiale devrait se montrer résiliente et se maintenir sur le même sentier de croissance, en dépit des obstacles liés aux délais de transmission des politiques monétaires restrictives, aux tensions géopolitiques qui ne cessent de s’amplifier et ce, outre l’impact accru du changement climatique. Néanmoins, cette résilience occulte de fortes disparités, dans la mesure où la vigueur de l’économie américaine et de grandes économies émergentes contraste avec les perspectives modestes pour la Zone Euro, principal partenaire commercial de la Tunisie, pouvant nuire ainsi aux performances de notre économie nationale.

A ce titre, il importe de signaler que pour l’année 2024, la résilience de l’économie tunisienne serait encore au rendez-vous et la croissance économique s’établirait autour de 1,6%, grâce à une meilleure saison agricole et au bon comportement de l’activité touristique, en dépit de la faiblesse des industries manufacturières exportatrices et de la contreperformance des secteurs des mines et des hydrocarbures.

Par ailleurs, même si l’inflation a montré des preuves de détente, depuis l’année dernière, l’incertitude pèse encore sur l’évolution future des prix et les risques de sa persistance sont encore réels, en relation, notamment, avec la remontée des prix internationaux sur fond de l’escalade des tensions géopolitiques, de l’aggravation du stress hydrique et de l’accentuation des pressions sur les finances publiques.

De son côté, la BCT, de par sa mission de veille à la stabilité des prix, demeurera attentive aux évolutions futures de l’environnement économique et financier, afin d’éviter une nouvelle dérive inflationniste. Dans ce cadre, il convient de souligner l’importance de maintenir une approche prudente et de faire preuve de beaucoup de patience dans la conduite de la politique monétaire, particulièrement face aux pressions inflationnistes incertaines. Cette démarche est indispensable pour éviter des réactions précipitées, en réponse aux fluctuations brusques des prix, qui pourraient même compromettre la stabilité financière. La BCT s’engage, ainsi, à adapter ses actions de manière mesurée et réfléchie, en tenant compte des impacts potentiels des chocs économiques. Cette conduite permettra de soutenir une

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croissance économique durable, tout en veillant à ce que les ajustements de politique monétaire soient bien calibrés et en phase avec les réalités économiques nationales et internationales.

Devant la persistance de ces défis, il est impératif de coordonner davantage les politiques budgétaire et monétaire pour renforcer la résilience de l’économie tunisienne, face aux chocs externes dans un environnement mondial turbulent, de préserver les équilibres macroéconomiques et d’assurer la stabilité financière et de stimuler la reprise économique et converger vers une croissance soutenue et durable.

Fethi Zouhair NOURI

Gouverneur

Gouvernance et Stratégie

25/06/2024

1- Composition du Conseil

Au terme de l’année 2023, la composition du Conseil d’Administration (CA) de la BCT se présente comme suit :

  • ✓ Mr. Marouane EL ABASSI : Gouverneur, président ;
  • ✓ Mme. Nadia AMARA GAMHA : Vice-Gouverneur ;
  • ✓ Mr. Salah ESSAYEL : Président du Conseil du Marché Financier ;
  • ✓ Mme. Kaouther BABIA : Chargée de la gestion de la dette publique au ministère chargé des finances ;
  • ✓ Mme. Raja BOULABIAR : Chargée des prévisions au Ministère chargé du développement économique ;
  • ✓ Mr. Ghazi BOULILA : Professeur universitaire ;
  • ✓ Mme. Fatma MERAI et Mr. Abdelmoumen SOUYAH : Membres ayant précédemment exercé des fonctions dans une banque.

2- Attributions

Conformément à l’article 63 de la loi n°2016-35 du 25 avril 2016, portant fixation du statut de la BCT, le Conseil d’Administration exerce principalement les attributions suivantes :

  • ✓ Définition de la stratégie et des politiques de la BCT dans les domaines de la politique monétaire et de la stabilité financière ;
  • ✓ Fixation des règles générales de placement des fonds propres de la BCT et de gestion des réserves de change en devises et en or et le suivi des modalités de leur application ;
  • ✓ Création, émission, retrait et échange des billets de banque et des pièces de monnaie ;
  • ✓ Fixation des taux d’intérêt et des commissions perçus sur les opérations de la Banque Centrale.

3- Activités

Au cours de l’année 2023, le CA de la BCT a tenu sept réunions statutaires sans modifier le taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie qui est resté inchangé à 8%. Dans ce cadre, les principales recommandations du CA aux cours de ces réunions se résument comme suit :

  • ✓ Le 1 février 2023 , le Conseil a souligné la nécessité d’urger la concrétisation des conditions préalables à la conclusion du nouveau programme avec le Fonds Monétaire International et d’accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires, permettant de corriger les déséquilibres budgétaire et extérieur.
  • ✓ Le 22 mars 2023 , tout en rassurant sur la résilience du secteur bancaire à la faveur des mesures préventives prises par la BCT en matière de couverture des risques et de distribution des dividendes durant les 3 dernières années, le Conseil a exhorté toutes les parties prenantes à émettre des signaux positifs forts permettant de rétablir la confiance et de conférer plus de visibilité aux opérateurs économiques.
  • Le Conseil a réitéré la nécessité de mobiliser les financements extérieurs nécessaires pour garantir les équilibres des finances publiques, renforcer le policy-mix et engager

Conseil d’Administration

les réformes structurelles destinées à maîtriser les déficits jumeaux et à redynamiser l’activité économique.

Le Conseil a insisté sur le fait qu’il demeurait attentif aux évolutions futures de l’inflation tout en se tenant prêt à prendre les mesures nécessaires pour ramener l’inflation à des niveaux soutenables.

  • ✓ Le 16 juin 2023 , le Conseil a pris connaissance de la récente dégradation de la note souveraine de la Tunisie effectuée le 9 juin 2023 par l’agence de notation Fitch Ratings et a mis en garde contre l’impact de cette nouvelle dégradation sur la capacité de la Tunisie à mobiliser des financements extérieurs avec des conditions acceptables et sur la fluidité des règlements avec l’extérieur.
  • ✓ Le 7 septembre 2023 , le Conseil a considéré que la persistance de l’inflation à des niveaux élevés, sur une période prolongée, est était une source de préoccupation et qu’il se tenait prêt à réagir en cas de matérialisation des risques inflationnistes au cours de la période à venir.
  • ✓ Le 18 octobre 2023 , le Conseil a souligné qu’en dépit de la résilience dont a fait preuve l’économie tunisienne ces dernières années, il serait nécessaire d’accélérer le processus de mise en place des réformes, seule voie vers une reprise d’une croissance saine, durable et inclusive capable de préserver les équilibres globaux de l’économie.
  • ✓ Le 11 décembre 2023 , le Conseil a pris note du maintien par l’agence Fitch Ratings de la notation souveraine de la Tunisie à «CCC-» et a souligné l’importance de poursuivre le train des réformes à un rythme encore plus accéléré pour renforcer davantage la confiance dans la capacité de la Tunisie à maîtriser ses équilibres macroéconomiques et à renouer avec la croissance.

Organisation et ressources humaines

26/06/2024

1- Le développement organisationnel

Dans le cadre de l’amélioration de la performance et de l’efficacité opérationnelle des structures, l’année 2023 a été marquée par l’achèvement de plusieurs projets organisationnels, en l’occurrence :

  • · La diffusion de la note de service concernant la Politique de Sécurité des Systèmes d’Information (PSSI) au sein de la BCT pour se conformer aux obligations légales et aux exigences de la norme internationale ISO 27001 relative au management de la sécurité de l’Information ;
  • · L’élaboration d’une étude d’opportunité de facturation des prestations de services rendues par la Banque aux tiers ;
  • · La conduite des travaux du comité chargé d’élaborer un diagnostic sur l’évolution des dépenses générales d’exploitation de la Banque et ce, dans le but d’identifier les leviers d’optimisation des coûts tout en préservant la qualité des services rendus.

Durant le deuxième semestre de l’année 2023 et faisant suite à la réorganisation des départements de la Banque, la structure chargée de l’Organisation et de la Gestion des Processus a contribué aux travaux relatifs à la déclinaison organisationnelle des structures à travers :

  • · La fixation des attributions des différentes entités de la Banque ;
  • · Le suivi des travaux de passation des compétences au sein des structures de la Banque, conformément aux procédures réglementaires en la matière ;
  • · Le pilotage des travaux d’adaptation organisationnelle, informatique et procédurale avec les structures concernées ;
  • · La revue de certains textes réglementaires en coordination avec le département juridique.

2- Ressources humaines et bilan social

25/06/2024

L’année 2023 a enregistré une légère baisse de l’effectif du personnel de la BCT qui est revenu, d’une année à l’autre, de 886 à 863. Ce repli s’explique, en partie, par l’effet conjugué des départs à la retraite de 41 agents, soit pour limite d’âge légal soit par anticipation, et la prise de fonction de 36 nouveaux cadres dont 19 d’entre eux recrutés par concours externes et 17 étudiants parrainés par la Banque et diplômés de l’Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe (IFID).

Par positions administratives, l’effectif global du personnel de la Banque est réparti entre 819 agents en activité, 11 agents en détachement et 34 agents en position de mise en disponibilité.

Par ailleurs, les 819 agents en activité sont répartis entre le siège social à Tunis qui compte 648 agents ou 79,1% de l’effectif actif et les onze succursales de l’intérieur pour le reliquat, soit 171 agents ou 20,9% du total.

2-1. Gestion et développement des carrières

2-1-1 Effectif

L’effectif du personnel de la Banque Centrale arrêté au 31/12/2023 est réparti par position comme suit :

Tableau 1 : Répartition du personnel de la Banque par position

CatégoriesNombrePart en %
Effectif en activité 819 94,9
dont :
• Agents titulaires 779
• Agents contractuels en CDD 0
• Agents détachés auprès de la Banque 4
• Agents stagiaires 36
Effectif en détachement 11 1,3
Effectif en disponibilité 33 3,8
Effectif Total 863 100,0

L’effectif total de la Banque comporte 352 femmes, portant ainsi la part de la gent féminine en activité dans le total à 43% en 2023 contre 41,9% en 2022.

Tableau 2 : Répartition du personnel par genre

EffectifPart en
Sexe20222023 %
Féminin 356 352 43,0
Masculin 494 467 57,0
Total 850 819 100,0

Ventilés par âge, la tranche des agents de 50 ans et plus représente 25,2% de l’effectif global en 2023 contre 27,8% une année auparavant ; alors que celle des agents âgés de moins de 35 ans est passée, durant le même intervalle, de 30,2% à 30,5% et ce, à la faveur de la tranche d’âge variant entre 35 et 49 ans dont la part est passée de 42% en 2022 à 44,3% l’année suivante.

Graphique 1 : Répartition du personnel par âge
Tableau 3 : Répartition de l’effectif de la BCT par grade

ClasseEffectifPart en %
Encadrement Supérieur 318 38,8
Encadrement Moyen 271 33,1
Cadre Commun 230 28,1
Total 819 100,0

Le nombre des cadres de la Banque dotés de postes fonctionnels totalise 372 en 2023 ; soit un taux de responsabilisation de 45,4% par rapport à l’ensemble de l’effectif de la Banque contre 337 et 39,6%, respectivement, l’année écoulée.

2-1-2 Recrutement et mobilité

a) Recrutement

Au cours de l’année 2023, la Banque a recruté dix-sept (17) étudiants de l’IFID et a parrainé dix (10) nouveaux étudiants auprès de cette même institution qui prendront leur fonction en 2025. Par ailleurs, la Banque a recruté par voie de concours externes sur dossiers dix-neuf (19) cadres.

b) Mobilité

Dans le cadre de sa politique de mobilité, la Banque a donné une suite favorable à vingt-six (26) demandes de mutation en 2023 dont dix-sept (17) inter-départements de la Banque et deux (02) s’inscrivant dans le cadre de la mobilité entre le siège et les succursales de l’intérieur.

2-1-3 Activité de formation

Au titre de l’année sous-revue, 30% du personnel de la Banque ont participé à des actions de formation réparties comme suit : 34,6% pour la formation en intra-Banque, 47,2% pour les

formations hybrides en ligne et en présentiel organisées par des organismes étrangers, 14,2% pour la formation diplômante et 4% pour la formation en Tunisie.

2-1-3-1 Formation spécialisée

✓ Formations en ligne et en présentiel organisées par des organismes étrangers

Cette catégorie de formation a enregistré une augmentation de l’ordre de 57% par rapport à l’année 2022, ce qui reflète un intérêt notable à suivre des formations en ligne même après la phase de la pandémie COVID-19. Ainsi, cent-deux (102) agents de la Banque ont participé à des formations en ligne (payantes et gratuites) organisées par des Banques Centrales étrangères, des Institutions financières internationales ainsi que des Universités de renommée internationale et ce, sous diverses formes (Webinaires, panels d’experts, ateliers de travail, cours certifiants, etc.).

Il en est de même pour la formation présentielle à l’étranger qui a évolué par rapport à l’année 2022 où quatorze (14) agents de la Banque ont participé à ce type de formation en 2023. Nonobstant cet accroissement, la formation à l’étranger n’a pas encore retrouvé son rythme habituel de l’avant COVID-19 et ce, pour une multiplicité de facteurs dont notamment l’enracinement de la culture de formation virtuelle et le retour partiel des partenaires de la Banque vers l’organisation des formations présentielles.

✓ Formation en Tunisie

Une quasi-stabilité a caractérisé le nombre de participants relatifs à la formation en Tunisie où dix (10) agents de la Banque ont participé en 2023 contre onze (11) en 2022. Il sied de noter que ces actions de formation sont organisées par des cabinets de formation et par des organisations internationales ayant une représentation en Tunisie.

✓ Formation en intra-Banque

Quatre-vingt-cinq (85) agents de la Banque ont participé à des formations organisées en intraBanque qui se sont limitées cette année à la poursuite de l’enseignement de langues vivantes à savoir l’anglais et le français s’inscrivant dans le cadre du développement des compétences et de la consolidation des acquis linguistiques.

2-1-3-2 Formation diplômante

✓ Formation de l’Académie des Banques et Finances (ABF)

Cinq (05) agents de la Banque ont été inscrits au cycle préparatoire et quatorze (14) agents ont été inscrits au cycle moyen de l’ABF. Pour ce qui est de la première année et la deuxième année du cycle de l’Institut Technique de Banque (ITB), treize (13) agents y ont été inscrits.

Le nombre total des inscrits à cette formation bancaire demeure dans le même niveau (32 agents inscrits en 2023 contre 34 en 2022). Etant précisé également que cette année a enregistré le retour vers la formation du cycle préparatoire.

✓ Mastère

Trois (03) agents de la Banque ont été inscrits à la formation à visée diplômante intitulée « Mastère exécutif en Audit et Conseil des Systèmes d’Information » organisé par Tunis Dauphine.

✓ Formation de l’Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe (IFID)

Neuf (09) étudiants parrainés par la Banque au titre de la 42 ème promotion de l’IFID ont été inscrits en première année d’étude et, également, neuf (09) étudiants de la 41 ème promotion poursuivent leurs études en deuxième année.

2-1-3-3 Projets éducationnels

✓ Stages

Dans le cadre de la concrétisation de la nouvelle démarche de gestion automatisée des stages, la Banque a accepté, en 2023, quarante (40) stagiaires dont la quasi-majorité sont en phase de préparation de projets de fin d’études (PFE).

✓ Visites d’études

Dans le cadre de l’éducation financière et la diffusion de la culture économique, la Banque a organisé treize (13) visites d’études au profit des établissements scolaires et universitaires.

2-2. Politique de rémunération

La masse salariale du personnel de la Banque a augmenté de 4%, le même taux qu’en 2022, suite aux deux augmentations légales des salaires pour les années 2022 et 2023, appliquées simultanément durant l’année sous-revue, ainsi qu’aux promotions en grade et en fonction.

2-3. Politique sociale

2-3-1 Les prêts sociaux

Les déblocages des prêts se sont accrus, à fin décembre 2023, de 1,8 MDT soit 13% contre une évolution quasi-stable des remboursements des prêts durant le même exercice.

2-3-2 Retraite

L’année 2023 a été marquée par le départ à la retraite de 41 agents dont 28 par limite d’âge et 13 admis à la retraite anticipée.

2-3-3 Prestations d’assurance et couverture sociale

2-3-3-1 Médecine curative

La couverture d’assurance maladie a concerné, en 2023, près de 1.996 agents contre 2.012 agents une année auparavant. Les remboursements y afférents se sont inscrits en progression de 9,9% en 2023 contre 7% l’année écoulée.

2-3-3-2 Médecine préventive et assistance sociale

Dans le cadre de l’assistance médicale préventive pour le bien-être de son personnel, tant au niveau de son siège que dans ses succursales de l’intérieur, la Banque a réalisé, durant l’année 2023, avec l’assistance de l’équipe médicale, qui compte deux médecins contractuels (un interniste et un cardiologue) et une psychothérapeute, une infirmière et trois laboratoires conventionnés, les prestations médicales suivantes :

Tableau 4 : Prestations médicales

DésignationNombre d’agents
Analyses 553
Visites médicales 448
Electrocardiogrammes 263
Vaccins 161

Sur le plan de l’assistance médicale, la Banque a, également, organisé des campagnes de vaccination contre la grippe, des journées de sensibilisation à la maladie de diabète, l’hypertension artérielle, le rhumatisme ainsi qu’au don du sang.

S’agissant du volet de la sécurité alimentaire, des visites inopinées dans les locaux de la cuisine et du restaurant de l’Amicale du personnel de la Banque, ainsi que des programmes de dépistages bactériologiques ont été assurés par des laboratoires spécialisés au cours de l’année 2023.

Coopération internationale

25/06/2024

La coopération internationale a été marquée, au cours de l’année 2023, par une participation active de la BCT aux événements internationaux et régionaux ainsi que par l’organisation d’événements de haut niveau en Tunisie.

Le dispositif de la coopération technique a été, également, renforcé par la signature d’un Mémorandum d’Entente relatif au Projet Pilote pour l’Afrique, ayant pour objectif le renforcement de la coopération bilatérale et le « Peer-learning » entre les Banques Centrales Européennes et Africaines.

Coopération monétaire avec le Fonds Monétaire Arabe

Dans le cadre de la coopération financière avec le Fonds Monétaire Arabe, concernant notamment le prêt ordinaire conclu en novembre 2022, une deuxième tranche a été décaissée en octobre 2023, portant sur une enveloppe de 4,8 millions de dinars comptables arabes, soit l’équivalent de 20 millions de dollars US.

Coopération technique avec les banques centrales et les autres partenaires

En 2023, la Banque Centrale de Tunisie a poursuivi sa collaboration avec ses pairs et a renforcé les échanges avec ses partenaires techniques afin d’assurer le partage de compétences, d’instituer les meilleures pratiques et de développer ses capacités.

Coopération bilatérale avec les banques centrales

L’année 2023 a été marquée par le renforcement des échanges bilatéraux à travers les visites d’étude et les rencontres virtuelles organisées avec les banques centrales partenaires, à l’instar de la Banque d’Espagne, la Banque du Portugal, la Banque de Maurice, la Banque Nationale d’Ukraine et la Banque Centrale de Mauritanie.

De surcroit, la BCT a adhéré, suite à la signature, en décembre 2023, du Mémorandum d’Entente, du Projet Pilote pour l’Afrique « Strengthening financial stability, resilience and governance – Towards an enhanced ESCB dialogue with Africa », ayant pour objectif le renforcement de la coopération bilatérale et le « Peer-learning » avec les Banques Centrales Européennes et Africaines.

Coopération avec les principaux partenaires techniques de la BCT

La BCT a bénéficié, en 2023, de l’assistance technique fournie par ses principaux partenaires , à l’instar de l’Agence de Développement Allemande (GIZ), le Secrétariat d’Etat à l’Economie Suisse (SECO (BCC)), la Banque Mondiale (BM), l’International Financial Corporation (IFC) et le Fonds Monétaire International (FMI) sur des thèmes en lien, principalement, avec la recherche, la politique monétaire, la résolution des prêts non performants, la digitalisation, l’inclusion financière et la finance verte.

Participation et représentation de la BCT aux manifestations à l’étranger

En 2023, la Banque a participé à diverses manifestations et rencontres internationales d’envergure, dont notamment :

  • ▪ Le « Septième Forum arabe des finances publiques » qui s’est tenu le 12 février 2023, dans le cadre du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï , aux Émirats Arabes Unis ;
  • ▪ Les Réunions de Printemps du Fonds Monétaire International (FMI) et du Groupe de la Banque Mondiale (BM), organisées du 10 au 16 avril 2023 à Washington ;
  • ▪ Les assemblées annuelles conjointes des institutions financières arabes, organisées à Rabat les 29 et 30 avril 2023 ;
  • ▪ La réunion du bureau permanent du Conseil des banques centrales et institutions monétaires arabes qui s’est tenue à Abu Dhabi, Émirats arabes unis, le 5 juin 2023 ;
  • ▪ La table ronde de haut niveau sur les monnaies numériques de banques centrales sous le thème : « Le rôle du secteur public dans les paiements – une nouvelle vision », conjointement organisée par le Fonds monétaire international (FMI) et Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat, le 19 juin 2023 ;
  • ▪ Le Global Policy Forum (GPF) qui a été co-organisé par l’Alliance for Financial Inclusion (AFI) et la Banque Centrale des Philippines du 12 au 15 septembre 2023 à Manille, aux Philippines ;
  • ▪ La 47ème session ordinaire du Conseil des gouverneurs des banques centrales et Institutions monétaires arabes, ainsi que la table ronde de haut niveau portant sur le thème « Les défis actuels auxquels sont confrontés les Banques Centrales : l’interaction des politiques monétaires et financières » qui ont été, respectivement, organisées le 17 et le 18 septembre 2023, à Alger ;
  • ▪ Les assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale organisées à Marrakech du 8 au 16 octobre 2023, au Maroc ;
  • ▪ La 18 ème réunion de haut niveau sur la stabilité financière et les priorités en matière de réglementation et de surveillance, organisée par le Fonds monétaire arabe (FMA) en collaboration avec le Comité de Bâle et l’Institut de Stabilité Financière, à Abu Dhabi, les 6 et 7 décembre 2023.

Evènements organisés par la BCT

En 2023, la BCT a organisé :

  • ▪ Un Workshop de haut niveau sur le thème « Key Challenges in Reimbursing Depositors » avec la collaboration du Fonds de Garantie des Dépôts Bancaires, les 8 et 9 mai 2023 à Tunis ;
  • ▪ Une Conférence de haut niveau portant sur le thème « le financement de logements abordables pour les catégories à faibles revenus : défis et politiques », en collaboration avec le Fonds Monétaire Arabe, les 21 et 22 juin 2023 à Tunis.

Deuxième Plan Stratégique de la BCT : vers une maturité plus accrue en termes de réalisation des orientations stratégiques

26/06/2024

Faisant suite au lancement officiel du plan triennal 2023-2025, l’année 2023 a été marquée par le déclenchement de la planification stratégique impulsé par l’effet de la réorganisation de la Banque et la nécessité d’une adéquation organisationnelle qualifiée d’alignement stratégique.

Cet exercice a abouti à la définition d’un portefeuille de projets stratégiques découlant de la déclinaison du plan en orientations et objectifs stratégiques. Dans ce cadre, les efforts se sont focalisés sur trois axes majeurs ; en l’occurrence (1) l’accompagnement des travaux d’élaboration des fiches de projets stratégiques, (2) l’adoption d’un nouveau mode de gouvernance du portefeuille de projets stratégiques et (3) la formation des chefs de projets stratégiques.

1Accompagnement des travaux d’élaboration des fiches de projets stratégiques

Cette première phase a été caractérisée par l’organisation d’une série de workshops de cadrage avec les parties prenantes (sponsor programme, bénéficiaire et chef de projet) et a été couronnée par la déclinaison des éléments constitutifs des projets stratégiques 1 sous forme de fiches offrant une vision globale et concise pour mieux cerner la pertinence des besoins, la faisabilité des activités et la valeur ajoutée post-projet . 2

La fin de cette phase a été traduite par la publication d’une note d’information communiquant la liste des projets retenus et la désignation des chefs de projets stratégiques.

1 Des initiatives s’alignant avec les objectifs définis dans le plan stratégique de la Banque sont proposées par les départements. En se basant sur les bénéfices escomptés et les contraintes identifiées, le Gouvernement de la Banque décide de retenir les initiatives les plus alignées sur les priorités stratégiques de la Banque comme étant des projets stratégiques.

2 Chaque fiche permet de décrire l’objet du projet, les objectifs, le périmètre proposé, les livrables majeurs attendus, les prérequis nécessaires à sa mise en œuvre ainsi qu’une macro-estimation du budget et des délais préliminaires de réalisation.

Graphique 1 :

en 2023 Travaux de cadrage et d’accompagnement des projets stratégiques

2- Adoption d’un nouveau mode de gouvernance 1 du portefeuille de projets stratégiques

Partant d’un souci d’amélioration du pilotage des projets stratégiques pour prendre en considération l’évolution organisationnelle opérée, la revue du schéma de gouvernance des projets stratégiques s’est rendue incontestable pour les considérations suivantes :

  • ❖ La nécessité de formalisation d’un cadre de gouvernance définissant le rôle, les responsabilités et le champ d’intervention de chaque partie prenante. A cet effet, trois comités sont distingués, chacun avec des compositions et des responsabilités sous-jacentes, jouant un rôle de pilotage ou de management spécifiques :
  • ▪ Le comité de pilotage stratégique,
  • ▪ Le comité de programme , 2
  • ▪ Le comité de projet.
  • ❖ L’importance d’une meilleure prise en considération de la complexité de la gestion des priorités opérationnelles.
  • ❖ Le renforcement du rôle de l’équipe PMO pour évoluer d’un PMO facilitateur / Central vers un PMO stratégique.

1 Selon la définition du Project Mangement Institute (PMI), la gouvernance désigne les dispositions organisationnelles ou structurelles à tous les niveaux d’une organisation visant à déterminer et à influencer le comportement de ses membres.

2 Un programme est un ensemble de projets stratégiques appartenant au même domaine.

Le PMO : un acteur clé dans la réussite des projets

L’organisation d’un PMO (Projet Management Office) peut varier en fonction de la taille, de la structure et des besoins de l’organisation. Pour la BCT, la structure chargée de la gestion du portefeuille des projets stratégiques est de type PMO d’entreprise.

Dans ce modèle, le PMO est responsable de la gestion de projet à l’échelle de toute la Banque. Il assure la cohérence, la standardisation et l’alignement des projets avec les objectifs stratégiques de l’organisation.

Quel que soit le modèle d’organisation choisi, le PMO doit avoir une structure claire, des rôles et des responsabilités définis, ainsi que des processus et des normes de gestion de projet établis. Il doit également avoir une bonne coordination avec les parties prenantes internes et une communication efficace pour assurer le succès des projets. Le rôle d’un PMO peut varier en fonction de l’organisation, mais il comprend généralement les responsabilités suivantes :

  • 1. Gestion de portefeuille, programmes et projets : Le PMO est responsable de la gestion des projets pour s’assurer qu’ils sont réalisés dans les délais, respectent le budget et atteignent les objectifs fixés.
  • 2. Standardisation des processus : Le PMO établit des normes et des processus de gestion de projets pour assurer la cohérence et l’efficacité. Il définit les bonnes pratiques, les modèles et les outils pour que les projets soient gérés de manière uniforme dans toute la Banque.
  • 3. Gestion optimale des ressources : Le PMO contribue à la bonne allocation des ressources pour bien mener les projets. Cela inclut l’allocation des ressources humaines, financières et matérielles, en veillant à ce qu’elles soient utilisées conformément aux priorités stratégiques.
  • 4. Suivi et contrôle : Le PMO surveille continuellement les projets pour s’assurer qu’ils progressent conformément aux plans établis. Il identifie les problèmes potentiels, les risques et les obstacles et met en place des mesures pour les résoudre ou les atténuer.
  • 5. Reporting et communication : Le PMO fournit des rapports réguliers sur l’avancement des projets. Il facilite également la communication entre les équipes de projet, les parties prenantes et la direction, en s’assurant que toutes les informations pertinentes sont partagées de manière à améliorer significativement le processus de prise de décision.
  • 6. Accompagnement et soutien : Le PMO peut offrir une formation et un soutien aux membres de l’équipe de projet pour renforcer leurs compétences en gestion de projet. Il peut également fournir les conseils et recommandations au top management.

3- Formation des chefs de projets stratégiques

Dans le cadre de la vulgarisation du processus de management de projets stratégiques, une action de formation a été organisée au cours du mois de novembre 2023 au profit des chefs de projets stratégiques et ce, en coordination avec le département chargé des ressources humaines et de la formation.

Les chefs de projets ont bénéficié d’une formation (établie selon le référentiel de PMI) portant sur les divers aspects liés au management de projets stratégiques, au nouveau mode de gouvernance adopté ainsi qu’un aperçu sur les normes et les standards appliqués dans ce domaine. Ainsi, le focus a été mis sur les phases du cycle de vie d’un projet stratégique englobant la charte projet, le découpage du périmètre, l’échéancier, la communication, le traitement des risques et la gestion des parties prenantes.

Initiatives de la BCT pour la promotion de l’innovation financière en Tunisie

26/06/2024

Dans le cadre de la promotion de l’innovation, l’année 2023 a été marquée, principalement, par le lancement du projet stratégique visant la « mise en place d’un dispositif de management d’innovation de la BCT » conformément à la deuxième orientation du plan stratégique 2023-2025 qui vise à « favoriser l’innovation et poursuivre la transformation pour renforcer la résilience ».

L’objectif de ce projet stratégique étant de « consolider le rôle de la Banque Centrale comme acteur de premier plan dans l’accompagnement des innovations technologiques et financières » par la mise en œuvre des mécanismes d’innovation orientés, à la fois, vers l’écosystème bancaire et l’interne à travers des outils d’idéation innovants pour appréhender le changement et disposer d’un système de veille technologique.

Outre les actions entreprises en matière d’adhésion de son personnel à la culture digitale, la BCT œuvrera pour l’adoption d’une politique d’open Banking, basée sur le réseautage et le dialogue avec son écosystème, permettant de concilier l’ouverture à l’écosystème d’innovation, d’une part, et la facilitation du partage transparent des données, d’autre part.

Audit interne, management des risques et conformité

25/06/2024

1- Audit interne

L’activité de l’audit interne est régie par un cadre de gouvernance composé par la charte de l’audit interne , la charte du comité permanent d’audit et le code de déontologie des auditeurs 1 2 internes de la Banque centrale de Tunisie (BCT) . L’audit interne veille à se conformer en 3 permanence aux normes internationales en vigueur, qui sont reflétés au niveau de son manuel de procédures.

L’audit interne rempli la mission qui lui incombe en donnant aux instances de gouvernance de la BCT, une assurance raisonnable, en toute indépendance, sur l’efficacité du dispositif de contrôle interne de la Banque.

La réorganisation récente de la Banque a renforcé l’indépendance de l’audit interne en séparant son activité de celle des différentes structures opérationnelles.

L’activité de l’audit interne, au titre de l’exercice 2023, a été marquée par la poursuite de la réalisation des missions programmées dans le cadre du plan d’audit annuel, arrêté au titre dudit exercice, tout en engageant des missions ad hoc diligentées ponctuellement par le Gouvernement de la Banque, en réponse à des incidents opérationnels spécifiques.

Parallèlement, l’audit interne a assuré le suivi de la mise en œuvre des recommandations issues des missions d’audit internes et externes ainsi que la surveillance rapprochée de la pertinence des plans d’action arrêtés par les structures auditées. Trimestriellement, le Gouvernement de la Banque a été informé de l’état d’avancement de la réalisation des recommandations, invitant ainsi les différents départements à concrétiser leurs plans d’action.

Dans le cadre de la digitalisation du processus de suivi, une étroite collaboration a été mise en place avec les structures auditées. A cet effet, ces dernières disposent, désormais, d’un accès direct à la solution de l’audit interne afin d’effectuer la mise à jour des actions de remédiation effectuées. L’accroissement du taux de mise en œuvre des recommandations, illustre la dynamique créée par cette approche.

L’audit interne assure, également, la coordination entre les départements de la BCT et les équipes des cabinets des Commissaires aux Comptes de la BCT.

Les réunions du comité permanent d’audit ont été une occasion pour aborder des questions importantes ayant trait au suivi de la pertinence des informations financières, à l’examen du programme de travail des Commissaires aux Comptes et leur périmètre de la vérification financière légale prévus dans le cadre de la certification des comptes, aux résultats des missions d’audit interne et au suivi des avancements réalisés dans la mise en œuvre des recommandations visant le renforcement du système de contrôle interne de la BCT.

En outre, les recommandations des membres du comité permanent d’audit portant sur l’amélioration du fonctionnement de la structure de l’audit interne et sur l’élargissement de son périmètre d’intervention ont été, à la fois, intégrées au niveau du budget annuel de l’audit interne et pris en compte à l’occasion de l’élaboration du plan annuel de l’audit.

1 Approuvée par le CA du 26 juin 2013 et révisée en février 2016.

2 Approuvée par le CA du 27 février 2013 et révisée en février 2016.

3 Approuvé par le CA du 26 juin 2013.

Aussi, le département de l’audit interne est tenu de faire évoluer son activité afin de s’aligner aux pratiques édictées par le Cadre de Référence International des Pratiques Professionnelles (CRIPP). Ce défi passe inévitablement par le développement des compétences de son personnel et le renforcement continu de leur niveau d’expertise, dans l’objectif de former des équipes plus autonomes et performantes.

Dans ce cadre, un cycle de formation dédié à la préparation à la certification en audit interne (CIA) a été organisé au profit des auditeurs, au cours de l’année 2023, visant à améliorer leur maîtrise des techniques de l’audit.

2- Management des risques

26/06/2024

L’année 2023 a été marquée par une dynamique dans le processus de management des risques à la suite des avancées significatives dans la mise en œuvre de la nouvelle vision de la fonction de management des risques au sein de la Banque.

Cette dynamique s’est concrétisée par le lancement de trois projets stratégiques visant à renforcer les dispositifs de management des risques, de contrôle permanent et de la sécurité des systèmes d’information pour la période 2023-2025. Ceci est réalisé conformément aux objectifs fixés dans le plan stratégique de la Banque et la réorganisation des fonctions de management des risques, de contrôle permanent et de la conformité, en juillet 2023, dans le cadre de la transformation organisationnelle de la Banque, selon le modèle des trois lignes de défense, et pour s’aligner aux référentiels internationaux et aux bonnes pratiques dans les Banques Centrales.

L’année 2023 a été également marquée par l’achèvement de la cartographie des risques opérationnels de toute la Banque, selon l’approche mixte qui combine les deux approches TopDown et Bottom-up, ce qui a permis d’identifier les risques d’une manière exhaustive aussi bien auprès des premiers responsables qu’auprès des gestionnaires des risques pour approfondir l’analyse des risques par processus.

La déclaration des incidents, la mise en place d’une base des incidents opérationnels et leur reporting aux structures de gouvernance demeurent l’outil le plus efficace de développement de la culture de déclaration, permettant de piloter les risques qui se concrétisent lors de l’exécution des missions de la Banque.

Par ailleurs, dans l’objectif de renforcer l’implémentation du processus de management et la culture des risques au sein de la Banque, un plan de communication et de sensibilisation a été élaboré et deux actions de sensibilisation des premiers responsables ont été menées, ayant porté sur le management des risques et la protection des données à caractère personnel. Aussi, une simulation de gestion de crise a été organisée en la présence des premiers responsables et du Gouvernement de la Banque comme premier test du Plan de Continuité d’Activité.

Ces progrès seront poursuivis en 2024 par la mise en place des dispositifs de management des risques et de contrôle permanent efficaces à travers l’avancement dans la réalisation des projets stratégiques ainsi que le renforcement des compétences et des ressources humaines au sein de la fonction de management des risques.

3- Conformité

26/06/2024

  • À la suite de la restructuration organisationnelle de la Banque en 2023, la fonction de conformité a été rattachée à la structure de management des risques pour s’aligner aux bonnes pratiques des Banques Centrales.

Les principales activités menées en 2023 se sont articulées autour des quatre principaux axes :

  • ❖ Le premier concerne l’identification, l’évaluation et le suivi des problèmes liés aux risques de non-conformité. Conformément aux normes et aux règlementations en vigueur en matière de gestion des risques de non-conformité, la structure chargée de la conformité a traité des

cas transmis par les départements de la Banque dans le cadre du signalement des pratiques jugées non-conformes aux dispositifs de la déontologie et des déclarations de soupçon telles que prévues par les dispositifs de LAB/FT . 1

  • ❖ Le deuxième se rapporte au rôle de la fonction de la conformité dans le conseil en matière des règles éthiques prévues par le code déontologique. Dans le cadre du suivi et de veille à la bonne application des règles et principes prévus par ledit code, la structure chargée de la conformité a assuré aux départements de la Banque des consultations et des renseignements portant sur des questions et des problèmes liés aux règles éthiques, telles que prévues par le code déontologique, notamment en matière de conflit d’intérêts. Ce rôle a pour finalité de promouvoir un comportement éthique et conforme aux lois et normes professionnelles ;
  • ❖ Quant au troisième, il se réfère à la protection des données à caractère personnel. Faisant suite aux travaux d’évaluation du dispositif de traitement et de protection des données à caractère personnel en 2022 et dans l’objectif de combler les insuffisances détectées et d’améliorer la conformité de la Banque en la matière, un projet de mise en place d’un plan d’actions administré par un délégué de protection des données a été mené et sera exécuté à partir de 2024. Dans le même contexte, ladite structure a organisé des actions de sensibilisation pour diffuser la culture de protection des données à caractère personnel et favoriser le sens d’engagement en la matière au sein de la Banque ;
  • ❖ Le dernier concerne la fonction d’accès à l’information. A la suite de la restructuration organisationnelle de la Banque, la structure chargée de la Conformité a assuré l’exécution des tâches qui relèvent de cette fonction et ce, par la nomination en premier lieu d’un nouveau chargé d’accès à l’information et son suppléant qui seraient responsables par la suite de la réception, l’évaluation et le traitement des demandes d’accès dont leur nombre en 2023 s’est élevé à 37 demandes.

Outre le traitement desdits dossiers, des projets de mise en place des procédures de gestion des demandes d’accès et de création d’une commission consultative chargée d’accès ont été lancés.

1 LAB/FT : Lutte Anti-Blanchiment d’Argent / Financement du Terrorisme.

I- Situation économique, monétaire et financière

Chapitre 1 – Environnement économique international

15/08/2024

1-1. Conjoncture Economique Internationale

L’ économie mondiale , qui endure depuis trois ans les répercussions d’une succession de chocs, notamment la pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine, a continué de ralentir en 2023, principalement sous les effets, de plus en plus tangibles, du resserrement rapide et généralisé de la politique monétaire sur l’économie réelle, suite à la hausse des taux d’intérêt de la plupart des banques centrales depuis le printemps de 2022 afin de juguler la forte reprise de l’inflation. Elle a pâti, de surcroît, de la dégradation de la confiance des entreprises et des ménages, de l’impact du changement climatique et des tensions géopolitiques qui se creusent, notamment avec le déclenchement du conflit au Moyen-Orient.

Dans ce contexte, la croissance mondiale est revenue à 3,2% en 2023 contre 3,5% l’année précédente, en deçà de la moyenne annuelle historique de 3,8% enregistrée sur la période 2000-2019.

Cette décélération de la croissance cache des disparités entre les pays et les régions. En effet, la forte résilience de l’économie américaine a contrasté avec la stagnation en Europe et le ralentissement de la reprise économique anticipée en Chine, en relation avec une crise sans précédent dans l’immobilier et ce, contrairement aux autres grandes économies émergentes qui ont continué à enregistrer des niveaux de croissance proches de ceux observés avant la pandémie. Pour les pays à revenus faible et moyen, ils ont connu des taux de croissance faibles en raison des effets négatifs d’un accès de plus en plus difficile au financement de marché et d’un espace budgétaire très limité.

L’analyse sectorielle de la croissance indique que le ralentissement a été manifeste dans le secteur manufacturier, plus sensible aux taux d’intérêt, que dans le secteur des services, notamment pour les économies dont la contribution des secteurs de tourisme et de voyages est relativement importante.

Corrélativement, l’évolution des échanges internationaux de biens et services a connu un fort ralentissement en 2023, soit 0,3% contre 5,6% un an plus tôt, pénalisée par la trajectoire baissière de la demande mondiale, parallèlement à la décélération de l’activité manufacturière mondiale et des investissements, considérablement touchés par la hausse des taux d’intérêt ainsi que par l’augmentation des obstacles au commerce et des chocs géopolitiques.

Cependant, en dépit de la dégradation de la conjoncture économique, le marché de travail mondial a fait preuve d’une forte résilience en 2023 ; le taux de chômage mondial ayant perdu 0,2 point de pourcentage pour revenir à 5,1%. Une grande partie de cette résilience est attribuée aux pays avancés grâce aux fortes créations d’emplois, ramenant les taux de chômage à des niveaux proches de leurs planchers historiques, en rapport avec la vigueur de la reprise économique post-Covid, ayant succédé à une récession inédite.

En ce qui concerne les marchés financiers internationaux , les indices des principales bourses mondiales ont clôturé l’année 2023 en forte hausse, soutenus par la dissipation des inquiétudes quant à une récession économique mondiale, grâce, notamment, à la résilience de l’économie américaine ainsi que par les anticipations des baisses des taux, suite à l’atténuation de

l’inflation, après avoir atteint son plus haut niveau en 2022. Dans ce contexte, les indices américains Dow Jones et Nasdaq ont augmenté de 13,7% et 43,4%, respectivement. De même, l’indice français CAC40 a connu une progression de 16,5% et l’indice japonais Nikkei de 28,2%.

Sur les marchés des changes internationaux , et après deux années consécutives de hausse, le dollar américain a terminé l’année 2023 sur une perte face aux principales devises, notamment l’euro (-3,2%), sous l’effet de l’attente des investisseurs d’une réduction des taux d’intérêt de la Fed en réponse à la détente de l’inflation. Ainsi, la parité euro/dollar a clôturé l’année à 1,104 dollar contre 1,070 dollar un an plus tôt.

Graphique 1-1 : Evolution de certains indicateurs de la conjoncture internationale

1-1-1 Activité économique

L’activité économique mondiale a été entravée, au cours de l’année 2023, par la poursuite des cycles de resserrement monétaire adoptés par la majorité des banques centrales depuis l’année 2022, à l’issu de la guerre en Ukraine, dans le but de juguler l’inflation qui demeure à des niveaux supérieurs aux cibles, pénalisant, ainsi, la demande mondiale et l’investissement, outre l’impact du changement climatique et l’intensification des tensions géopolitiques.

De ce fait, la croissance économique mondiale a ralenti, en 2023, pour la deuxième année consécutive, revenant à 3,2% contre 3,5% un an plus tôt. Faut-il encore noter que l’économie mondiale a été soutenue, en grande partie, par la résilience plus forte que prévu de certaines grandes économies, particulièrement les Etats-Unis et la Chine.

Dans ce contexte, le taux de croissance des pays avancés a connu un net ralentissement pour se limiter à 1,6% en 2023 contre 2,6% une année auparavant et ce, à l’exception notable des EtatsUnis. En fait, l’économie américaine s’est montrée fortement résiliente, réalisant même une croissance plus vigoureuse qu’en 2022, soit 2,5% contre 1,9%, en dépit de la politique monétaire restrictive adoptée par la Fed. Cette performance a été portée par la vigueur de la consommation des ménages, dont les revenus ont été soutenus par la faiblesse du chômage et l’augmentation des salaires ainsi que par l’épargne accumulée pendant la pandémie et la hausse des prix des actifs. Également, l’augmentation des exportations et l’accroissement des investissements fixes non résidentiels et des dépenses du gouvernement fédéral et des gouvernements locaux ont contribué à ce rebond.

En revanche, l’activité dans la Zone Euro a été morose, en 2023. C’est que le PIB réel de la région n’a augmenté que de 0,4% contre 3,4% l’an passé, sous l’effet de la contraction des crédits à l’investissement et à la consommation, suite à la hausse des taux d’intérêt de la BCE, en plus du repli des exportations induit par le ralentissement de la demande mondiale. Toutefois, cette moyenne cache une disparité significative entre les principales économies de la zone. En effet, l’activité a ralenti en France (0,9% contre 2,5% en 2022), en Italie (0,9% contre 4%) et en Espagne (2,5% contre 5,8%), tandis qu’elle s’est repliée en Allemagne (-0,3% contre 1,8%), en relation avec la dégradation de la production industrielle, principalement dans l’industrie automobile qui souffre des coûts élevés de l’énergie et des difficultés à l’export.

Tableau 1-1 : Evolution de certains indicateurs économiques dans le monde

DésignationCroissance économique (en termes réels et en %)Chômage (en %dela population active)
202220232024 1202220232024 1
MONDE 3,5 3,2 3,2 5,3 5,1 5,2
Pays développés 2,6 1,6 1,7 4,5 4,4 4,6
dont :
-Etats-Unis 1,9 2,5 2,7 3,6 3,6 4,0
-Japon 1,0 1,9 0,9 2,6 2,6 2,5
-Royaume-Uni 4,3 0,1 0,5 3,7 4,0 4,2
-Zone Euro 3,4 0,4 0,8 6,7 6,5 6,6
dont :
-Allemagne 1,8 -0,3 0,2 3,1 3,0 3,3
-France 2,5 0,9 0,7 7,3 7,4 7,4
-Italie 4,0 0,9 0,7 8,1 7,7 7,8
Pays émergents et en développement 4,1 4,3 4,2 .. .. ..
dont :
-Chine 3,0 5,2 4,6 5,5 5,2 5,1
-Russie -1,2 3,6 3,2 3,9 3,2 3,1
-Inde 7,2 7,8 6,8 .. .. ..
-Brésil 3,0 2,9 2,2 9,3 8,0 8,0
-Maroc 1,3 3,0 3,1 11,8 13,0 12,0
-Tunisie 2,8 0,2 1,6 15,2 16,4 ..

1 Prévisions.

Sources : Perspectives économiques mondiales du FMI (Avril 2024), Ministère de l’Economie et de la Planification et INS.

En ce qui concerne les économies émergentes et en développement , le taux de croissance s’est inscrit en hausse pour s’établir à 4,3% contre 4,1% un an plus tôt. Cette moyenne occulte des divergences entre les pays, expliquées par des niveaux d’inflation et des durcissements monétaires, dont l’ampleur varie d’un pays à l’autre. Faut-il noter, toutefois, que cette évolution trouve son origine dans le rebond de l’activité économique en Chine , après la réouverture complète en 2023 et la fin de l’adoption de la politique « zéro COVID ». En effet, le PIB réel chinois a augmenté de 5,2% en 2023 contre seulement 3% l’année précédente.

S’agissant de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) , l’expansion économique a connu une forte décélération, au cours de l’année 2023, soit 1,9% contre 5,6% une année auparavant, en raison principalement des réductions de la production pétrolière, surtout en Arabie Saoudite, dans un contexte de faiblesse des prix du pétrole, de durcissement

des conditions de financement à l’échelle mondiale et d’inflation galopante, sachant que ce ralentissement a été plus prononcé dans les pays exportateurs de pétrole de la région.

Graphique 1-2 : Evolution de certains indicateurs de la conjoncture dans les pays développés

Graphique 1-3 : Evolution de certains indicateurs de la conjoncture dans les pays émergents et en développement

Pour ce qui est de l’année 2024 , l’économie mondiale devrait se montrer résiliente et se maintenir, selon le FMI, sur le même sentier de croissance (3,2%), quoique ce rythme demeure inférieur au niveau tendanciel à moyen terme. Ceci s’explique par les délais de transmission des politiques monétaires restrictives et la persistance des répercussions du conflit en Ukraine, outre l’intensification des tensions au Moyen-Orient qui pourraient se répercuter négativement sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, les marchés des produits de base et les liens commerciaux et financiers.

1-1-2 Commerce mondial

Le volume des échanges mondiaux de biens et services a évolué, en 2023, à un rythme nettement moins rapide qu’une année auparavant, soit 0,3% (contre 5,6% en 2022), bien en deçà de la moyenne de 4,9% enregistrée durant la période 2000-2019. Cette décélération reflète l’affaiblissement de la demande mondiale de biens, en rapport avec le durcissement des conditions financières, mais aussi l’augmentation des barrières commerciales et l’aggravation des tensions géopolitiques et ce, en sus des effets retardés de l’appréciation du dollar américain en 2022 qui a contribué à l’augmentation des coûts des produits échangés, compte tenu de son rôle dominant dans les règlements. En revanche, le commerce mondial des services a continué de se remettre progressivement des effets de la pandémie, mais à un rythme plus lent que prévu.

Cette décélération s’explique par la contraction des échanges dans les pays développés (-1% contre 6,1%) et la décélération enregistrée dans les pays émergents et en développement (2% contre 3,7%).

S’agissant des échanges mondiaux de biens , ils ont enregistré un repli de 0,9% en 2023 contre une hausse de 3,2% une année auparavant. Exprimées en dollars, les exportations mondiales de marchandises se sont établies à 23.186 milliards de dollars, en contraction de 4,5% contre une augmentation de 11,1% en 2022, suite au ralentissement du volume des biens échangés conjugué à la baisse des prix sur les marchés internationaux.

Quant aux termes de l’échange , ils se sont améliorés dans les pays développés (0,7% contre -1,8% un an plus tôt), en rapport avec le repli des prix des produits importés, notamment

l’énergie, contre une détérioration pour les pays émergents et en développement (-1,1% contre +1,1%).

Contrairement aux échanges mondiaux de biens, ceux des services ont fait preuve d’une résilience, en relation avec la bonne tenue de l’activité du secteur touristique mondial et, partant, du transport aérien qui ont poursuivi leur reprise, après la chute brutale enregistrée suite à la pandémie, atteignant, respectivement, 88% et 94,1% de leurs niveaux de 2019. De ce fait, les exportations mondiales de services ont enregistré une hausse de 7,2% en 2023 contre 14,8% en 2022 pour s’établir à 7.608 milliards de dollars.

A l’horizon de 2024 , les perspectives pour le volume des échanges mondiaux de biens et services s’annoncent plus favorables (+3%), grâce à une inflation modérée et à la baisse attendue des taux d’intérêt qui devraient soutenir la demande mondiale. Toutefois, l’accroissement des distorsions commerciales et la fragmentation géoéconomique continuent à constituer un risque pour la reprise des échanges.

1-1-3 Investissements internationaux

Les flux mondiaux des investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 3% en 2023, réalisant un montant total estimé à 1.365 milliards de dollars, après une contraction de 16,6% en 2022, sachant que les craintes de récession de l’économie mondiale au début de l’année se sont estompées et que les marchés financiers se sont bien comportés et ce, malgré l’incertitude économique et le resserrement des conditions de financement.

La hausse de ces flux a concerné les pays développés (+29,1%), totalisant 524 milliards de dollars, notamment l’Union Européenne, alors que les Etats-Unis, qui demeurent le premier bénéficiaire des flux d’IDE au monde, ont accusé une baisse de 3%.

En revanche, les entrées des IDE dans les pays en développement ont enregistré un repli de 8,6%, se limitant à 841 milliards de dollars. Les pays en développement d’Asie ont été les plus touchés par cette baisse (-11,5%), tandis que les flux vers l’Amérique latine et les Caraïbes et l’Afrique sont restés quasiment stables. En particulier, la région de l’Afrique du Nord a accusé une baisse de 21% des entrées d’IDE en 2023.

L’analyse sectorielle montre une augmentation du nombre de projets dans les secteurs qui dépendent fortement des chaînes de valeur mondiales, notamment l’industrie automobile, le textile, les machines et l’électronique. En revanche, le secteur des semi-conducteurs a enregistré une baisse de 10%. Pour leur part, les énergies renouvelables ont connu leur première baisse (-17%) depuis l’accord de Paris 2015 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

De leur côté, les opérations de fusion-acquisition d’entreprises dans le monde ont baissé de 43,1% en 2023, totalisant 402 milliards de dollars contre 707 milliards en 2022, sous l’effet de l’incertitude, la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt ainsi que la montée des tensions géopolitiques. La contraction a concerné, surtout, les économies développées (-47%) et, à un degré moindre, les économies en développement (-22%). Par secteur d’activité, ces opérations se sont contractées dans le secteur primaire 1 (-82%) et celui des services (-47%) tandis qu’elles ont enregistré une hausse de 3% dans le secteur manufacturier.

Pour l’année 2024 , les perspectives de la CNUCED tablent sur une légère augmentation des IDE, en relation avec la détente attendue de l’inflation et la baisse prévue des coûts d’emprunt. Cependant, la persistance des risques géopolitiques et les niveaux d’endettement élevés accumulés dans de nombreux pays ainsi que les craintes d’une fragmentation plus importante de l’économie mondiale continuent de peser sur ces perspectives.

1 Le secteur primaire regroupe l’ensemble des activités dont la finalité consiste en une exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines et gisements.

1-1-4 Inflation

Après avoir atteint des niveaux historiquement élevés en 2022, à cause de la flambée des prix des matières premières induite par la guerre en Ukraine, le resserrement monétaire subséquent adopté par la plupart des banques centrales a abouti aux résultats escomptés pour atténuer les pressions inflationnistes, conforté par le repli des prix internationaux des produits de base, notamment l’énergie et l’alimentation, et la normalisation des chaînes d’approvisionnement mondiales que la pandémie avait fortement perturbées.

Également, l’inflation sous-jacente a diminué, mais à un rythme plus modéré, en rapport avec la persistance de l’inflation des services, qui n’a reflué que lentement, et le resserrement des marchés de travail, notamment dans les économies avancées. Au total, l’ inflation mondiale a baissé pour s’établir à 6,8% en 2023, par rapport au sommet atteint l’année précédente, soit 8,7%, mais elle demeure nettement supérieure à la moyenne prépandémique d’environ 3,5% sur la période 2017-2019.

Il est à signaler que le rythme de désinflation a été particulièrement plus prononcé dans les économies avancées (4,6% contre 7,3% en 2022), notamment aux Etats-Unis (4,1% contre 8%) que dans les pays émergents et en développement (8,4% contre 9,8%) et ce, en relation avec le niveau excessivement élevé de l’inflation dans certaines grandes économies émergentes, à l’instar de l’Argentine (133,5%) et de la Turquie (53,9%).

En 2024 , l’inflation devrait poursuivre son trend baissier pour s’établir, selon les prévisions du FMI, à 5,9%, en raison de l’affaiblissement de la demande mondiale, sous l’effet du resserrement des politiques monétaires et du fléchissement attendu des prix internationaux des produits de base. Toutefois, des risques persistent, notamment les risques géopolitiques qui pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales, augmenter les coûts du transport et, partant, relancer la hausse des prix matières premières et les pressions inflationnistes.

1-1-5 Finances publiques

Dans un contexte marqué par un ralentissement de la croissance économique et une contraction des recettes fiscales, face à une demande croissante des dépenses publiques, notamment des salaires et des pensions ainsi que des dispositifs de soutien liés à l’énergie, associés à des niveaux élevés de dettes et à l’augmentation des charges d’intérêt suite à la hausse des taux, le déficit budgétaire mondial s’est inscrit en hausse, en 2023, atteignant 5,5% du PIB en moyenne contre 3,9% une année auparavant.

S’agissant des pays avancés , l’orientation budgétaire a été expansionniste en 2023 et le déficit moyen des administrations publiques a augmenté à 5,6% du PIB contre 3,1% en 2022. Aux Etats-Unis, en particulier, le déficit budgétaire a augmenté de 4,7 points de pourcentage pour s’établir à 8,8% du PIB, en relation avec la baisse des revenus à un rythme plus prononcé que celui des dépenses (-9% et -1%, respectivement). C’est que la forte contraction des recettes s’explique par un effet de base lié à des collectes inhabituellement élevées au cours de l’exercice 2022, suite au rebond économique post pandémique. A l’inverse, le déficit public de la Zone Euro s’est légèrement atténué pour revenir à 3,5% du PIB en 2023 contre 3,7% l’année précédente. En fait , les recettes et les dépenses des Etats membres ont continué à être impactées, quoique dans une moindre ampleur, par les politiques de relance initiées lors de la pandémie de Covid-19, auxquelles se sont ajoutées les mesures visant à soutenir les ménages et les entreprises face aux effets de la hausse des prix de l’énergie et de la forte inflation et dont l’impact budgétaire net a été, toutefois, plus faible, soit 1,3% du PIB contre 1,8 % en 2022.

En ce qui concerne les pays émergents et en développement , le déficit des comptes publics a augmenté, à son tour, de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 5,4% du PIB, affecté par la hausse des taux d’intérêt réels et des dépenses publiques pour compenser l’inflation élevée ainsi que l’envolée des niveaux de la dette publique et l’augmentation des charges d’intérêt. Par

ailleurs, la politique budgétaire a été accommodante dans certaines grandes économies émergentes, notamment au Brésil, en Russie et en Chine, suite à la mise en œuvre d’un ensemble de mesures de relance budgétaire pour soutenir la reprise économique.

Concernant l’année 2024 , les déficits budgétaires devraient être atténués aussi bien dans les pays avancés que dans les pays émergents et en développement, en rapport, principalement, avec la maîtrise des dépenses, en particulier l’abandon des mesures budgétaires de soutien mises en œuvre en réponse aux chocs énergétiques et à la hausse de l’inflation, alors que les recettes devraient évoluer faiblement, eu égard au ralentissement de l’activité économique.

1-1-6 Politiques monétaires

Contourner l’inflation qui a dérapé par rapport à sa cible dans la majorité des pays, sous l’effet de la flambée des prix des matières premières après l’invasion de l’Ukraine, a été le principal défi des banques centrales en 2023. C’est ainsi que ces institutions ont poursuivi, au cours de l’année 2023, leur resserrement monétaire vigoureux qu’elles ont entamé depuis l’année 2022, portant leurs taux d’intérêt directeurs à des niveaux historiquement élevés.

A cet effet, la Banque Centrale Européenne (BCE) a procédé au relèvement de ses taux d’intérêt directeurs à six reprises, entre février et septembre 2023, d’une marge globale de 200 points de base. De ce fait, les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt se sont établis, respectivement, à 4,5%, 4,75% et 4,0%, soient leurs plus hauts niveaux historiques.

De même, la Réserve Fédérale Américaine (Fed) a augmenté son taux d’intérêt directeur à 4 reprises, entre février et juillet 2023, de 100 points de base au total. Ainsi, le taux des fonds fédéraux a atteint une fourchette entre 5,25% et 5,5%, soit son niveau le plus élevé depuis plus de deux décennies.

A rebours des autres banques centrales des pays avancés, la Banque du Japon (BOJ) a maintenu sa politique monétaire, ultra-accommodante, inchangée face à l’atonie de la demande, avec un taux d’intérêt négatif sur les dépôts des banques (-0,1%). Néanmoins, elle a procédé, en juillet 2023, à l’assouplissement de sa politique de contrôle sur la courbe des taux, en permettant au rendement des obligations à dix ans de fluctuer de 1% par rapport à l’objectif de 0% (contre 0,5% précédemment), tout en définissant ce seuil comme limite supérieure.

Pour l’année 2024 , à mesure que l’atténuation des pressions inflationnistes se confirme, les principales banques centrales pourraient éventuellement recourir à un assouplissement de leurs politiques monétaires via la baisse de leurs taux d’intérêt directeurs et ce, à condition qu’il n’y ait pas de nouvelles flambées des prix des produits de base générées par les chocs géopolitiques, notamment au Moyen-Orient.

Tableau 1-2 : Evolution de certains indicateurs financiers dans le monde

DésignationSolde courant (en %du PIB)Solde budgétaire (en %du PIB)Inflation (variation des prix à la consom- mation en %)
202220232024 1202220232024 1202220232024 1
Pays développés -0,3 0,5 0,7 -3,1 -5,6 -4,4 7,3 4,6 2,6
dont :
Etats-Unis -3,8 -3,0 -2,8 -4,1 -8,8 -6,5 8,0 4,1 2,9
Japon 2,1 3,4 3,5 -4,4 -5,8 -6,5 2,5 3,3 2,2
Royaume-Uni -3,8 -2,2 -2,6 -4,7 -6,0 -4,6 9,1 7,3 2,5
Zone Euro -0,7 1,9 2,3 -3,7 -3,5 -2,9 8,4 5,4 2,4
dont :
-Allemagne 4,2 6,8 7,0 -2,5 -2,1 -1,5 8,7 6,0 2,4
-France -2,0 -0,7 -0,6 -4,8 -5,5 -4,9 5,9 5,7 2,4
-Italie -1,2 0,2 0,8 -8,6 -7,2 -4,6 8,7 5,9 1,7
Pays émergents et en développement 1,5 0,6 0,3 -4,9 -5,4 -5,5 9,8 8,4 8,1
dont :
-Chine 2,2 1,5 1,3 -7,5 -7,1 -7,4 1,9 0,2 1,0
-Russie 10,5 2,5 2,7 -1,4 -2,3 -1,9 13,8 5,9 6,9
-Inde -2,0 -1,2 -1,4 -9,2 -8,6 -7,8 6,7 5,4 4,6
-Brésil -2,8 -1,3 -1,4 -3,1 -7,9 -6,3 9,3 4,6 4,1
-Maroc -3,5 -1,5 -2,6 -5,4 -4,4 -4,3 6,6 6,1 2,2
-Tunisie 2 -8,8 -2,2 -2,7 -7,9 -7,4 -6,6 8,3 9,3 7,2
  • 1 Prévisions.
  • 2 Solde budgétaire hors privatisation et dons .

Sources : Perspectives économiques mondiales du FMI (avril 2024) et Ministère des Finances.

1-2. Marchés des Capitaux

12/08/2024

1-2-1 Marchés boursiers

Le début de l’année 2023 a été marqué par une tension au niveau des marchés internationaux des capitaux, alimentée par les négociations sur le plafond de la dette américaine et par les craintes des investisseurs à la suite de la faillite de deux banques régionales américaines et le rachat forcé du Crédit Suisse par UBS, faisant redouter la survenance d’une crise bancaire plus large. Le second semestre de l’année a été caractérisé par des volatilités accrues sur les marchés avec l’entame des discussions, dans les principales banques centrales, sur le niveau des taux et la date estimée de fin du cycle récent de hausse des taux d’intérêt. Les marchés ont été particulièrement sensibles, d’une part, à la révision des « Dot plots » de la Fed à la faveur du scénario de voir cette dernière orchestrer un Soft landing de l’économie et aux spéculations, d’autre part, que l’ère de la politique de resserrement des taux prendrait bientôt fin.

Dans ce contexte, les marchés boursiers mondiaux ont été marqués par une bonne résilience, affichant une progression remarquable par rapport à l’année précédente. Les principaux indices boursiers ont, non seulement, approché leurs niveaux historiques records, mais certains les ont même dépassés. Cette performance exceptionnelle peut être attribuée à une conjonction de facteurs significatifs. Tout d’abord, les économies avancées ont démontré une résilience notable tout au long de l’année, caractérisée par le maintien des entreprises de marges élevées et des perspectives de profit robustes malgré les turbulences géopolitiques. Par ailleurs, les marchés ont été stimulés par les initiatives de rachat d’actions, déployées par de nombreuses entreprises, contribuant, ainsi, à soutenir les cours boursiers. Enfin, le dernier trimestre de 2023 a été

marqué par un regain d’optimisme, porté par la persistance des forces désinflationnistes et les annonces des banquiers centraux, laissant entrevoir une prochaine normalisation des politiques monétaires.

L’indice « MSCI World » s’est ressaisi de 19,8% en 2023, compensant sa perte de l’année précédente. Si le rebond a été général géographiquement, à l’exception des places chinoises, victimes de la faiblesse de la reprise post-Covid et de la crise immobilière, il a profité avant tout aux valeurs de croissance, portées par l’atténuation progressives des tensions inflationnistes et l’anticipation des baisses de taux d’intérêt.

La hausse des marchés mondiaux a été tirée, surtout, par les grandes entreprises du secteur technologique à Wall Street qui ont permis au Nasdaq d’enregistrer une forte performance. En effet, les marchés boursiers américains ont connu des gains importants dans tous les principaux indices (S&P 500 : +26,3% ; Dow Jones : +16,2% ; Nasdaq Composite : +44,6%). C’est que la croissance économique américaine a été assez forte en 2023, stimulant les bénéfices des entreprises et la confiance des investisseurs.

En Europe, les marchés boursiers ont connu une performance positive, mais moins importante que celle des marchés boursiers américains. Cependant, il y a eu quelques exceptions, notamment en Italie où le marché boursier a connu une performance décevante en 2023, en raison de l’instabilité politique du pays.

Au Japon, les actions japonaises ont connu une bonne performance, le principal indice boursier « Nikkei » a évolué de plus de 23%, marquant l’une de ses meilleures performances au cours des dix dernières années, portée, d’une part, par la dépréciation du yen, ce qui a rendu les actions japonaises plus attractives pour les investisseurs étrangers, et, d’autre part, par une politique monétaire accommodante mise en œuvre par la Banque du Japon (BoJ).

1-2-2 Marchés obligataires

Plusieurs facteurs ont continué à impacter les marchés des taux d’une manière significative, en particulier ceux dus aux conséquences à long terme de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ces marchés sont, en effet, restés exposés à la persistance d’une inflation élevée, une croissance économique mondiale morose et des incertitudes intenses.

Les marchés obligataires ont subi une forte correction au cours du premier semestre 2023, mais les principales courbes des rendements sont restées inversées, en raison des attentes des investisseurs en matière d’inflation et de perspectives de la politique monétaire des principales banques centrales. Au deuxième semestre, et en dépit de la hausse des rendements sur les marchés obligataires durant l’été, en raison des anticipations d’une période plus longue de taux élevés, cette tendance a été inversée au cours des trois derniers mois de l’année, en raison du changement de la trajectoire de l’inflation aux Etats-Unis, passant de 3,7% en septembre à 3,2% en décembre 2023.

Par ailleurs, l’incertitude accrue liée aux tensions géopolitiques a incité les investisseurs à chercher des actifs plus sûrs, notamment les obligations à long terme, réduisant ainsi la demande sur les actifs risqués et contribuant à la baisse des rendements obligataires. L’indice « Bloomberg Global Aggregate », représentant la performance des obligations mondiales, a enregistré une hausse de près de 5,7%, marquant une amélioration significative par rapport à l’année précédente.

Aux Etats-Unis , le rendement des Treasuries à 10 ans a terminé l’année 2023 à 3,88%, après l’avoir ouverte à 3,74% ; il a oscillé durant l’année autour d’une moyenne de 4,07% et a atteint un pic historique de plus de 5,0% en octobre 2023. Le rendement des obligations américaines à deux ans a temporairement frôlé les 5,20%, durant la même période, soit le niveau le plus élevé depuis juillet 2006.

Des événements tels que le discours ferme du président de la Fed, insistant sur le maintien des taux directeurs à un niveau élevé malgré le ralentissement de la hausse des prix, le débat sur les élections américaines en novembre 2024 et le long blocage du Congrès du relèvement du

plafond de la dette fédérale, ont fait perdre au pays sa notation AAA attribuée par Fitch Ratings, en août, ce qui a été à l’origine de fortes fluctuations des rendements sur le marché américain, avec une tendance globalement haussière. Durant les deux derniers mois de l’année, le marché obligataire américain a récupéré une partie de ses pertes, avec la multiplication des signes positifs, tels qu’une bonne performance du marché de l’emploi américain et une baisse significative de l’inflation qui a reculé à 3,4% aux Etats-Unis, en décembre.

Le spread 2-10 ans est passé en 2023 de -63 points de base (pb) à -37 pb, avec un plus bas de -109 pb, atteint en juillet 2023, et une moyenne annuelle de -64 pb. Cet aplatissement de la courbe s’explique notamment par une hausse généralisée des niveaux de rendement qui a touché, plus fortement, la partie longue de la courbe à la faveur des anticipations d’inflation et des perspectives d’un maintien prolongé des taux à des niveaux élevés.

Dans la Zone Euro , l’année 2023 a été fortement agitée sur le marché obligataire européen, avec une succession de pics de volatilité au gré des annonces de la BCE et des statistiques économiques, notamment celles relatives au niveau des prix. Le taux de rémunération des dépôts de la BCE, qui était négatif en juillet 2022 (-0,5%), s’est élevé à 4,0%, soit une hausse de 450 pb, dont 200 pb en 2023.

Après un premier trimestre marqué par la baisse de l’inflation et les craintes de récession mondiale, attisées en mars par les tensions autour des banques régionales américaines, les taux souverains ont repris leur ascension, entre le printemps et l’automne, dépassant les plus hauts de 2022, tant sur les échéances courtes que longues. Ils ont ensuite chuté rapidement entre octobre et décembre dans le sillage du reflux de l’inflation et des déclarations accommodantes des principales banques centrales.

Les rendements des obligations à 10 ans, en France, sont passés de 2,97% à 2,92%, entre janvier et décembre 2023, avec un pic de 3,55% enregistré en octobre. En Allemagne, les rendements équivalents ont perdu 8 pb, terminant l’année à 2,02%, après un pic à 2,97% en octobre.

Les taux obligataires italiens étaient également très volatils, mais le rendement absolu, depuis le début de l’année, a été largement positif, soutenu notamment par la confirmation des notations attribuées par les agences durant l’automne. Le rendement du papier italien à 10 ans est passé, ainsi, de 4,20%, en début d’année, à 3,70% au 29 décembre 2023, en touchant un plus haut de 4,43% durant le mois d’octobre.

Graphique 1-4 : Evolution des taux de rendements américains et allemands à 10 ans en 2023

Source :

Bloomberg

1-3. Marchés internationaux des changes et de l’or

En 2023, les développements économiques et géopolitiques ont, également, induit une volatilité accrue sur les marchés des changes ; le dollar ayant évolué en dents de scie face aux principales devises, notamment l’euro, profitant par moments de son statut de valeur refuge et du différentiel des taux d’intérêt en sa faveur et fragilisé, dans d’autres moments, par les difficultés bancaires régionales et par les négociations sur le plafond de la dette américaine.

Au premier trimestre de l’année 2023, la parité EUR/USD a été principalement influencée par la divergence des politiques monétaires entre la Fed et la BCE. Le redressement de l’euro, après avoir atteint ses plus bas niveaux en deux décennies, a été favorisé par le ralentissement de l’inflation, les attentes d’une pause dans le cycle de hausses des taux de la Fed et l’adoption d’une posture plus ferme, par la BCE, en vue de hausses soutenues des taux d’intérêt. En effet, malgré un début d’année robuste pour le dollar, stimulé par la résilience de l’économie américaine, des événements tels que la crise bancaire, déclenchée en mars 2023 à la suite de l’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB) aux Etats-Unis, ont semé l’incertitude, conduisant les investisseurs à réduire leurs anticipations de hausses des taux futures de la Fed et affaiblissant le dollar qui a clôturé le premier trimestre à 1,0839 face à l’euro après avoir atteint 1,0990 à fin février.

Au cours du second trimestre, le dollar a temporairement regagné du terrain, porté par son statut de valeur refuge. Cependant, cette vigueur a été de courte durée, après l’adoption d’une loi par le Président Joe Biden , relevant temporairement le plafond de la dette et dissipant les craintes de défaut. Simultanément, les banques centrales ont incité les investisseurs à adopter une approche prudente en réaffirmant leur engagement à lutter contre l’inflation. Le regain d’optimisme sur les marchés a finalement affaibli le dollar qui a clôturé le semestre à 1,0909 face à l’euro.

Au troisième trimestre, le dollar a connu des fluctuations importantes. Des ventes massives ont été déclenchées, en juillet, en raison de la solidité du marché de l’emploi américain et de la baisse de l’inflation, conduisant à des anticipations de pause dans le cycle de hausses des taux de la Fed. Malgré un pic de la monnaie unique à 1,1236, la hausse s’est révélée insoutenable à cause de la faiblesse des fondamentaux économiques dans la Zone Euro. Ainsi, le dollar a regagné du terrain en août, tandis que la monnaie unique a fléchi à cause des perspectives de récession dans la Zone Euro, entraînant une baisse de la parité de 1,0997 à 1,0843. En septembre, malgré une hausse des taux par la BCE, l’euro a fortement chuté, touchant son plus bas niveau depuis décembre 2022 à 1,0504 dollar, pénalisé par les perspectives d’une fin imminente du cycle de hausses des taux de la BCE et des données économiques américaines solides.

Au cours du quatrième trimestre, la parité EUR/USD a entamé un nouveau cycle de correction à la hausse alimenté par les données économiques positives de la Zone Euro et le ralentissement de l’inflation américaine qui a renforcé la probabilité d’une fin du cycle haussier des taux d’intérêt de la Fed (l’indice CPI aux États-Unis a reculé à 3,1% en novembre, après 3,7% enregistré en septembre, principalement en raison de la baisse des prix des carburants). La parité a, ainsi, clôturé l’année à 1,1039, avec un point culminant de 1,1105 le 27 décembre.

Graphique 1-5 : Evolution des taux de change EUR/USD et USD/JPY en 2023

Source :

Bloomberg

De son côté, le yen japonais a profité au début de 2023, à l’instar des autres devises, des épisodes de faiblesse du dollar et de la forte hausse du taux d’inflation au Japon qui a enregistré son plus haut niveau depuis 41 ans, exerçant ainsi des pressions sur les autorités monétaires japonaises pour abandonner leur politique ultra-accommodante. Le yen japonais a atteint le niveau de 127,87 face au dollar le 13 janvier, après avoir entamé l’année à 130,80. Néanmoins, les déclarations du nouveau Gouverneur de la BoJ, à la suite de la réunion du 9 mars, jugeant « approprié » le niveau des taux d’intérêt et le maintien par la Banque Centrale de sa politique monétaire ultraaccommodante à court terme, en conservant ses contrôles de la courbe des taux, ont pénalisé le yen japonais qui a fléchi à environ 138 face au dollar. Vers la fin du premier trimestre, les turbulences bancaires, qui ont surpris les marchés à la mi-mars, ont déclenché un mouvement de fuite vers les valeurs refuges et le yen s’est renforcé de près de 6%, passant de 138 JPY à 130 JPY contre dollar en un peu plus de deux semaines. Le yen a clôturé le trimestre à 132,86 en raison du retour au calme des marchés financiers après les actions prises par les principales banques centrales pour éviter le spectre d’une crise financière semblable à celle de 2008.

Au cours du deuxième trimestre, l’élargissement du différentiel d’intérêt, avec la divergence persistante des politiques monétaires entre le Japon et les Etats-Unis, a alimenté la faiblesse de la monnaie japonaise qui a atteint son plus bas niveau depuis plus de sept mois à 144,76 yens, le 29 juin, niveau qui avait incité la BoJ à entreprendre une intervention d’achat de yens sur les marchés. La devise nippone a, ainsi, clôturé le semestre à 144,31 yens pour un dollar.

Au cours du troisième trimestre, la paire USD/JPY a enregistré des fluctuations marquées. En juillet, le yen a bénéficié de la faiblesse du dollar, atteignant le niveau de 138,05 le 13 juillet contre 144,31 au début du mois. Toutefois, la monnaie japonaise a ensuite fléchi à 141,73 avant de se redresser à nouveau à 139,48, à la suite de la réunion du comité de politique monétaire de la BoJ qui a surpris les marchés, en annonçant une flexibilité accrue dans sa politique de contrôle de la courbe des taux. Le yen a repris, cependant, une tendance baissière durant les mois d’août et de septembre, avec la recrudescence des doutes du marché sur la capacité de la BoJ à abandonner sa politique des taux d’intérêt négatifs. La parité USD/JPY a, ainsi, clôturé le troisième trimestre à 149,37.

Le yen japonais a commencé le dernier trimestre de 2023 avec une baisse significative, par rapport au dollar, qui l’a propulsé au-dessus de la barre des 150 et ce, en raison du maintien quasiment inchangée par la BoJ de sa politique monétaire ultra-accommodante, décevant de la sorte plusieurs acteurs du marché. Ainsi, la BoJ a maintenu son objectif de taux d’intérêt à court terme à -0,1% et s’est engagée à encadrer les rendements à long terme autour de zéro. La faiblesse généralisée du dollar en fin d’année a, néanmoins, entrainé le redressement partiel du yen face au billet vert, finissant l’année à 141,04.

En ce qui concerne l’or , et malgré une baisse de la demande mondiale de près de 3% par rapport à 2022, le cours de l’or a connu en 2023 une hausse importante, atteignant un nouveau record historique en décembre, dépassant en séance les 2,135 dollars américains l’once, suite à plusieurs facteurs qui ont contribué à cette hausse du cours. En effet, en anticipant une baisse des taux d’intérêt en 2024, les investisseurs se sont tournés vers l’or, considéré comme valeur refuge. Par ailleurs, l’inflation qui a augmenté dans de nombreux pays en 2023 et les tensions géopolitiques persistantes ont, également, continué à soutenir le cours de l’or. Le métal jaune a ouvert l’année à 1.839,77$ l’once et l’a clôturée à 2.063,39$ l’once.

1-4. Prix des produits de base

25/06/2024

Après avoir atteint des sommets inédits en 2022, suite notamment au déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, deux grands pays producteurs et exportateurs de matières premières, en particulier de céréales et d’énergie, les prix internationaux des produits de base ont, globalement, baissé en 2023, dans un contexte d’affaiblissement de l’activité économique mondiale sur fond d’accroissement des incertitudes liées aux tensions géopolitiques et de durcissement des conditions financières. Également, la relative normalisation des chaînes d’approvisionnement mondiales, largement perturbées par la pandémie de Covid-19, ainsi que l’abondance de l’offre, particulièrement pour les céréales et les métaux de base, ont contribué à ce fléchissement des prix.

A cet effet, l’indice global des prix des produits de base, élaboré par la Banque Mondiale (BM), a enregistré, en 2023, sa première contraction depuis la pandémie, après deux années successives de hausses (soit -24,2% contre +41,3% en 2022 et +60% en 2021). Cette baisse a été quasi-généralisée et principalement emportée par les prix des engrais chimiques (-34,9% contre +54,8%) et de l’énergie (-29,9% contre +60%) et, à un degré moindre, par ceux des métaux et minerais (-9,6% contre -1,2%) et des produits agricoles (-7,2% contre +10,7%).

Graphique 1-6 : Evolution de l’indice des prix des produits de base

Source : Prix des produits de base de la Banque Mondiale

A l’horizon de 2024, les prix internationaux des produits de base devraient encore baisser, en rapport, surtout, avec le ralentissement de la croissance économique mondiale, dans un contexte marqué par l’effet du resserrement des conditions financières et par la faiblesse des échanges mondiaux, face à l’abondance de l’offre pour plusieurs produits. A cet égard, les prévisions de la Banque Mondiale tablent sur une baisse des cours de l’ordre de 4,1% en 2024. Toutefois, il est à noter que ces prévisions supposent un impact limité du conflit au Moyen-Orient. Aussi, sont-elles soumises à des risques haussiers, notamment géopolitiques susceptibles d’affecter les chaînes d’approvisionnement mondiales, d’augmenter le coût du transport et d’occasionner une résurgence des tensions des prix des produits de base. Également, de nouvelles restrictions commerciales et une intensification du phénomène climatique El Niño pourraient faire augmenter les prix des denrées alimentaires.

1-4-1 Produits alimentaires

Après la flambée enregistrée en 2022, liée à la guerre en Ukraine, les prix internationaux des produits alimentaires ont connu un net repli en 2023, favorisé par l’abondance de l’offre pour la saison 2022-2023. Cette évolution traduit, particulièrement, la baisse des prix des huiles végétales et des céréales, notamment le blé, quoiqu’elle a été partiellement atténuée par la hausse des cours du riz et du sucre, soutenus, entre autres, par les restrictions commerciales.

En particulier, et selon les estimations de l’Organisations des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), la production mondiale de blé a atteint, durant la campagne 2022-2023, un nouveau record de 803,1 millions de tonnes, soit un accroissement de 3,2% par rapport à la saison précédente, attribuable aux abondantes récoltes en Russie, au Canada et en Australie qui ont compensé la faiblesse de la production en Ukraine, affectée par le conflit persistant et ce, outre la sécheresse sévère qui a touché l’Argentine.

En conséquence, le prix mondial du blé , ayant atteint des pics en mai 2022, s’est déprécié en 2023 de 20,8% par rapport à l’année précédente, passant d’une moyenne de 430 dollars la tonne à 340,4 dollars, eu égard à la surabondance de l’offre mondiale, malgré le retrait de la Russie de l’Initiative céréalière qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses disponibilités via les ports de la Mer Noire. Néanmoins, l’évolution mensuelle, en 2023, montre une légère augmentation des prix du blé au mois de décembre à cause des perturbations logistiques liées aux conditions météorologiques chez certains grands pays exportateurs et aux tensions en Mer Noire, tandis que la demande demeure forte.

Également, les cours internationaux du maïs ont accusé une chute de 20,7% en 2023, en moyenne, en rapport avec le rebond de l’offre mondiale attendu pour la saison 2023-2024, suite à une récolte record au Brésil et à l’augmentation de celle des Etats-Unis, deux exportateurs majeurs de cette denrée.

Source : Prix des produits de base de la Banque Mondiale

Au contraire, les prix moyens du riz ont affiché une montée de 26,8% en 2023, liée en grande partie aux disponibilités restreintes au Vietnam et à l’imposition de restrictions à l’exportation par l’Inde, premier exportateur mondial de riz, en réponse aux inquiétudes concernant l’impact potentiel du phénomène climatique El Niño sur ses stocks de réserves nationales et sur la production mondiale de cette denrée, conjuguées à une demande ferme en provenance des pays de l’Asie et de l’Afrique.

De même, les cours moyens mondiaux du sucre ont connu un rebond, quoique moins prononcé, de 2,6% en 2023, atteignant 353,3 dollars la tonne, imputable aux préoccupations quant au resserrement de l’offre, associées notamment aux restrictions à l’exportation imposées par l’Inde, deuxième producteur mondial de sucre, afin d’assurer son approvisionnement local et freiner la hausse des prix intérieurs, suite à une faible récolte.

S’agissant des prix internationaux des huiles végétales , ils ont enregistré, en 2023, des baisses importantes, notamment pour l’ huile de soja , avec un fléchissement avoisinant 33% en moyenne, dû principalement à la hausse de la production favorisée par l’amélioration des conditions météorologiques dans les principales zones de culture au Brésil, en même temps qu’un ralentissement de la demande du secteur du biodiesel. De même, les prix de l’ huile de palme ont chuté de 30,5% en 2023, compte tenu de la reprise de la production en Malaisie, après des années de déclin, et une augmentation des stocks dans ce pays.

En ce qui concerne l’ huile d’olive , le Conseil Oléicole International (COI) a estimé la production mondiale à 2.570 millions de tonnes, au cours de la campagne 2022-2023, soit son plus bas niveau depuis six ans, contre 3.423 millions de tonnes la campagne précédente. Ce repli de près de 25% est attribuable, principalement, aux fortes baisses dans les principaux pays producteurs de l’Europe de l’Ouest et de l’Afrique du Nord, sous l’effet de la sécheresse et des canicules qui endommageaient les arbres au moment de la floraison.

En particulier, l’Union européenne, qui accapare plus de la moitié de la production mondiale d’huile d’olive pour la campagne 2022-2023, a vu sa production chuter d’environ 39%, pénalisée par la mauvaise campagne oléicole en Espagne (-55%), premier producteur mondial, ainsi qu’en Italie (-27%) et au Portugal (-39%).

En dehors de l’Union européenne, la Turquie a connu, par contre, une hausse de sa récolte, au cours de la campagne 2022-2023, estimée à 62% par rapport à la campagne précédente, atteignant un record de 380 mille tonnes, devenant, ainsi, le deuxième producteur mondial d’huile d’olive derrière l’Espagne. Également, les précipitations et les températures estivales douces ont joué un rôle bénéfique en faveur d’une augmentation significative de la production au Moyen-Orient. En revanche, le COI prévoit une diminution des récoltes au Maroc et en Tunisie, entre les deux campagnes, de 44% et 25%, respectivement.

Ainsi, la contraction de la production mondiale, devant une demande qui demeure soutenue, a fait que les prix internationaux de l’huile d’olive ont fortement progressé en 2023, soit 72,5%, atteignant des niveaux records, avec une moyenne d’environ 7.710 dollars la tonne métrique contre 4.470 dollars en 2022. Le prix a même atteint 9.168,4 dollars, au cours du dernier trimestre de l’année, en rapport avec les mauvaises perspectives pour la prochaine campagne oléicole, affectée par la sécheresse ayant sévit durant la saison 2023-2024.

A cet égard, le COI prévoit encore une baisse de 6,3% de la production mondiale d’huile d’olive pour la campagne 2023-2024 , par rapport à la campagne précédente, pour s’établir à 2.407 millions de tonnes. Cette contraction est tirée, principalement, par la baisse de la production de quelques pays européens, notamment la Grèce (-43,5%) ainsi que la Turquie (-45%) et certains pays du Moyen-Orient. A cet effet, il est attendu d’observer la poursuite de l’augmentation des prix de l’huile d’olive et son impact, en conséquence, sur la consommation et les exportations.

Tableau 1-3 : Prix moyens des produits alimentaires

(En dollars la tonne)

Moyenne deVariations en %
ProduitsPlaces de cotationla périodeDéc.2022Déc.20232023Déc.2023
202220232022Déc.2022
Blé Ports du Golfe des Etats-Unis 430,0 340,4 386,3 291,1 -20,8 -24,6
Riz Thaïlande 436,8 553,7 467,0 644,0 26,8 37,9
Maïs Ports du Golfe des Etats-Unis 318,8 252,7 302,2 206,5 -20,7 -31,7
Sucre Brésil 344,2 353,3 345,7 356,4 2,6 3,1
Huiles :
– Soja Ports hollandais 1.666,8 1.118,5 1.409,2 1.062,5 -32,9 -24,6
– Palme Malaisie 1.276,0 886,5 940,4 813,5 -30,5 -13,5

Source : Prix des produits de base de la Banque Mondiale

Au cours des premiers mois de 2024, les prix mondiaux des produits alimentaires ont continué à se contracter (-9,5% au premier trimestre 2024, sur un an), tirés, principalement, par le déclin des prix internationaux des céréales, reflétant des marchés mondiaux bien approvisionnés, particulièrement en blé en relation avec les abondantes récoltes en Amérique du Sud, les prix compétitifs offerts par l’Ukraine et la forte cadence des exportations en partance de la Fédération de Russie. Egalement, les cours internationaux des huiles végétales, notamment l’huile de soja, ont reculé durant la même période, en raison de l’abondance de production de soja en Amérique du Sud. En revanche, les prix internationaux du sucre ont affiché une légère hausse au cours du premier trimestre de l’année 2024 (+1,1% en G.A), attribuable essentiellement au resserrement probable de l’offre mondiale et à la hausse récente des prix internationaux du pétrole brut.

1-4-2 Matières premières industrielles

Les prix internationaux des matières premières industrielles ont affiché, à l’instar des prix des autres produits de base, une tendance baissière durant l’année 2023, en raison du ralentissement de l’activité économique mondiale et du resserrement des conditions financières, des restrictions sur les exportations appliquées par plusieurs pays producteurs à l’instar de la Chine, en plus des tensions géopolitiques persistantes.

C’est ainsi que les prix de la plupart des métaux de base ont enregistré une chute, sous l’effet, notamment, des taux d’intérêt élevés ayant pesé sur la construction et l’investissement conduisant à affaiblir la demande mondiale de métaux, notamment en Chine qui accapare plus de la moitié de la demande mondiale de métaux, en relation avec les difficultés persistantes de son secteur immobilier, l’amenant à imposer des restrictions sur ses exportations de métaux et ce, parallèlement aux disponibilités mondiales abondantes. Le fléchissement a touché, principalement, le zinc (-23,8% contre 15,9% en 2022), l’étain (-17,2% contre -3,2%), l’aluminium (-16,6% contre 9,4%) et, à un degré moindre, le cuivre (-3,8% contre -5,3%).

S’agissant des matières premières industrielles d’origine agricole et plus particulièrement le coton , les prix internationaux ont également chuté, au titre de l’année 2023, d’environ 27%, en moyenne, se situant à 2.095 dollars la tonne, après la flambée de 2022, du fait, essentiellement, de la baisse de la demande globale induite par le ralentissement de l’activité économique, en plus de la forte concurrence des fibres synthétiques. En effet, cette dernière a enregistré une hausse de la production mondiale de 1,8% en plus d’une augmentation attendue des stocks de

9% à la fin de la saison. Toutefois, la sécheresse en Inde, pourrait se traduire par une nouvelle augmentation des prix du coton, suite à la diminution de la production et des exportations indiennes prévues pour la saison 2023-2024.

Tableau 1-4 : Prix moyens des matières premières industrielles (En dollars la tonne)

Places de cotationMoyenne de la périodeVariations en %
Produits20222023Déc.2022Déc.20232023 2022Déc.2023 Déc.2022
Coton Liverpool 2.864,9 2.095,0 2.223,8 1.995,4 -26,9 -10,3
Caoutchouc naturel Singapour 1.810,2 1.576,7 1.535,5 1.661,9 -12,9 8,2
Cuivre Londres 8.822,4 8.490,3 8.375,4 8.399,9 -3,8 0,3
Aluminium Londres 2.705,0 2.255,7 2.401,7 2.182,4 -16,6 -9,1
Etain Londres 31.335,4 25.938,1 24.172,4 24.600,3 -17,2 1,8
Zinc Londres 3.481,4 2.652,6 3.129,5 2.502,4 -23,8 -20,0
Plomb Londres 2.150,6 2.135,8 2.216,5 2.026,9 -0,7 -8,6
Phosphate Casablanca 266,2 321,7 300,0 152,5 20,9 -49,2

Source : Prix des produits de base de la Banque Mondiale

Concernant le phosphate , les cours internationaux ont connu, plutôt, une augmentation moyenne de 20,9% en 2023, pour s’établir à 321,7 dollars la tonne contre 266,2 dollars une année auparavant. Cette tendance est liée, surtout, à l’augmentation de la demande des principaux marchés, à savoir l’Inde, le Brésil et d’autres marchés d’Asie et d’Amérique Latine. En contrepartie, des tensions au niveau de l’offre se sont intensifiées, suite notamment à une crise de la production en Europe, aux ruptures d’approvisionnement dues aux sanctions économiques contre la Russie et la Biélorussie et aux restrictions commerciales imposées par la Chine, en plus de l’élévation des tarifs d’importation américains sur la production marocaine et russe.

Pour ce qui est de l’évolution mensuelle, les prix mondiaux du phosphate montrent un pic de 347,5 dollars la tonne, atteint au mois de septembre 2023, soit le plus haut niveau enregistré depuis mars 2009 et qui s’est maintenu sur les deux mois suivants avant de chuter en décembre, pour revenir à 152,5 dollars la tonne, niveau en régression d’environ la moitié par rapport au même mois de 2022. Ce fort repli est en lien, particulièrement, avec la réduction, par les Etats-Unis, des droits de douane sur les engrais phosphatés en provenance du Maroc, ainsi qu’à la suspension par la Chine des procédures douanières sur les exportations de phosphate d’ammonium (DAP) vers la Corée.

S’agissant de l’année 2024 , la Banque Mondiale prévoit encore un déclin des cours mondiaux des métaux de base de 5,1%, en lien avec le ralentissement économique dans les pays développés et en Chine. Faut-il noter que sur l’ensemble du premier trimestre, l’indice des prix des métaux de base s’est montré en baisse de 10,4%, en glissement annuel, portant la marque d’un effondrement généralisé des cours, imputable à la baisse de la demande mondiale causée par la forte crise immobilière chinoise.

Graphique 1-8 : Evolution mensuelle des prix mondiaux du phosphate

(En dollars la tonne)

Source : Prix des produits de base de la Banque Mondiale

1-4-3 Pétrole brut

Le marché pétrolier mondial a été affecté, en 2023, par les événements géopolitiques et les anticipations de ralentissement économique, surtout en Chine, en plus de l’incertitude des investisseurs quant à l’efficacité de la stratégie restrictive adoptée par l’OPEP+, ayant procédé à deux réductions de son plafond de production, aux mois d’avril et de juin 2023, en sus des restrictions temporaires adoptées par l’Arabie Saoudite et la Russie et ce, afin de soutenir les prix. Parallèlement, les Etats-Unis ont enregistré un bond de leur production d’hydrocarbures, faisant de l’Amérique du Nord le premier producteur de pétrole dans le Monde, limitant ainsi l’impact des réductions appliquées par les pays de l’OPEP+ sur les prix. Aussi, la réaction des cours a été modérée au déclenchement du conflit au Moyen-Orient depuis le mois d’octobre de l’année 2023.

De ce fait, le prix moyen du baril du Brent a atteint 82,6 dollars en 2023, niveau en baisse de 17,2% par rapport à l’année précédente. De même, le cours moyen du léger américain est revenu à 77,7 dollars, soit un repli de 17,8%.

Cependant, l’évolution mensuelle montre que les prix du brut ont été très volatils en 2023. D’ailleurs, le cours du baril de Brent a connu son plus bas niveau au mois de juin 2023, soit 74,9 dollars et n’a pas réussi à se hisser au-delà des 94 dollars enregistrés au mois de septembre de la même année. Cette hausse, qui demeure loin du pic des 120 dollars atteint en juin 2022, est imputable à plusieurs facteurs, surtout des facteurs géopolitiques, notamment au Gabon, ainsi qu’aux menaces liées à l’Ouragan Idalia dans le Golfe du Mexique, contribuant à l’incertitude sur l’approvisionnement pétrolier mondial. A cela viennent s’ajouter le raffermissement de la demande de carburant, en particulier en Chine suite à l’abandon des restrictions sanitaires, et la prolongation de l’Arabie saoudite de sa politique de diminution de sa production d’un million de barils par jour jusqu’à la fin de 2023, associée à la décision de la Russie de maintenir ses réductions d’exportations de brut. Toutefois, l’ensemble de ces facteurs, conjugués aux tensions au Moyen-Orient, n’ont pas pu soutenir les prix, ayant clôturé l’année au niveau de 77,9 dollars pour le baril de Brent, au mois de décembre.

Tableau 1-5 : Evolution des prix moyens du pétrole brut sur le marché international (En dollars le baril)

Variation en %
Désignation20222023Déc.2022Déc.20232023/2022Déc.2023 Déc.2022
Brent 99,8 82,6 80,9 77,9 -17,2 -3,8
Léger américain (WTI) 94,4 77,7 76,5 72,1 -17,8 -5,8

Source : Prix des produits de base de la Banque Mondiale

Concernant l’année 2024 , les cours ont emprunté une tendance haussière au premier trimestre, atteignant 85,4 dollars pour le baril de Brent, en mars, après 77,9 dollars enregistré au cours du mois de décembre 2023. Cette montée s’explique, notamment, par l’accroissement des risques géopolitiques et des tensions liés au transport maritime, mais surtout par la décision de plusieurs pays de l’OPEP+, au début du mois de mars, de prolonger l’accord en vigueur de réduction de leur production de brut d’environ 2,2 millions de barils par jour jusqu’à la fin du deuxième trimestre de l’année et ce, afin d’éviter une surabondance de l’offre de soutenir les prix.

Chapitre 2 – Environnement économique et financier national

25/06/2024

2-1. Vue d’ensemble

L’économie tunisienne demeure aux prises avec ses difficultés structurelles, notamment le ralentissement tendanciel de la croissance, la faiblesse de la productivité, l’atonie de l’investissement et la persistance des difficultés financières, particulièrement au niveau des finances publiques, induisant un resserrement de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour renouer avec l’investissement public. Ces difficultés ont été accentuées par d’autres problèmes conjoncturels, à savoir la poursuite du stress hydrique pour la quatrième année consécutive, le niveau élevé de l’inflation ainsi que l’environnement international défavorable, marqué par la succession des chocs mondiaux, la faiblesse de la demande internationale, la montée des tensions géopolitiques et les effets du changement climatique.

Dans ce contexte difficile, l’économie tunisienne a dû faire face, en 2023, à plusieurs défis majeurs. En effet, la valeur ajoutée du secteur agricole a chuté de manière significative, principalement en raison des conditions climatiques défavorables, notamment la persistance du stress-hydrique. De plus, la faible performance économique de la Zone Euro a réduit la demande adressée aux principales industries manufacturières tunisiennes exportatrices. En outre, la production nationale des hydrocarbures et celle du phosphate sont demeurées à des niveaux bas. Cependant, le secteur des services, en particulier le tourisme et le transport, a enregistré de bonnes performances en continuant à se remettre des effets de la pandémie, ce qui a permis d’atténuer, en partie, l’impact de la contreperformance des autres secteurs. En conséquence, la croissance économique a accusé un affaiblissement, s’établissant à peine à 0,2% contre 2,8% en 2022. Excluant l’agriculture et la pêche, la croissance aurait atteint 2,2%.

Du côté de la demande , la faiblesse de la demande intérieure est devenue une entrave à la croissance, avec une consommation nationale en hausse de 1,4%, seulement, contre 1,7% l’année précédente. C’est que la consommation privée n’a augmenté que de 1,5% contre 1,8%, freinée par un taux de chômage élevé et une inflation persistante. Par ailleurs, la consommation publique a-t-elle connu une faible évolution de 1,1%, en rapport avec la compression des dépenses budgétaires. Également, l’investissement, approché par la Formation Brute de Capital Fixe, a connu une décélération aussi bien en prix constants (0,5% contre 2,3%) qu’en prix courants (4,0% contre 9,3%), ce qui a entraîné un repli du taux d’investissement à 15,5% du PIB. Pour sa part, le taux d’épargne nationale a reculé de 2,7 points de pourcentage pour revenir à 5,4% du Revenu National Disponible Brut (RNDB), exacerbant le déficit de financement entre l’investissement et l’épargne.

Concernant le secteur extérieur , le déficit courant de la balance des paiements a nettement diminué en 2023 pour être ramené à 3.433 MDT, soit 2,2% du PIB contre 8,8% l’année précédente. Cette amélioration est principalement due à une réduction de 32,4% du déficit commercial, bénéficiant d’une hausse de 7,9% des exportations qui a touché les industries manufacturières et les produits agricoles, grâce notamment à une bonne récolte d’huile d’olive, et d’une diminution des importations de 4,4%, principalement en raison de la baisse des achats des matières premières et de l’énergie, suite au repli de leurs prix sur les marchés internationaux, après leur hausse exceptionnelle en 2022. En outre, les recettes touristiques qui ont augmenté de 27,7% et les revenus du travail de 5,4% ont conforté l’amélioration du solde des opérations courantes.

Cette dynamique positive du secteur extérieur a contribué à stabiliser le taux de change du dinar vis-à-vis des principales monnaies et à soutenir les réserves en devises, en dépit d’un accès limité

aux ressources extérieures. Ainsi, les avoirs nets en devises ont augmenté à équivalant de 120 jours d’importation, à fin 2023, contre 100 jours au terme de 2022.

En matière de finances publiques , le déficit budgétaire hors privatisations et dons s’est atténué, pour s’établir à 7,4% du PIB en 2023 contre 7,9% en 2022, bien qu’il a progressé de 2,4% en valeur. Cette situation reflète la persistance des pressions sur les comptes publics, suite au ralentissement de l’activité économique ayant affecté l’évolution des recettes, conjugué à la difficulté de mobilisation de ressources extérieures et à la hausse du service de la dette et ce, malgré la politique de rationalisation des dépenses. A cet égard, les besoins de financement ont atteint 26 milliards de dinars, en hausse par rapport aux 19,7 milliards de l’année précédente, en raison notamment d’une augmentation importante des remboursements au titre du principal de la dette (14,9 milliards de dinars contre 9,8 milliards de dinars en 2022). Le financement public a, de plus en plus, reposé sur des sources intérieures dont la part a atteint 69,5%. Quant au ratio de la dette publique, il a connu une légère hausse, passant de 82,3% en 2022 à 83,0% du PIB en 2023.

S’agissant du marché du travail, l’atonie de l’activité économique s’est traduite par une hausse du taux de chômage pour s’établir à 16,4% en 2023 contre 15,2% une année auparavant. Chez les jeunes, ce taux a grimpé de 38,8% à 40,9%, d’une année à l’autre.

Sur le plan monétaire , la Banque centrale de Tunisie (BCT), après avoir lancé un cycle de resserrement monétaire en 2022 en réponse à l’envolée de l’inflation, a mené une politique monétaire vigilante durant toute l’année 2023. Elle a, ainsi, maintenu son taux d’intérêt directeur à 8% après l’avoir augmenté de 175 points de base en 2022 et ce, malgré une réduction des impacts des chocs externes sur le niveau des prix estimant que les risques haussiers aussi bien intérieurs qu’extérieurs entourant l’objectif de stabilité des prix sont demeurés encore actifs. Cette politique a porté ses fruits, en 2023, comme en témoigne le processus désinflationniste qui s’est installé depuis le deuxième trimestre de l’année, ramenant le taux d’inflation à 8,1%, en glissement annuel, en décembre 2023, contre un pic de 10,4% au mois de février et 10,1% en décembre 2022, traduisant la faiblesse de la demande intérieure, le repli quasi-généralisé des prix internationaux des produits de base et le gel des prix de certains produits administrés.

Quant aux besoins des banques en liquidité, ils se sont inscrits en hausse pour atteindre, en moyenne, 14,9 milliards de dinars au terme de l’année 2023, contre 11,2 milliards un an plus tôt. Cet accroissement est, principalement attribuable à la montée des pressions sur les finances publiques. Confronté à un accès limité au financement international, le Trésor Public a intensifié son recours à l’endettement intérieur, ce qui a engendré une demande accrue de liquidités de la part du secteur bancaire.

Pour l’année 2024 , bien que l’économie tunisienne montre des signes d’amélioration et que le PIB réel devrait progresser de 1,6%, reflétant notamment une meilleure saison agricole et un bon comportement de l’activité touristique, cette croissance demeure modeste, freinée par les contreperformances du secteur des hydrocarbures en l’absence d’investissements et de découvertes de nouveaux gisements. De surcroît, les faibles perspectives de croissance pour la Zone Euro, principal partenaire commercial, pourraient continuer d’affecter négativement les industries tunisiennes exportatrices.

Par ailleurs, même si l’inflation montre des preuves de détente, sa trajectoire future demeure incertaine, menacée par des facteurs tels que l’augmentation des prix internationaux, soutenue par les tensions géopolitiques croissantes, le stress hydrique persistant et les pressions accrues sur les finances publiques, ce qui appelle à continuer de mener une politique monétaire prudente et à temporiser la baisse des taux d’intérêt. Ces éléments pourraient, toutefois, restreindre la consommation des ménages et freiner les investissements privés.

Sur le plan fiscal, la Tunisie continuera à faire face à des déficits budgétaires importants, malgré une certaine baisse liée aux efforts de réforme fiscale et de maîtrise des dépenses publiques. Les

besoins de financement demeureront élevés, en raison, surtout, de l’augmentation du service de la dette publique. Ceci nécessiterait, potentiellement, une augmentation des emprunts, tant sur le marché national qu’international. En conséquence, le déficit public structurel et l’augmentation du service de la dette épuiseront les ressources et réduiront l’espace budgétaire nécessaire à l’engagement d’une politique de relance économique et la mise en œuvre des réformes structurelles.

Face à la persistance de ces risques et défis, une gestion prudente des politiques économiques et fiscales est indispensable pour préserver les équilibres macroéconomiques et assurer la stabilité financière, ainsi que pour stimuler la reprise économique et converger vers une croissance soutenue. Par ailleurs, l’impact du changement climatique qui accentue la pression sur les ressources en eau constitue un autre défi, et non le moindre.

Tableau 2-1 : Evolution des principaux indicateurs de l’économie Tunisienne (En MDT sauf indication contraire)

Désignation2021202220232024*Variations en % 2023 2024*
Comptes nationaux20222023
– Croissance du PIB (aux prix de l’année précédente) 4,5 2,8 0,2 1,6
* Agriculture et pêche -2,0 1,0 -16,1 8,6
* Hors agriculture et pêche 5,3 3,1 2,2 0,9
– PIB (aux prix courants) 130.815 139.574 152.671 166.228 9,4 8,9
– Revenu national disponible brut (RNDB) 136.400 146.441 156.721 168.830 7,0 7,7
– RNDB par habitant (en dinars) 11.575 12.286 13.225 14.247 7,6 7,7
– Consommation globale 123.821 134.608 148.206 161.046 10,1 8,7
* Consommation publique 27.370 28.372 30.348 32.554 7,0 7,3
* Consommation privée 96.451 106.237 117.858 128.492 10,9 9,0
– Propension moyenne à consommer (consommation/RNDB) : en % 1 90,8 91,9 94,6 95,4 2,7 0,8
– Epargne nationale brute 12.579 11.833 8.515 7.784 -28,0 -8,6
– Taux d’épargne nationale (en %du RNDB) 1 9,2 8,1 5,4 4,6 -2,7 -0,8
– Formation brute de capital fixe 20.858 22.787 23.695 26.145 4,0 10,3
– Taux d’investissement (en %du PIB) 1 15,9 16,3 15,5 15,7 -0,8 0,2
Prix
– Indice des prix à la consommation (base 100 en 2015) 139,6 151,1 165,2 9,3
* Produits alimentaires et boissons 138,4 153,5 175,5 14,4
* Produits non alimentaires et services 140,0 150,3 161,6 7,5
Emploi
– Taux de chômage (en %) 1 16,2 15,2 16,4 1,2
– Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans (en %) 1 40,0 38,8 40,9 2,1
Paiements extérieurs
– Taux de couverture (Export/Import en %) 1 74,2 69,5 78,4 8,9
– Déficit de la balance commerciale (FOB-CAF) 16.211 25.231 17.069 -32,4
– Recettes touristiques 2.954 5.420 6.921 27,7
– Revenus du travail 8.001 8.367 8817 5,4
– Déficit courant 2 7.752 12.315 3.433 8.881
. En %du PIB 1 5,9 8,8 2,2 6,6-
– Capacité (+) /Besoin (-) de financement du Compte financier 2 -5.765 -9.102 -1.293 7.808
– dont : Avoirs de Réseve 2 338 -460 3.371 3.831
– Coefficient du service de la dette extérieure (des crédits des transactions courantes) 1 21,7 13,9 16,4 2,5
– Taux d’endettement extérieur (en %du PIB) 1 60,8 59,0 53,4 5,6-
Finances publiques
– Pression fiscale (en %du PIB) 1 23,3 25,4 24,9 25,1 -0,5 0,2
– Déficit budgétaire en %du PIB 1/3 7,7 7,9 7,4 6,6 -0,5 -0,8
– Dette publique (en %du PIB) 1 79,6 82,3 83,0 79,8 0,7 -3,2
Indicateurs monétaires 4
– Agrégat M3 101.269 110.504 120.398 9,0
. Taux de liquidité de l’économie (M3/PIB): en % 1 74,5 75,4 74,3 -1,1
– Avoirs extérieurs nets 2 6.605 5.969 8.829 2.860
dont : * Avoirs nets en devises 2 23.313 22.949 26.408 3.459
* En jours d’importation 5 134 100 120 20
– Créances nettes sur l’Administration Centrale 2 26.860 31.762 41.304 9.542
– Créances de l’économie 104.052 112.255 115.086 2,5

Sources : BCT, INS, Ministère de l’Economie et de la Planification et Ministère des Finances.

  • Prévisions.
  • 2 Variations en MDT.
  • 1 Variations en points de pourcentage.
  • 3 Hors amortissement de la dette, revenu de privatisation et dons.
  • 5 Variations exprimées en jours.
  • 4 Système financier.

2-2. Analyse sectorielle de la croissance économique

25/06/2024

En 2023, l’économie nationale a affiché une croissance quasi-nulle, principalement impactée par une sévère récession dans le secteur agricole, fortement affecté par des conditions climatiques défavorables. Cette situation a été aggravée par le déclin persistant de l’activité industrielle non manufacturière ainsi que par les faibles performances du secteur manufacturier. Néanmoins, une dégradation plus marquée de la croissance a été évitée, grâce à la bonne tenue du secteur des services et à l’apport positif des impôts nets de subventions. En conséquence, la croissance économique n’a atteint que 0,2% en 2023, bien en deçà des 2,8% enregistrés en 2022 et du taux de croissance de 4,5%, pré-pandémique, de 2021.

En effet, le secteur agricole, fortement dépendant de l’irrigation, a marqué le rythme du ralentissement économique. Ce secteur a connu une contraction significative de 16,1%, faisant suite à une croissance modeste de 1,0% en 2022, et a ainsi retranché un point de pourcentage à la croissance globale. La principale cause de cette régression est attribuée à une sévère sécheresse depuis quatre ans, engendrant une crise hydrique de grande ampleur. Les répercussions ont été significatives sur la production agricole dans ses différentes filières, mais ont été particulièrement sévères sur les grandes cultures. Dans ce contexte, la saison agricole 2022-2023 a connu une nette contraction de la récolte céréalière qui a été ramenée à 550 mille tonnes contre 1790 mille réalisées la saison écoulée, soit une perte de plus des deux-tiers. Également, la production de l’huile d’olive et celles des dattes et des agrumes se sont repliées de 9,6%, 7,6% et 17,1%, pour se situer, respectivement, à 217 mille, 340 mille et 290 mille tonnes, contre 240 mille, 368 mille et 350 mille tonnes durant la saison précédente.

Il faut noter qu’en dehors du secteur agricole, l’activité économique tunisienne a également enregistré un ralentissement ; progressant ainsi de +2,2% contre +3,1% en 2022.

Pour ce qui est des industries non manufacturières , elles ont poursuivi leur tendance baissière en 2023 (-2,6% après -5,5% un an plus tôt) contribuant, ainsi, négativement à la croissance globale à raison de 0,2 point de pourcentage. Ceci s’explique par les difficultés persistantes au niveau des secteurs extractifs et celui de la construction, empêchant leurs reprises. La contraction a été plus prononcée dans le secteur minier (-2,3%) du fait que la production nationale du phosphate brut ait connu une dégradation sensible en 2023 de -20,7% par rapport à l’année précédente, revenant à environ 2,8 millions de tonnes, soit son plus bas niveau depuis l’année 2018. Cette baisse reflète la suspension de l’activité au site de Redeyef ainsi que les perturbations de la production à celui de Moularès.

Également, le secteur de l’extraction de pétrole brut et de gaz naturel a continué de connaître une baisse (-1,8%), prolongeant la tendance négative observée l’année précédente (-12,5%). Cette situation résulte principalement du déclin naturel de plusieurs gisements et de l’arrêt temporaire de la production dans certaines installations pétrolières et gazières, dû à des problèmes techniques et des périodes de maintenance. D’ailleurs, après avoir fléchi de 14% en 2022, la production nationale de pétrole brut a été réduite de 5% en 2023, avec une production journalière moyenne revenant à 33,1 mille barils par jour, à fin décembre 2023, contre 35,4 mille une année auparavant. La production nationale de gaz naturel a également baissé de 10% en 2023, après -7% un an plus tôt.

De son côté, le secteur de la construction connaît toujours des difficultés, enregistrant une diminution de sa valeur ajoutée de 4,0% en 2023, contre -5,7% en 2022.

Au niveau des industries manufacturières , une légère progression a été observée en 2023 (+0,5% après +5,9% en 2022), tirée principalement par les industries mécaniques et électriques dont la valeur ajoutée a progressé de 5,8% (contre +8,4% en 2022) et les industries diverses (3,0% contre 4,5%), contribuant, respectivement, à raison de +0,3 point et +0,1 point de pourcentage à la croissance globale. En revanche, les industries du textile, habillement et cuirs ont connu une forte décélération (+0,1% contre +16,8%), en relation avec la baisse de la demande de la Zone Euro. Les autres secteurs des industries manufacturières ont connu une diminution, notamment,

dans les industries chimiques (-7,6% contre -0,9%), en rapport surtout avec la baisse de la production du phosphate et dérivés, les matériaux de construction, céramique et verre (-7,0% contre -3,4%) affectés par la faiblesse de l’activité de la construction, ainsi que les industries agroalimentaires (-2,5% contre +0,4%) touchées par la contraction de la production agricole.

Pour ce qui est des services, l’activité a continué à bien se comporter au cours de l’année 2023 (+3,1% contre +3,6% en 2022), contribuant, ainsi, positivement de 1,9 point de pourcentage à la croissance globale.

En particulier, le secteur des services d’hôtellerie, de café et de restauration a enregistré la plus forte hausse, soit 12,8% (contre +18,3% en 2022), avec une contribution à la croissance de +0,4 point de pourcentage, continuant à bénéficier de la reprise de la demande mondiale pour le tourisme et les voyages, suite à la réouverture après la pandémie. Ainsi, le flux de touristes étrangers s’est accru de 57,4% en 2023, portant sur 8,1 millions de touristes contre 5,2 millions une année auparavant. Cette hausse a touché, surtout, les entrées de touristes maghrébins (5,4 millions de touristes contre 3,2 millions un an plus tôt) ainsi que les touristes de nationalités européennes (2,5 millions contre 1,8 millions). Corrélativement, les nuitées touristiques globales ont connu une hausse de 27%, passant de 19,4 millions d’unités en 2022 à 24,6 millions, mais tout en demeurant en dessous de leur niveau pré-Covid (29,9 millions d’unités).

En outre, la résilience du secteur des services, au cours de l’année 2023, a été soutenue, notamment, par les services financiers (+4,1% contre +6,6% en 2022), ceux relatifs au transport (+4,3% contre +13,2%), à l’information et communication (+6,1% contre +0,8%) et, à moindre degré, au commerce (+1,2% contre +1,7%).

Tableau 2-2 : Evolution de la valeur ajoutée par secteur d’activité en termes réels et contribution à la croissance économique

DésignationCroissance de la valeur ajoutée (en %)Contribution à la croissance économique (en points de pourcentage)
202220232024*202220232024*
Agriculture, sylviculture et pêche 1,0 -16,1 8,6 0,1 -1,6 0,8
Industries manufacturières 5,9 0,5 -1,4 0,8 0,1 -0,2
dont :
– Industries agro-alimentaires 0,4 -2,5 0,5 0,0 -0,1 0,0
– Industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre -3,4 -7,0 -5,1 0,0 -0,1 0,0
– Industries mécaniques et électriques 8,4 5,8 -0,3 0,3 0,3 0,0
– Industries du textile, habillement et cuirs 16,8 0,1 -5,3 0,4 0,0 -0,2
– Industries chimiques -0,9 -7,6 1,0 0,0 -0,1 0,0
Industries non manufacturières -5,5 -2,6 -5,0 -0,5 -0,2 -0,4
dont :
– Mines -0,8 -2,3 3,4 0,0 0,0 0,0
– Extraction du pétrole et du gaz naturel -12,5 -1,8 -9,1 -0,3 0,0 -0,3
– Construction -5,7 -4,0 -3,9 -0,2 -0,1 -0,1
Services 3,6 3,1 2,0 2,2 1,9 1,3
dont :
– Commerce, entretien et réparation 1,7 1,2 0,5 0,2 0,1 0,1
– Transport et entreposage 13,2 4,3 2,3 0,5 0,2 0,1
– Information et communication 0,8 6,1 2,8 0,0 0,2 0,1
– Hôtellerie, café et restauration 18,3 12,8 6,3 0,5 0,4 0,2
– Activité financière 6,6 4,1 2,5 0,3 0,2 0,1
PIB aux prix du marché 2,8 0,2 1,6 2,8 0,2 1,6

Sources : INS et Ministère de l’Economie et de la Planification

Prévisions.

Pour l’année 2024 , les prévisions tablent sur une accélération modérée de l’activité économique ( +1,6% ). Cette évolution reflète la reprise attendue du secteur agricole grâce à l’amélioration des conditions climatiques qui devraient profiter aux principales filières agricoles, notamment la céréaliculture et l’oléiculture, ainsi que la résilience des services marchands, quoiqu’à un rythme moins élevé que l’année précédente. Toutefois, l’activité industrielle devrait baisser en 2024 à la suite de la contraction de celle du secteur industriel, en rapport avec l’impact de la faiblesse de l’activité de la Zone Euro sur les industries manufacturières exportatrices, les difficultés persistantes au niveau du secteur des hydrocarbures, en l’absence d’IDE et de nouvelles découvertes de gisements, ainsi que la faiblesse de l’activité des mines, phosphates et dérivés, outre la poursuite de la baisse de l’activité de la construction.

2-3. Demande globale

25/06/2024

Dans un contexte de détérioration de la conjoncture économique, tant au niveau mondial que national, l’évolution de la demande globale a été marquée, en 2023, par une forte contraction de la demande intérieure en volume qui a principalement touché la variation des stocks, en plus du ralentissement de la Formation brute du capital fixe (FBCF) et de la consommation des ménages, conjuguée à une faible évolution de la consommation publique. De ce fait, la contribution de la demande intérieure à la croissance a été négative, soit -8,3 points de pourcentage, contre une contribution positive de 1,6 point en 2022.

Par contre, la contribution de la demande extérieure nette a continué à être positive, pour la deuxième année consécutive, et s’est même consolidée, passant à 8,5 points de pourcentage contre 1,3 point en 2022, reflétant, notamment, le repli du volume des importations contre une poursuite de la hausse des exportations, quoiqu’à un rythme moins rapide qu’une année auparavant.

Graphique 2-1 : Contributions des différentes composantes de la demande globale à la croissance économique

Source : Calculs de la BCT sur la base des données du Ministère de l’Economie et de la Planification

Prévisions.

2-3-1 Demande intérieure

Compte tenu de la conjoncture économique en 2023 , la demande intérieure a accusé une régression de 7,3%, en termes constants, et une faible évolution de 0,9%, en termes courants, traduisant l’essoufflement de ses principales composantes, à savoir la consommation et l’investissement.

Globalement, la consommation finale nationale a continué de ralentir en 2023, en termes constants, soit 1,4% contre 1,7% une année auparavant, ralentissement qui a été à l’origine de la baisse de sa contribution à la croissance économique de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à

1,4 point. Cette évolution a touché, principalement, la consommation privée tandis que la consommation publique a gardé la même contribution qu’une année auparavant, soit 0,2 point de pourcentage. En revanche, aux prix courants, la consommation globale a poursuivi sa progression, passant de 8,7% en 2022 à 10,1% en 2023, soit un rythme supérieur à celui du revenu national disponible brut (RNDB), qui est de 7,0%, portant ainsi la propension moyenne à consommer à 94,6% du RNDB contre 91,9% en 2022.

Constituant la principale composante de la demande intérieure, avec une part dans le PIB de l’ordre de 77,2%, la consommation privée s’est accrue de 10,9%, aux prix courants, contre 10,1% en 2022. En termes réels, l’accroissement de la consommation des ménages s’est limité à 1,5% contre 1,8% une année auparavant. En effet, la consommation a connu un essoufflement, pour la deuxième année consécutive, suite à la faiblesse de l’activité économique et le maintien du chômage à des niveaux élevés, à l’accélération de l’inflation ayant fortement impacté les revenus des ménages et leur pouvoir d’achats et ce, outre l’accès de plus en plus coûteux au crédit.

Quant à la consommation publique, elle a poursuivi son accroissement aux prix courants (7,0% en 2023 contre 3,7% en 2022), mais elle a connu, aux prix constants, le même accroissement qu’une année auparavant, soit une faible évolution de 1,1%, reflétant la rationalisation des dépenses publiques, notamment celles de fonctionnement qui n’ont augmenté que de 1% contre 21,3% en 2022. Particulièrement, les charges de compensation ont affiché une contraction de 4,4% pour revenir à 7,5% du PIB, après 8,6% en 2022, et ce, suite au fléchissement des prix des produits de base sur les marchés internationaux. Également, les dépenses de rémunération publique, qui constituent la rubrique la plus importante des dépenses budgétaires avec une part dans le PIB de 14,2%, ont connu une décélération, revenant de 4,7% en 2022 à 2,3% en 2023.

Concernant les investissements, la FBCF a augmenté à un rythme moins rapide qu’une année auparavant, aussi bien en termes courants qu’en termes constants, soit 4,0% et 0,5% contre, respectivement, 9,3% et 2,3% en 2022. Cette évolution s’explique, essentiellement, par la reprise de l’investissement public en relation avec l’accélération des dépenses d’équipement de l’Etat (+20,0% contre -0,8%), outre la poursuite de la hausse des investissements directs étrangers (+8,2%). Ainsi, le taux d’investissement a connu une baisse, revenant de 16,3% à 15,5% du PIB, d’une année à l’autre.

2-3-2 Demande extérieure

Les exportations de biens et services n’ont progressé, en 2023, en termes courants, que de -9,6% contre 29,5% une année auparavant, soit une évolution proche de celle du PIB qui s’est traduite par une quasi-stagnation de la propension moyenne à exporter au niveau de 51%. En particulier, les exportations de biens ont subi l’effet conjugué de la contraction remarquable de la production des secteurs des hydrocarbures et du phosphate et du ralentissement dans les secteurs de l’agriculture et des industries manufacturières, en dehors des industries mécaniques et électriques qui ont montré une résilience face à la faiblesse de la demande extérieure. Néanmoins, cette évolution a été, partiellement, atténuée par l’amélioration des recettes des services, notamment celles du tourisme et du transport aérien qui ont progressé, respectivement, de 27,7% et 25,4%, en termes courants.

Quant aux importations de biens et services , elles ont connu une contraction de 5,4%, aux prix courants, après une progression de 32,3% une année auparavant, en relation avec le net repli des prix internationaux, conjugué à la faiblesse de l’activité économique et de la demande locale. La baisse a touché, principalement, les importations de l’énergie et, à un moindre degré, celles de matières premières et demi-produits et des produits alimentaires, outre le ralentissement des achats de biens d’équipement et de consommation.

Tableau 2-3 : Evolution des ressources et emplois aux prix de l’année précédente (En %)

Désignation20202021202220232024*
PIB aux prix du marché -8,7 4,5 2,8 0,2 1,6
Importations de biens et services -16,6 10,9 11,5 -8,1 0,2
Total ressources = Total emplois -11,5 6,5 5,8 -3,1 1,1
Consommation finale -4,9 2,9 1,7 1,4 1,6
– Publique -4,1 2,2 1,1 1,1 1,2
– Privée -5,1 3,1 1,8 1,5 1,7
FBCF -22,4 4,0 2,3 0,5 4,6
Demande intérieure -8,0 4,6 1,4 -7,3 1,4
Exportations de biens et services -20,0 11,9 17,3 6,4 0,5

Prévisions.

Source : INS et Ministère de l’Economie et de la Planification (BE 2024)

Pour l’année 2024 , l’amélioration prévue de l’activité économique s’accompagnerait d’un rééquilibrage de la croissance à la faveur de la demande intérieure, dont la contribution redeviendrait positive de 1,5 point de pourcentage, après sa contraction en 2023. Cette reprise s’explique, notamment, par la poursuite de la consolidation des investissements et par une légère amélioration de la consommation privée, contre une faible évolution de la consommation publique en relation avec la poursuite du resserrement de la politique budgétaire.

Pour sa part, la demande extérieure connaîtrait une forte décélération imputable, notamment, aux faibles perspectives économiques pour la Zone Euro, affectant les industries manufacturières exportatrices, ainsi qu’à la persistance des difficultés dans le secteur énergétique. En revanche, une reprise des exportations du phosphate et dérivés, une poursuite de l’amélioration de l’activité touristique et une meilleure saison agricole sont-elles attendues pour l’année 2024.

2-4. Financement des investissements

12/06/2024

L’épargne nationale a continué, en 2023, sa régression, quoiqu’à un rythme plus aigu qu’une année auparavant, soit -28% contre -5,9%. Cette évolution s’est traduite par une baisse du taux d’épargne, revenant de 8,1% du RNDB à 5,4%, d’une année à l’autre, contre un taux d’investissement qui s’est établi à 15,5% du PIB. Ainsi, le gap de financement entre l’investissement et l’épargne s’est élargi pour atteindre 9,9% du PIB (un gap de 7,8% du PIB compte tenu de la variation des stocks).

Cet affaiblissement de l’épargne nationale, pour la deuxième année consécutive, est lié à la morosité de l’activité économique conjuguée à l’inflation ayant affecté les revenus des différents agents économiques, face à l’accroissement de la consommation globale. Également, l’accroissement modéré des transferts des tunisiens résidents à l’étranger (+3,7%), qui se sont élevés à 8.676 MDT, a contribué à cette évolution.

Tableau 2-4 : Financement intérieur des investissements (En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation2021202220232024*2023 20222024* 2023
FBCF globale 20.858 22.787 23.695 26.145 4,0 10,3
– En %du PIB 15,9 16,3 15,5 15,7
Variation des stocks -527 1.360 -11.746 -13.831
Total des besoins de financement (FBCF + variation des stocks) 20.331 24.148 11.949 12.315 -50,5 3,1
Epargne nationale 12.579 11.833 8.516 7.783 -28,0 -8,6
– En %du RNDB 9,2 8,1 5,4 4,6
Taux de financement intérieur
– Epargne nationale/FBCF (en %) 60,3 51,9 35,9 29,8
– Epargne nationale/total besoins de financement (en %) 61,9 49,0 71,3 63,2

Prévisions.

Source : Ministère de l’Economie et de la Planification

Concernant l’épargne de l’administration centrale, le solde des ressources propres et dons, par rapport aux dépenses courantes y compris les intérêts de la dette, a enregistré une certaine amélioration, revenant de -1.353 MDT à -650 MDT, d’une année à l’autre. Cette évolution s’explique par la hausse des recettes propres contre la maîtrise des dépenses en dehors des intérêts de la dette qui ont continué leur tendance haussière, passant de 4.663 MDT à 5.831 MDT.

Par ailleurs, la progression de l’investissement, à un rythme plus accéléré que celui de l’épargne nationale, a engendré la diminution de la contribution de l’épargne au financement des investissements, pour la deuxième année consécutive. Ainsi, le taux de financement intérieur de l’investissement est revenu à 35,9% de la FBCF, en 2023, contre 51,9%, un an plus tôt. Compte tenu de la variation des stocks, ce taux a connu une amélioration passant, de 49,0% à 71,3%, d’une année à l’autre.

Pour l’année 2024 , il est attendu une progression de l’épargne à un rythme moins important que celui des investissements, se traduisant par une certaine hausse des besoins de financements extérieurs.

2-5. Marché du travail et salaires

25/06/2024

Le marché du travail en Tunisie demeure accablé par un ensemble de facteurs structurels bloquant la relance de l’emploi, notamment la faiblesse de l’activité économique, la carence de l’investissement et des projets à forte employabilité.

En 2023, la croissance économique a été à peine de 0,2%, se traduisant par des pertes d’emplois d’environ 83 mille postes et ce, pour la première fois depuis l’année de la pandémie, portant le nombre total des sans-emplois à 667,5 mille, faisant augmenter le taux de chômage global de 1,2 point de pourcentage, pour s’établir à 16,4%, à la fin de l’année, contre 15,2%, au terme de 2022.

Par genre, il y a lieu de constater l’écart significatif entre (22,2%) et chez les hommes (13,8%). Par tranche d’âge, le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a augmenté, passant à 40,9% contre 38,8% en 2022, niveau largement supérieur à la moyenne nationale.

En revanche, le taux du chômage des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur a diminué de 0,8 point de pourcentage entre 2022 et 2023, pour s’élever à 23,2%. Toutefois, le chômage chez les diplômés demeure préoccupant, surtout que la demande d’emploi de cette catégorie est en constante augmentation.

C’est ainsi que de nouveaux amendements ont été apportés aux programmes actifs du Fonds National pour l’Emploi ainsi qu’aux conditions et modalités de leur bénéfice et ce, à travers la publication du décret n° 2023-461 du 5 juin 2023, dans le but d’améliorer l’employabilité des jeunes à la recherche d’emploi, de réinsérer ceux ayant perdu leurs emplois, d’accélérer le rythme de création d’entreprises, dans le cadre de l’économie sociale et solidaire et des entreprises communautaires, et de préserver la pérennité des petites entreprises.

Dans ce sens, le Gouvernement tunisien, par ses encouragements de l’initiative privée qui est le principal créateur d’emploi, a alloué les fonds nécessaires afin de relever le plafond de financement au profit des jeunes entrepreneurs. A cet égard, des fonds supplémentaires de l’ordre de 20 MDT ont été mobilisés, en 2023, au profit d’environ 4.000 diplômés de l’enseignement supérieur via la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), lui permettant d’augmenter le plafond des crédits à leur profit de 150 mille à 200 mille dinars.

En sus, il a été annoncé, le 21 novembre 2023, le lancement d’un programme spécial de soutien aux petites entreprises en difficultés, en leur accordant des subventions pour contribuer au financement de leurs projets et en les accompagnant après la phase de création, moyennant une dotation de 34 MDT. Dans le cadre de ce même programme, le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle a annoncé, au cours du même mois, la mise à disposition d’une subvention de financement (allant jusqu’à 50% du coût d’investissement plafonné à 15 mille dinars) au profit des jeunes entrepreneurs ayant obtenu l’accord de principe de financement par la BTS, lesquels peinent à trouver l’autofinancement de leurs projets.

Également, le Gouvernement a annoncé, à la mi-juin 2023, le lancement du Fonds de l’emploi et de la jeunesse, en partenariat avec les Nations-Unis, qui aura pour but de financer des projets d’autonomisation économique, de soutenir l’entrepreneuriat et divers programmes d’appui à l’emploi, favorisant ainsi l’employabilité des jeunes, notamment diplômés, et leur intégration dans la vie active et dans le milieu des affaires.

Tableau 2-5 : Principaux indicateurs de l’emploi (En milliers, sauf indication contraire)

Variation en %
Désignation2018201920202021202220232022 20212023 2022
– Population active totale 4.153 4.190 4.159 4.160 4.124 4.084 -0,9 -1,0
– Taux global d’activité (en %) * 48,0 48,1 47,3 47,0 46,5 45,8 -0,5 -0,7*
– Population active occupée 3.508 3.566 3.434 3.486 3.500 3.416 0,4 -2,4
– Taux d’emploi (en %)* 40,0 41,0 39,0 38,5
– Créations d’emplois ** 28,0 58,0 -132,6 53,4 12,8 -83,4 -40,6 -96,2**
– Nombre de chômeurs 645 624 725 674 624 668 -7,4 7,1
– Taux de chômage global (en %)* 15,5 14,9 17,4 16,2 15,2 16,4 -1,0 1,2*
dont :
– Taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans* 33,4 33,8 42,5 40,0 38,8 40,9 -1,2 2,1*

Variations en points de pourcentage.

Source : Institut National de la Statistique

**Variations en milliers.

De son côté, la population active occupée a connu un fléchissement de 2,4% pour revenir à 3.416,2 mille, en 2023, contre 3.499,6 mille un an plus tôt. La répartition sectorielle des occupés montre que le secteur des services reste le principal employeur en Tunisie, accaparant 54% du total, suivi du secteur des industries manufacturières avec 18%. En revanche, les deux secteurs de l’agriculture et de la pêche et celui des industries non manufacturières, détiennent le nombre des occupées le plus faible, avec des parts respectives de 15% et 13%. Faut-il encore souligner que la baisse des occupés, durant l’année 2023, a touché la majorité des secteurs d’activité, à l’exception de celui de l’agriculture et de la pêche qui a enregistré une hausse de 4,6%, soit 512 mille postes.

S’agissant des salaires , le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) pour les secteurs non agricoles et le salaire minimum agricole garanti (SMAG) ont été maintenus à leurs niveaux, en 2023, par suite de leurs augmentations en octobre 2022.

Par ailleurs, et conformément à l’accord triennal du 15 septembre 2022 entre le Gouvernement et l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), couvrant les années 2023, 2024 et 2025, les agents de l’Etat, des collectivités locales et des établissements publics à caractère administratif ont bénéficié, en 2023, de la deuxième tranche des augmentations, variant entre 65 dinars et 100 dinars selon les catégories.

En ce qui concerne le secteur privé, les salariés ont bénéficié, en 2023, d’une majoration de 6,75% et ce, en application de la convention signée, en 2022, entre l’UGTT et l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA).

Tableau 2-6 : Evolution des salaires minimums légaux (En dinars, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignationjuin-17août-18mai-19oct-20oct-22Oct.2020 Mai 2019Oct.2022 Oct.2020
Salaire minimum inter- professionnel garanti (SMIG)
– SMIG horaire en millimes
* Régime 48h par semaine 1,717 1,820 1,938 2,064 2,208 6,5 7,0
* Régime 40h par semaine 1,763 1,866 1,984 2,110 2,254 6,4 6,8
– SMIG mensuel
* Régime 48h par semaine 357,136 378,560 403,104 429,312 459,264 6,5 7,0
* Régime 40h par semaine 305,586 323,439 343,892 365,732 390,692 6,4 6,8
Salaire minimum agricole garanti par journée de travail (SMAG) 13,736 14,560 15,510 16,512 17,664 6,5 7,0

Source : Journal Officiel de la République Tunisienne

2-6. Finances publiques 1

25/06/2024

26/06/2023

Malgré la persistance des pressions dues à la succession de chocs externes tels que la crise sanitaire, la guerre russo-ukrainienne, le changement climatique…, l’économie tunisienne a pu limiter, en 2023, les impacts négatifs de ces facteurs, reflétant ainsi de signes de résilience.

En effet, au niveau des finances publiques, les résultats de l’exécution du budget de l’État, pour l’année 2023, ont conduit à un déficit hors dons et confiscations de l’ordre de -7,4% du PIB contre -7,9% en 2022. Ceci est dû, principalement, à l’accroissement de recettes fiscales de 7,3%, d’une part, et aux efforts déployés pour la maîtrise des dépenses courantes, d’autre part.

Le taux d’endettement public a enregistré une augmentation de 82,3% à 83,0% du PIB, d’une année à l’autre. Toutefois, ce ratio reste à des niveaux élevés, posant toujours les mêmes défis quant à la soutenabilité des agrégats budgétaires.

D’ailleurs, les efforts de l’Etat ont été orientés, en 2023, vers l’amélioration de l’efficience du système fiscal et le renforcement des capacités de recouvrement des ressources propres, à travers un ensemble de mesures ayant trait, essentiellement, à l’intégration de l’économie parallèle, la lutte contre l’évasion fiscale et la promotion de la croissance inclusive. D’autres efforts ont été également déployés en matière de discipline budgétaire via, essentiellement, la rationalisation des dépenses publiques.

2-6-1 Ressources du budget de l’Etat

Les ressources totales du budget de l’Etat ont enregistré, durant l’année 2023, une hausse de 14,2% pour s’établir à 69.291,1 MDT. Cette évolution revient, essentiellement, à l’augmentation

1 Source : Ministère des Finances.

des ressources propres de 5,5% et à une plus grande mobilisation des ressources de trésorerie, affichant une progression de 32,5% pour atteindre 26.059,7 MDT.

Il y a lieu, cependant, de noter que, en dépit des orientations budgétaires de l’Etat visant la restructuration des recettes vers une consolidation de la part des ressources propres, le financement du budget a porté la marque d’une hausse de la contribution des ressources de trésorerie de 5 points de pourcentage, d’une année à l’autre, pour s’élever à 37,6% de l’ensemble des ressources, contre un fléchissement de la part des ressources propres et dons qui est revenue de 67,6% en 2022 à 62,4% en 2023.

Tableau 2-7 :

Equilibre du budget de l’Etat (En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation202220232024*2023 20222024 2023
Total Ressources budgétaires 40.992,9 43.231,5 49.160,0 5,5 13,7
Recettes fiscales 35.449,4 38.047,3 44.050,0 7,3 15,8
Recettes non fiscales 4.165,5 4.483,9 4.760,0 7,6 6,2
Dons 1.378,0 700,3 350,0 -49,2 -50,0
Total Charges budgétaires 50.626,9 53.858,0 59.805,0 6,4 11,0
Dépenses de Rémunération 21.124,8 21.607,6 23.711,1 2,3 9,7
Dépenses de Gestion 2.146,1 2.458,1 2.538,4 14,5 3,3
Dépenses d’Interventions 17.931,6 18.270,5 19.696,2 1,9 7,8
Dépenses d’Investissements 4.627,3 5.624,2 5.274,0 21,5 -6,2
Dépenses des Opérations Financières 133,7 66,8 67,1 -50,0 0,4
Charges de financement 4.663,4 5.830,8 6.838,0 25,0 17,3
Dépenses Imprévues et non réparties 1.680,2
Solde budgétaire hors privatisations, confiscation et dons -11.056,9 -11.326,8 -11.515,0
En %duPIB -7,9 -7,4 -6,6
Total Ressources de Trésorerie 19.667,8 26.059,7 28.708,0 32,5 10,2
Ressources d’Emprunts 18.304,0 19.069,9 28.188,0 4,2 47,8
Emprunts intérieurs 10.502,6 13.245,0 11.743,0 26,1 -11,3
Emprunts extérieurs 7.801,4 5.825,0 16.445,0 -25,3 182,3
Autres Ressources de Trésorerie 1.363,7 6.989,7 520,0 412,5 -92,6
Recouvrement principal des prêts 250,9 256,8 200,0 2,4 -22,1
Autres Ressources de Trésorerie 1.112,8 6.732,9 320,0 505,0 -95,2
Total Charges de Trésorerie 19.667,8 26.059,7 28.708,0 32,5 10,2
Remboursement principal de la dette 9.778,1 14.920,0 17.863,0 52,6 19,7
Dette intérieure 5.530,3 8.398,3 8.119,0 51,9 -3,3
Dette extérieure 4.247,8 6.521,7 9.744,0 53,5 49,4
Financement du déficit y compris privatisations, dons et confiscation 9.633,9 10.626,5 10.645,0 10,3 0,2
Prêts et avances nets du trésor 255,7 513,1 200,0 100,7 -61,0

Provisoires (LF 2024).

Source : Ministère des Finances.

2-6-1-1 Ressources budgétaires

L’année budgétaire 2023 s’est caractérisée par une augmentation des ressources propres, quoiqu’à un rythme moins rapide que l’exercice précédent en raison principalement du net ralentissement de la croissance économique. Cette évolution traduit l’amélioration du recouvrement, grâce au renforcement du dispositif de lutte contre l’évasion fiscale et d’autres mesures, à l’instar du relèvement conjoncturel de la contribution sociale de solidarité pour les

personnes morales, l’institution de l’impôt sur la fortune foncière, l’augmentation du seuil minimal des amendes sur les transactions en espèces, la révision de l’impôt minimum pour les contribuables soumis au régime forfaitaire ainsi que la majoration des pénalités de retard des dépôts des déclarations.

En conséquence, les recettes fiscales se sont inscrites en hausse de 7,3%, en 2023, contre 16,6% en 2022, pour se situer à 38.047,3 MDT. Cette évolution tient, essentiellement, au bon comportement des impôts directs (+11,4% contre +13,5% en 2022), en relation avec la consolidation des impôts sur les revenus (+12,9% contre +6, 2%) émanant du nouveau programme de la majoration des salaires dans le secteur public, conclu en 2022. En revanche, l’impôt sur les sociétés a accusé un net ralentissement (+7,9% contre +35%) du fait de la forte contraction des impôts collectés auprès des sociétés pétrolières (-31,5%), eu égard à la contraction de la production nationale des hydrocarbures, conjuguée à la régression du prix moyen international du baril de pétrole (taux moyen de 82,6 $/baril en 2023 contre 101,2 $/baril en 2022). Par contre, les impôts en provenance des sociétés non pétrolières ont continué à progresser à un rythme soutenu (+27% contre +21% en 2022), dû notamment à la croissance économique enregistrée en 2022 (+2,8%).

De leur côté, les recettes issues des impôts et taxes indirects ont, elles aussi, accusé un ralentissement en 2023, soit +4,6% contre +18,8% une année auparavant. Cette décélération est attribuable, surtout, au modeste rendement de la taxe sur la valeur ajoutée (+2,8% contre +16,1%), sous l’effet de la faiblesse de la consommation privée. Le droit de consommation s’est accru de 5,7% contre 12,5% l’année précédente, suite notamment à l’augmentation des prix des cigarettes en août 2023. En outre, une progression limitée des droits de douanes a été enregistrée (+3,6% contre +25,6%), à cause du fléchissement des importations.

Par ailleurs, compte tenu de la progression du PIB nominal de 9,4%, la pression fiscale a connu, en 2023, une légère baisse, revenant de 25,4% en 2022 à 24,9% en 2023.

Tableau 2-8 :

Ressources budgétaires (En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation202220232024*2023 20222024 2023
Recettes fiscales 35.449,4 38.047,3 44.050,0 7,3 15,8
– Impôts directs 14.390,0 16.026,4 18.157,0 11,4 13,3
* Impôts sur les revenus 10.075,3 11.372,8 12.383,0 12,9 8,9
* Impôts sur les sociétés 4.314,7 4.653,6 5.774,0 7,9 24,1
– Impôts et taxes indirects 21.059,4 22.020,8 25.893,0 4,6 17,6
dont :
* Taxe sur la valeur ajoutée 10.174,0 10.461,9 11.791,0 2,8 12,7
* Droits de consommation 3.604,0 3.809,4 4.369,0 5,7 14,7
Recettes non fiscales 4.165,5 4.483,9 4.760,0 7,6 6,2
dont :
– Redevance gazoduc 1.828,7 2.064,4 1.369,0 12,9 -33,7
– Revenus des participations 624,9 608,8 1.260,0 -2,6 107,0
– Privatisations et revenus confisqués 45,0 520,0
Dons 1.378,0 700,3 350,0 -49,2 -50,0
Total ressources budgétaires 40.992,9 43.231,5 49.160,0 5,5 13,7

Provisoires (LF 2024).

Source : Ministère des Finances.

Quant aux recettes non fiscales , elles ont connu, en 2023, un accroissement de 7,6%, contre +34,4% en 2022, pour s’établir à 4.483,9 MDT. Cette évolution s’explique, notamment, par la hausse de la redevance gazoduc trans-tunisien (+235,7 MDT), atténuée par la régression des revenus de participation d’un montant de 16,1 MDT.

De leurs côtés, les dons ont accusé une chute notable de 49,2%, revenant de 1.378 MDT en 2022 à 700,3 MDT en 2023. Cette tendance baissière devrait se poursuivre l’année qui suit pour se limiter à 350 MDT.

Pour l’année 2024 , les prévisions tablent sur un accroissement des recettes non fiscales de 6,2% et ce, compte tenu de la progression attendue des revenus de participation, notamment de la part de bénéfice de la Banque Centrale de Tunisie estimée à 500 MDT, des participations de l’Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières (ETAP), avec une contribution de 300 MDT, et de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), avec 200 MDT.

2-6-1-2 Ressources de trésorerie

L’accroissement des besoins de financement de l’Etat, à un rythme plus rapide que celui des recettes propres, a induit un recours accru du Gouvernement à l’endettement en 2023. En effet, les ressources de trésorerie ont connu une hausse de 32,5% pour atteindre 26.059,7 MDT. Sur ce total, 14.920,0 MDT ont été dépensés au titre du remboursement du principal de la dette et, de ce fait, les emprunts nets se sont établis à 11.139,7 MDT.

2-6-1-2-1 Les ressources d’emprunts

Malgré son léger apaisement, le niveau du déficit budgétaire a engendré une poursuite du recours aux ressources d’emprunts , en 2023, qui se sont inscrites en hausse de 4,2%, par rapport à 2022, pour atteindre 19.069,9 MDT. Eu égard aux difficultés d’accès au financement international, le Trésor public a dû intensifier son recours à l’endettement intérieur, dont la part a atteint 69,5% du total de l’enveloppe d’emprunt contre 30,5% de ressources provenant de l’extérieur.

La mobilisation des ressources intérieures d’emprunt a été assurée à hauteur de 46,7% au moyen de l’émission des Bons de Trésor à Court Terme (BTCT) pour une durée de 52 semaines. Les Bons du Trésor Assimilables (BTA), qui constituent l’outil traditionnel pour ce mode de financement, ont représenté seulement 15,9%. Les autorités ont procédé, également, au lancement d’un emprunt national pour un montant global de 3.798,8 MDT, mobilisé en 4 tranches.

Par ailleurs, le recours aux tirages sur les ressources extérieures a atteint 5.825,0 MDT, dont 3.366,6 MDT ont été levés à travers différents programmes d’appui budgétaire multilatéraux, conclus avec la Banque Mondiale (BM), l’Agence française de Développement (AFD), le Fonds Monétaire Arabe (FMA) et l’AFREXIM BANK. Sur le plan bilatéral, l’on note, en particulier, l’emprunt mobilisé auprès de l’Arabie Saoudite.

2-6-1-2-2 Autres ressources de trésorerie

Les autres ressources de trésorerie ont sensiblement progressé passant de 1.363,8 MDT, en 2022, à 6.989,7 MDT, en 2023.

Tableau 2-9 : Ressources de trésorerie

(En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation202220232024*2023 20222024 2023
Emprunts intérieurs 10.502,6 13.245,0 11.743,0 26,1 -11,3
– Bons du Trésor à 52 semaines 4.776,0 6.179,0 5.805,0 29,4 -6,1
– Bons du Trésor assimilables 2.411,9 2.103,8 2.375,0 -12,8 12,9
– Emprunt national 2.974,8 3.798,8 2.870,0 27,7 -24,4
– Autres 339,9 1.163,4 693,0 242,3 -40,4
Emprunts extérieurs 7.801,4 5.825,0 16.445,0 -25,3 182,3
– Tirages budgétisés 5.613,5 3.366,6 14.470,0 -40,0 329,8
– Emprunts extérieurs affectés 1.709,1 1.988,8 1.775,0 16,4 -10,8
– Prêts extérieurs rétrocédés aux entreprises publiques 478,8 469,6 200,0 -1,9 -57,4
Total Ressources d’Emprunts 18.304,0 19.069,9 28.188,0 4,2 47,8
Recouvrement principal des prêts 250,9 256,8 200,0 2,4 -22,1
Autres Ressources de Trésorerie 1.112,8 6.732,9 320,0 505,0 -95,2
Total Autres Ressources de Trésorerie 1.363,8 6.989,7 520,0 412,5 -92,6
Total 19.667,8 26.059,7 28.708,0 32,5 10,2

2-6-2 Dépenses du budget de l’Etat

Corrélativement à l’adoption d’une politique budgétaire rationnelle, axée sur la maîtrise des dépenses, conjuguée au fléchissement des prix internationaux des produits de base et des hydrocarbures sur le marché international, les charges budgétaires ont connu un ralentissement, revenant de 16,5%, en 2022, à 6,4%, en 2023, pour s’établir à 53.858,0 MDT. Cette détente trouve son origine, principalement, dans la baisse notable du rythme d’accroissement des dépenses d’intervention, notamment les charges de compensation, et, à moindre degré, de celui des rémunérations ; étant signalé que ces deux postes de dépenses accaparent, à eux seuls, 74% du total des dépenses hors service de la dette.

C’est ainsi que les principaux axes de l’approche réformiste du Gouvernement s’articulent autour de la rationalisation des dépenses, à travers une maîtrise de la masse salariale de la fonction publique et une meilleure gouvernance du système de compensation.

Tableau 2-10 :

Dépenses hors service de la dette (En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation202220232024*2023 20222024 2023
Dépenses de Rémunération 21.124,8 21.607,6 23.711,1 2,3 9,7
Dépenses de gestion 2.146,1 2.458,1 2.538,4 14,5 3,3
Dépenses d’intervention 17.931,6 18.270,5 19.696,2 1,9 7,8
dont :
– Compensation 11.999,0 11.475,0 11.337,0 -4,4 -1,2
– Produits de base 3.771,0 3.805,0 3.591,0 0,9 -5,6
– Carburants 7.628,0 7.030,0 7.086,0 -7,8 0,8
– Transport 600,0 640,0 660,0 6,7 3,1
Dépenses d’investissement 4.627,3 5.624,2 5.274,0 21,5 -6,2
Dépenses des opérations financières 133,7 66,8 67,1 -50,0 0,4
Charges de financement 4.663,4 5.830,8 6.838,0 25,0 17,3
Dépenses imprévues et non réparties 1.680,2
Total charges budgétaires 50.626,9 53.858,0 59.805,0 6,4 11,0
  • Provisoires (LF 2024).

Source : Ministère des Finances

En particulier, les charges liées à la masse salariale de l’Administration se sont inscrites en faible hausse de 2,3%, en 2023, pour atteindre 21.607,6 MDT, soit 14,2% du PIB. Cette évolution résulte des efforts déployés par l’Etat pour comprimer les dépenses allouées à la rémunération, à travers notamment la poursuite du programme de départ à la retraite anticipée, la rationalisation des augmentations salariales et le gel des recrutements dans le secteur public, exception faite aux écoles de formation et aux secteurs prioritaires (santé, éducation…).

S’agissant des dépenses de gestion , elles ont enregistré une hausse de 14,5% contre une quasistagnation en 2022 (-0,5%) qui s’explique par la régularisation des arriérées de la Pharmacie Centrale, à concurrence de 200 MDT.

Pour ce qui est des dépenses d’interventions , elles n’ont augmenté que de 1,9% ou de 338,9 MDT. Toutefois, leur part dans le total des charges budgétaires demeure élevée, soit environ 33,9% contre 35,4% une année auparavant. Cet allègement est dû, surtout, à la contraction des charges de compensation, suite au repli des prix internationaux.

Pour l’année 2024 , ces dépenses d’intervention devraient poursuivre leur tendance haussière (+2,8%) pour s’établir à 19.696,2 MDT, en dépit de la baisse attendue des dépenses de compensation (11.337 MDT contre 11.475 MDT en 2023).

Par ailleurs, les dépenses d’investissement ont connu, en 2023, une hausse notable de 21,5% pour s’établir à 5.624,2 MDT, mais représentant seulement 10,4% des charges budgétaires.

A l’horizon de 2024 , tenant compte du rétrécissement de l’espace budgétaire résultant de la hausse prévue des dépenses d’intervention et de rémunération, l’enveloppe consacrée aux dépenses d’investissement devrait reculer de 6,2% pour revenir à 5.274 MDT.

2-6-2-1 Service de la dette publique

Les dépenses engagées au titre de remboursement de la dette, en principal et en intérêts, au cours de l’année 2023, ont atteint 20.750,8 MDT, en forte progression de 43,7%, par rapport à leur niveau de 2022. Cette évolution traduit la hausse des remboursements de la dette, aussi bien intérieure (12.030,0 MDT contre 8.449,4 MDT un an auparavant) qu’extérieure (8.720,7 MDT contre 5.992,1 MDT).

Tableau 2-11 :

Service de la dette (En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation202220232024*2023 20222024 2023
Dette intérieure 8.449,4 12.030,0 12.386,0 42,4 3,0
– Principal 5.530,3 8.398,3 8.119,0 51,9 -3,3
– Intérêts 2.919,1 3.631,7 4.267,0 24,4 17,5
Dette extérieure 5.992,1 8.720,7 12.315,0 45,5 41,2
– Principal 4.247,8 6.521,7 9.744,0 53,5 49,4
– Intérêts 1.744,3 2.199,1 2.571,0 26,1 16,9
Total 14.441,5 20.750,8 24.701,0 43,7 19,0
– Principal 9.778,1 14.920,0 17.863,0 52,6 19,7
– Intérêts 4.663,4 5.830,8 6.838,0 25,0 17,3

Provisoires (LF 2024).

Source : Ministère des Finances

S’agissant de l’année 2024 , les paiements prévus au titre du service de la dette devraient encore croître à un rythme soutenu, soit 18,7% pour se situer à 24.701MDT, en relation, surtout, avec

l’augmentation des dépenses liées à la dette extérieure (40,6%), ainsi que la poursuite de la hausse des paiements prévus au titre de la dette intérieure (2,8%).

2-6-3 Financement du déficit budgétaire et évolution de l’encours de la dette publique

En relation avec le creusement de l’écart entre les dépenses budgétaires hors intérêt de la dette et les ressources propres, le déficit primaire hors confiscation et dons a atteint 5.496,0 MDT ou 3,6% du PIB, au titre de l’année 2023, contre 6.393,5 MDT et 4,6% une année auparavant.

Ce niveau de déficit, qui demeure élevé, pose plusieurs défis. En effet, outre la réduction de la marge de manœuvre budgétaire et, par conséquent, la capacité limitée de la mise en œuvre des réformes et de relance de l’investissement public, le financement de ce déficit bute, d’une part, sur des difficultés d’accès au financement extérieur en raison, principalement, de la dégradation de la notation souveraine de la Tunisie et, d’autre part, sur l’insuffisance des ressources sur le marché intérieur, auquel l’Etat fait de plus en plus recours.

Dans ce contexte, le financement net de ce déficit a été assuré, intégralement, par des ressources intérieures, étant précisé que le montant des emprunts intérieurs nets s’est limité à environ 4.852,6 MDT contre 4.972,3 MDT en 2022.

Tableau 2-12 :

Financement du déficit budgétaire (En MDT, sauf indication contraire)

Variations en %
Désignation202220232024*2023 20222024 2023
Financement intérieur net 6.080,3 11.323,3 3.944,0 86,2 -65,2
– Emprunts intérieurs (+) 10.502,6 13.245,0 11.743,0 26,1 -11,3
– Remboursement (-) -5.530,3 -8.398,3 -8.119,0 51,9 -3,3
– Ressources de trésorerie (+) 1.108,0 6.476,6 320,0 484,5 -95,1
Financement extérieur net 3.553,6 -696,7 6.701,0 -119,6 -1.061,8
– Emprunts extérieurs (+) 7.801,4 5.825,0 16.445,0 -25,3 182,3
– Remboursement (-) -4.247,8 -6.521,7 -9.744,0 53,5 49,4
Privatisations, dons et revenus confisqués 1.423,0 700,3 870,0 50,8 24,2

Provisoires (LF 2024).

Source : Ministère des Finances

Ainsi, l’encours de la dette publique s’est accru pour se situer à 126.671,6 MDT ou 83,0% du PIB, comparé à 82,3% enregistré en 2022.

Par type de prêteur, l’encours de la dette publique extérieure revient à hauteur de 17,9% au marché financier international, 61,0% à la coopération multilatérale et 21,1% à la coopération bilatérale. Par devise, la structure de l’encours de la dette demeure marquée par la dominance de l’euro (58,6%) suivi par le dollar (27,1%) et le yen japonais (7,5%).

Tableau 2-13 : Encours de la dette publique

(En MDT, sauf indication contraire)

202220232024*
DésignationEn MDTEn % du TotalEn MDTEn % du TotalEn MDTEn % du Total
Dette intérieure 48.226,8 42,0 59.797,4 47,2 59.064,0 42,2
En %du PIB 34,6 39,2 33,7
Dette extérieure 66.669,0 58,0 66.874,2 52,8 80.912,0 57,8
En %du PIB 47,8 43,8 46,1
Total 114.895,8 100,0 126.671,6 100,0 139.976,0 100,0
En %du PIB 82,3 83,0 79,8

Provisoires (LF 2024).

Source : Ministère des Finances

Pour l’année 2024 , les prévisions tablent sur un déficit budgétaire de 11.515 MDT ou 6,6% du PIB, avec un recours accru aux emprunts, ce qui portera l’encours de la dette à 139.976 MDT, où le ratio de la dette par rapport au PIB pour l’année 2024 est inférieur à celui de 2023, s’établissant à 79,8% contre 83,0% en 2023.

Encore, vu l’accès limité au financement international, les autorités ont mis en place, exceptionnellement, une facilité de financement direct auprès de la Banque Centrale de Tunisie pouvant atteindre 7 milliards de dinars en 2024 dans le but notamment de doter l’État des ressources nécessaires pour honorer ses engagements extérieurs.

2-7. Endettement total

25/06/2024

L’endettement total 1 (ET) a connu, en 2023, un ralentissement pour progresser de 4,9% contre 7,6% en 2022, sous les effets conjugués de la décélération du stock des financements intérieurs (+8,2% contre +9,7%) et du repli de celui de l’endettement extérieur (-1,1% contre +3,9%).

La répartition de l’endettement total par source de financement indique la poursuite de la prédominance de l’endettement intérieur, avec une part de plus des deux tiers, le reste ayant été assuré par le stock des emprunts extérieurs.

1 Considéré comme étant un agrégat large de financement, l’endettement total (ET) englobe tous les crédits (prêts ou émissions sur les marchés monétaire et/ou obligataire) obtenus par les agents économiques non financiers résidents, y compris l’Etat, tant auprès des résidents que des non-résidents. Sont exclus de l’ET, les financements par émission de titres de capital ou de renforcement de fonds propres.

Tableau 2-14 : Evolution de l’endettement total (En MDT sauf indication contraire)

Variations en %
Libellés2021202220232021 20202022 20212023 2022
Endettement intérieur (EI) 133.154 146.092 158.047 10,4 9,7 8,2
– Etat 30.901 35.656 45.023 33,3 15,4 26,3
– Autres agents économiques non financiers 102.252 110.436 113.024 4,9 8,0 2,3
• Auprès des sociétés financières * 127.852 139.515 150.073 9,8 9,1 7,6
– Etat 25.662 29.148 37.110 34,6 13,6 27,3
– Autres agents économiques non financiers 102.190 110.367 112.963 5,0 8,0 2,4
• Sur les marchés de capitaux 5.302 6.577 7.974 25,6 24,0 21,2
– Etat 5.239 6.508 7.913 27,0 24,2 21,6
– Autres agents économiques non financiers 63 69 61 -33,0 9,5 -11,6
* Marché monétaire 63 69 61 -33,0 9,5 -11,6
– Etat 0 0 0
– Autres agents économiques non financiers 63 69 61 -33,0 9,5 -11,6
* Marché obligataire 5.239 6.508 7.913 27,0 24,2 21,6
– Etat 5.239 6.508 7.913 27,0 24,2 21,6
– Autres agents économiques non financiers 0 0 0
Endettement extérieur (EE) ** 77.244 80.261 79.403 0,8 3,9 -1,1
– Etat 62.940 66.643 66.729 2,7 5,9 0,1
– Autres agents économiques non financiers 14.304 13.618 12.674 -7,0 -4,8 -6,9
Endettement total (ET) 210.398 226.353 237.450 6,6 7,6 4,9
– Etat *** 93.841 102.299 111.751 11,1 9,0 9,2
– Autres agents économiques non financiers 116.557 124.054 125.698 3,3 6,4 1,3

Sources : BCT, CMF et Ministère de l’Economie et de la Planification

  • (*) Les sociétés financières couvrent la Banque Centrale, les banques et les autres sociétés financières (établissements de leasing, sociétés de factoring, banques off-shore, sociétés de microfinance).
  • (**) Englobe les engagements contractés par les agents économiques non financiers résidents (y compris l’Etat) auprès des non-résidents.

(***) Stocks de fin de période y compris les ressources de l’État logées dans ses comptes chez la BCT.

Par secteur institutionnel, la progression de l’encours de la dette de l’État a pratiquement maintenu la même cadence de 2022 (+9,2% contre +9%). En revanche, la part de ce stock dans l’endettement total s’est légèrement hissée, passant de 45% à fin 2022 à 47% à fin 2023. Quant à l’endettement des autres agents économiques non financiers, il a connu un ralentissement, ne progressant que de 1,3% (contre + 6,4% en 2022).

2-7-1 Endettement intérieur

L’endettement intérieur (EI) a augmenté, en 2023, à un rythme inférieur à celui enregistré une année auparavant (+8,2% contre +9,7% en 2022), évolution qui s’explique notamment par la nette décélération de l’endettement des autres agents économiques non financiers (+2,3% contre +8%) dont la portée a été freinée par l’accélération du recours de l’État à ce type de financement (+26,3% contre +15,4%).

❖ Auprès des sociétés financières

L’encours de la dette intérieure auprès du secteur des sociétés financières, principal pourvoyeur de cette nature de fonds, a accusé, à fin 2023, un ralentissement (+7,6% contre +9,1%) pour se situer à 150.073 MDT.

Par bénéficiaire, ce stock a profité, pour l’essentiel, soit une enveloppe de 112.963 MDT (75% du total) aux autres agents économiques non financiers et ce, en dépit de la forte décélération enregistrée d’une année à l’autre (+2,4% contre +8% en 2022). La part dominante de ces financements a été, en effet, levée auprès des institutions de dépôts 1 sous forme de créances immobilisées (+12% contre +4,1%) et de comptes courants débiteurs (+2,7% contre +3%). La distribution par bénéficiaire de l’encours des financements bancaires a profité, au terme de 2023, principalement, aux secteurs des services (47,5 milliards de dinars, soit une part de 42,3%) et de l’industrie (32,3 milliards de dinars, soit une part de 28,7%) suivis des ménages (28,5 milliards de dinars, soit une part de 25,4%). Le reliquat du stock du financement intérieur destiné aux autres agents économiques non financiers a été octroyé par les sociétés financières autres que les institutions de dépôt 2 qui s’est situé à environ 6.738 MDT. Ces ressources ont été l’apanage, essentiellement, des crédits accordés par les organismes de leasing (4.298 MDT), suivi par les institutions de microfinance (1.867 MDT) qui ont, d’ailleurs, subi une nette accélération en 2023 (+19,7% contre + 9,5% en 2022).

Concernant l’endettement intérieur de l’ Etat auprès des sociétés financières , il a augmenté à un rythme nettement plus accéléré que celui enregistré en 2022 (+27,3% contre +13,6%). Cette évolution a résulté, principalement, de l’accroissement de l’encours des bons du Trésor achetés par la BCT, dans le cadre des opérations d’achats fermes (+2.863 MDT contre +2.477 MDT), en sus de la modeste augmentation du volume des bons de Trésor en portefeuille des banques (+250 MDT contre +1.330 MDT en 2022). Par ailleurs, dans le cadre de la diversification de ses sources de financement, pour couvrir ses dépenses budgétaires, l’Etat a eu recours à un prêt syndiqué 3 en devises d’environ 750 MDT (213 millions d’euros et 13 millions de dollars) contracté auprès de certaines banques de la place.

 Sur les marchés des capitaux

En se situant à 7.974 MDT à fin 2023, l’encours de la dette intérieure sur les marchés de capitaux a accusé un ralentissement et ce, pour la deuxième année consécutive (+21,2% contre +24% en 2022 et +25,6% en 2021). Cette évolution est, principalement, expliquée par la légère décélération du financement bénéficiant à l’Etat (+21,6% contre +24,2%) et le repli de celui des autres agents économiques non financiers (-11,6% contre +9,5%).

En particulier, l’ Etat a eu recours au marché obligataire sous deux formes d’instruments, des émissions de bons du Trésor pour une enveloppe de 18.289 MDT (contre des remboursements de 15.350 MDT) et d’emprunt national. Ce dernier a été effectué 4 en quatre émissions portant sur une enveloppe totale de 3.799 MDT, dont 77% a été souscrite par les intermédiaires en bourse au profit de leurs clientèles (sociétés, particuliers…) et 23% par les banques de la place.

De son côté, le recours des autres agents économiques non financiers au marché de capitaux a été, exclusivement, effectué sur le marché monétaire, sous forme de billets de trésorerie avalisés. L’encours de cet instrument demeure très anémique, soit un niveau d’environ 61 MDT à fin 2023.

1 La Banque Centrale et les Banques.

2 Il s’agit des établissements de leasing, des sociétés de factoring, des sociétés de microfinance et des banques off-shore.

3 Le ministère des finances a conclu une convention de financement du budget de l’Etat, le 10 octobre 2023, par un prêt syndiqué en devises avec 18 banques conformément à la loi n°32/2023 portant approbation de cette convention.

4 Décret présidentiel n° 2023-33 du 25 janvier 2023 et arrêté du ministère des Finances du 7 Novembre 2023.

2-7-2 Endettement extérieur

L’endettement extérieur 1 s’est inscrit, en 2023, en légère contraction (-1,1% ou -858 MDT contre +3,9% ou +3.017 MDT en 2022) qui s’explique par l’effet-volume négatif (-2.048 MDT) induit par des mobilisations d’emprunts extérieurs à LT en deçà des règlements au titre du principal de la dette extérieure à LT qui a été contrebalancé par un effet-change positif (+1.190 MDT), suite à l’évolution du taux de change du dinar 2 vis-à-vis des principales monnaies d’endettement.

Concernant l’endettement extérieur à LT de l’ Etat , il a pratiquement gardé en 2023 son niveau de 2022 (+0,1% contre +5,9%) en relation avec un effet-volume négatif (-877 MDT) engendré par la baisse des tirages sur emprunts extérieurs à LT (-20,5%) et l’accroissement de l’amortissement à ce même titre (+52,7%), concomitamment avec un effet-change positif (+945 MDT). S’agissant des tirages de l’Etat, ils se sont limités à une enveloppe de 5,6 milliards de dinars, ayant concerné, essentiellement, le crédit obtenu auprès de la Banque Africaine d’Import-Export (AFREXIMBANK) pour un montant de 473 millions de dollars, dans le cadre du programme de financement des importations stratégiques, et un emprunt de 400 millions de dollars, octroyé par l’Arabie Saoudite se rapportant au programme d’appui budgétaire. En effet, le durcissement des conditions financières et les difficultés d’accès du pays aux marchés financiers internationaux ont constitué des facteurs contraignants pour la mobilisation d’emprunts extérieurs lors des dernières années. Pour les remboursements du principal de la dette extérieure à LT de l’État, ils se sont nettement amplifiés en 2023 pour se situer à 6,5 milliards de dinars, portant, pour l’essentiel, sur le règlement de deux emprunts obligataires émis sur les marchés financiers internationaux : le premier en 2018 (500 millions d’euros) et le second, garanti par la JBIC, en 2013 (22 milliards de yens japonais).

De son côté, l’endettement extérieur des autres agents économiques non financiers a poursuivi sa tendance baissière en 2023 et ce, pour la troisième année consécutive (-6,9% contre -4,8% en 2022 et -7% en 2021), sous l’effet notamment de la dégradation de la note souveraine, la morosité de l’activité économique et le renchérissement des conditions financières sur les marchés financiers internationaux. S’agissant de l’encours des bons du Trésor détenus par les non-résidents, il demeure toujours infime par rapport au seuil autorisé par la réglementation, fixé à 20% du montant global semestriel estimatif des émissions.

1 Englobe les engagements contractés par les agents économiques non financiers résidents (y compris l’État) auprès des non-résidents.

2 En 2023, le dinar tunisien s’est apprécié contre le dollar (+1,4%) et s’est déprécié contre l’Euro de (-2,4%).

Graphique 2-4 : Evolution de l’endettement extérieur par agent économique

2-7-3 Principaux indicateurs de financement

Le ratio de l’endettement total rapporté au PIB aux prix courants s’est replié en 2023, revenant de 162,2% en 2022 à 155,5%, en relation avec le recul enregistré au niveau du ratio de l’endettement extérieur (52,0% contre 57,5%) et, à moindre ampleur, celui de l’endettement intérieur (103,5% contre 104,7%). Faut-il aussi souligner qu’en plus du ralentissement du niveau de l’endettement total, l’accélération du PIB aux prix courants, en 2023, a contribué un tant soi peu à l’atténuation de ce ratio.

Tableau 2-15 : Evolution des principaux indicateurs de financement (En % sauf indication contraire)

Désignation202120222023
ET/PIB aux prix courants 160,8 162,2 155,5
* Etat 71,7 73,3 73,2
* Autres agents économiques non financiers 89,1 88,9 82,3
Endettement intérieur / PIB 101,8 104,7 103,5
* Etat 23,6 25,5 29,5
* Autres agents économiques non financiers 78,2 79,2 74,0
Endettement extérieur / PIB 59,0 57,5 52,0
* Etat 48,1 47,8 43,7
* Autres agents économiques non financiers 10,9 9,7 8,3
Endettement intérieur de l’Etat / EI 23,2 24,4 28,5
Endettement intérieur des autres agents économiques non financiers / EI 76,8 75,6 71,5
PIB aux prix courants (en MDT) 130.815 139.574 152.671

Chapitre 3 – Paiements extérieurs

28/06/2024

3-1. Balance des paiements 1

Le secteur extérieur a évolué, au cours de l’année 2023, dans un contexte économique international ardu, marqué par les répercussions des crises successives auxquelles s’ajoutent l’accentuation des tensions géopolitiques et les risques liés au changement climatique, notamment sur la sécurité alimentaire. Parallèlement, la croissance économique, qui demeure morose dans la plupart des pays, a été accablée par la persistance des pressions inflationnistes et ce, malgré la détente de la majorité des cours internationaux des produits de base.

Ainsi, la conjoncture économique nationale s’est fortement ressentie de l’atonie de l’activité mondiale, notamment celle des principaux pays de la Zone Euro, impactant de la sorte la demande de produits manufacturiers qui représentent pour la Tunisie le potentiel d’exportation le plus important. D’un autre côté, la poursuite du déclin des ressources énergétiques a maintenu le déficit commercial de ce secteur à un niveau toujours excessif, malgré une légère contraction par rapport à 2022, due pour l’essentiel au repli des cours du baril de Brent. Cependant, la balance alimentaire s’est notablement redressée, dégageant un déficit infime par rapport à ceux enregistrés les années antérieures, tirant profit, principalement, de l’expansion de la valeur des expéditions d’huile d’olive. Parallèlement au fort allègement du déficit commercial, la reprise confirmée des flux en devises générés par l’activité touristique et le maintien des transferts des tunisiens résidents à l’étranger à un niveau appréciable ont permis d’abaisser le déficit courant, rapporté au PIB, à un niveau soutenable, jamais réalisé depuis 2007.

Dans ce contexte, la balance courante s’est soldée, en 2023, par un déficit en net repli pour revenir à 2,2% du PIB (contre -8,8% une année auparavant). De son côté, le compte financier a dégagé un besoin de financement de 1,3 milliard de dinars en 2023 (contre un besoin de 9,1 milliards de dinars en 2022) qui s’explique, essentiellement, par le fort déclin du solde débiteur « des investissements de portefeuille et autres investissements » (-2.366 MDT contre -6.758 MDT une année auparavant) et la consolidation des avoirs de réserve (+3.371 MDT) en 2023, corrélativement avec le raffermissement des avoirs nets en devises (26.408 MDT, soit l’équivalent de 120 jours d’importation, au terme de l’année 2023, contre 22.949 MDT et 100 jours, respectivement, à la fin de l’année 2022).

1 Les statistiques de la Balance des Paiements sont établies dans ce présent chapitre selon la sixième édition du manuel de la Balance des Paiements et de la Position Extérieure Globale du FMI (voir la note méthodologique MBP6 dans le chapitre 3 du rapport annuel 2022).

Graphique 3-1 : Evolution des principaux soldes de la balance des paiements
Tableau 3-1 : Principaux soldes de la balance des paiements extérieurs (En MDT, sauf indication contraire)

Désignation20192020202120222023
Paiements courants -9.955,3 -7.217,3 -7.751,9 -12.314,6 -3.433,4
Déficit courant/PIB (en %) -8,1 -6,0 -5,9 -8,8 -2,2
Marchandises (FOB-FOB) -25.904,2 -19.085,7 -23.721,5 -32.989,0 -28.100,2
Services 14.375,5 9.603,3 12.188,4 16.838,9 21.220,4
Revenu primaire -2.694,4 -3.165,4 -3.955,5 -4.196,6 -4.585,2
Revenu secondaire 4.267,8 5.430,5 7.736,7 8.032,1 8.031,6
Compte de capital 402,4 1.026,8 617,5 1.624,1 1.177,6
Compte financier -7.905,9 -4.572,8 -5.765,0 -9.101,9 -1.293,1
Investissements directs -2.377,4 -1.665,4 -1.489,7 -1.883,2 -2.298,7
Investissements de portefeuille -185,8 2.029,3 3.520,9 1.323,2 2.201,5
Dérivés financiers 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Autres investissements -10.626,8 -8.800,8 -8.134,3 -8.081,4 -4.567,0
Avoirs de réserve 5.284,1 3.864,1 338,1 -460,5 3.371,1
Opérations d’ajustement, erreurs et omissions nettes 1.647,0 1.617,7 1.369,4 1.588,6 962,7
Avoirs nets en devises 19.521 23.099 23.313 22.949 26.408
En jours d’importation 111 162 134 100 120
Produit intérieur brut (PIB) 122.969 119.633 130.815 139.574 152.671

3-1-1 Balance des transactions courantes

Le déficit courant s’est nettement replié en 2023 pour revenir à -3.433 MDT, soit 2,2% du PIB, contre -12.315 MDT et 8,8%, respectivement, une année auparavant. Ce résultat trouve son origine dans la contraction du déficit de la balance des biens et services pour revenir à -6.880 MDT (contre -16.150 MDT une année auparavant) en relation avec la régression du déficit de la balance des biens (FOB-FOB) 1 (-28.100 MDT contre -32.989 MDT une année auparavant) qui s’est couplée avec la consolidation de l’excédent de la balance des services (+21.220 MDT contre +16.839 MDT une année auparavant). Toutefois, l’excédent de la balance des revenus (primaire et secondaire) s’est inscrit en repli (+3.447 MDT en 2023 contre +3.835 MDT une année auparavant).

De son côté, le ratio de couverture du déficit commercial (FOB-FOB) par les recettes touristiques et les revenus du travail 2 s’est davantage renforcé pour se situer à 56% en 2023 (contre 41,8% en 2022).

Graphique 3-2 : Evolution du taux de couverture du déficit commercial (FOB-FOB) par les recettes touristiques et les revenus du travail 2

Ratio (Recettes touristiques + Revenus du travail) / Déficit commercial (FOB-FOB) (axe de droite)

Les revenus du travail englobent les envois de fonds des travailleurs tunisiens à l’étranger et la rémunération des salariés .

3-1-1-1 Balance des biens et services

3-1-1-1-1 Balance commerciale

La balance commerciale des biens (FOB-FOB), selon la méthodologie préconisée par le MBP6 3 , a dégagé un déficit de 28.100 MDT, en 2023, en contraction de 4.889 MDT par rapport à celui de 2022, sous l’effet de la baisse des importations de 6,1% et la hausse des exportations de 4,7%. Il est à signaler que la quasi-totalité des échanges de biens a été réalisée dans le cadre des « marchandises générales », alors que le reliquat a concerné les transactions de « négoce international » et de « l’or non monétaire ».

1 Compte tenu des traitements et des ajustements statistiques effectués sur les données douanières et ce, conformément aux recommandations préconisées par le MBP6 du FMI, y compris les reclassements et le passage de la version FOB-CAF à FOB-FOB.

2 Les revenus du travail englobent les envois de fonds des travailleurs tunisiens à l’étranger (revenu secondaire) et la rémunération des salariés (revenu primaire).

3 Hormis les échanges de marchandises liés à la transformation et y compris les transactions du négoce international.

Tableau 3-2 : Evolution des échanges commerciaux optique balance des paiements

(En MDT, sauf indication contraire)

Désignation20192020202120222023Var . en % (23/22)
Exportations de Biens (FOB) 17.244,7 15.981,6 19.867,0 26.814,8 28.081,6 4,7
Marchandises générales 17.201,5 15.872,7 19.782,7 26.703,6 27.985,2 4,8
dont : Réexportations 594,4 439,9 481,8 391,3 734,3 87,7
Négoce international 43,2 108,9 84,3 111,2 96,4 -13,3
Importations de Biens (FOB) 43.148,9 35.067,3 43.588,5 59.803,8 56.181,8 -6,1
dont : Marchandises générales 43.093,5 34.984,1 43.539,1 59.715,5 56.047,3 -6,1
Solde commercial FOB – FOB (1) -25.904,2 -19.085,7 -23.721,5 -32.989,0 -28.100,2 4.888,8

(1) Variation en MDT. Source : BCT et INS

Selon l’approche statistique basée sur les mouvements du stock des ressources matérielles, la 1 balance commerciale (FOB-CAF) s’est soldée par un déficit qui s’est contracté de 8.162 MDT ou de 32,4% pour revenir à -17.069 MDT en 2023. Cette situation résulte de l’effet conjugué de la baisse des importations (-4,4%) et la hausse des exportations (+7,9%), ce qui a engendré une amélioration du taux de couverture de 8,9 points de pourcentage pour s’élever à 78,4%.

Graphique 3-3 : Evolution des échanges commerciaux (2013-2023)

Tableau 3-3 :

Principaux indicateurs du commerce extérieur (En MDT, sauf indication contraire)

Désignation20192020202120222023
Exportations FOB 43.855,4 38.705,9 46.654,2 57.557,5 62.077,3
Variation (en %) 7,0 -11,7 20,5 23,4 7,9
Importations CAF 63.291,6 51.536,2 62.864,9 82.788,9 79.146,3
Variation (en %) 5,5 -18,6 22,0 31,7 -4,4
Déficit commercial (FOB-CAF) 19.436,2 12.830,3 16.210,7 25.231,4 17.069,0
En %duPIB 15,8 10,7 12,4 18,1 11,2
Taux de couverture (en %) 69,3 75,1 74,2 69,5 78,4
Taux d’ouverture (en %) 87,1 75,4 83,7 100,6 92,5
Taux d’effort à l’exportation (en %) 35,7 32,4 35,7 41,2 40,7
Taux de dépendance (en %) 51,5 43,1 48,1 59,3 51,8
Taux de pénétration (en %) 44,4 38,9 42,8 50,2 46,6

Source : Institut National de la Statistique

L’amélioration de la balance commerciale, au cours de 2023, a porté la marque de celle de la balance alimentaire qui s’est soldée par un déficit de 211 MDT uniquement (contre -1.992 MDT une année auparavant), profitant principalement de la chute des cours internationaux des principaux produits alimentaires de base 1 , notamment ceux des produits céréaliers, ainsi que de l’affermissement de la valeur des exportations d’huile d’olive. Corrélativement, le déficit énergétique s’est replié de 8,5%, revenant, d’une année à l’autre, de -10.566 MDT à -9.666 MDT, en lien avec la baisse des importations de 10,8%, suite au recul des cours internationaux de l’énergie qui s’est conjuguée à la régression de la demande de 3% . Toutefois, la production 2 3 énergétique a poursuivi son trend baissier (-6%) sous l’effet de l’épuisement de ces ressources et de l’absence de nouvelles découvertes de gisements.

S’agissant de la répartition sectorielle des exportations au cours de l’année 2023, elle a, surtout, porté la marque de la décélération des ventes du secteur des industries manufacturières (+11,7% contre +17,4% une année auparavant) ayant touché la branche des textiles, habillements et cuirs (+6,9% contre +21,9% au cours de 2022) et, également, les autres industries manufacturières (+4,5% contre +22,9%), alors que celles du secteur des industries mécaniques et électriques se sont légèrement accélérées (+15,9% contre +14,1% une année auparavant).

Pour les expéditions du secteur de l’agriculture et des industries agroalimentaires, elles ont augmenté de 17,8% sous l’effet, principalement, de la forte hausse de la valeur des ventes d’huile d’olive (+52,4%) pour s’élever à 3.813 MDT, profitant de l’accroissement des prix à l’export en Euro de 54,5% alors que les quantités se sont inscrites en baisse de 5,4%. Quant aux exportations des secteurs des industries extractives, elles ont affiché dans l’ensemble une régression de 20,4% qui a concerné aussi bien le secteur des mines, phosphates et dérivés (-25,8%), tirée par le repli des prix internationaux , que le secteur de l’énergie (-16,2%), principalement les produits raffinés 4 de pétrole (-29,5%).

1 Baisse de 13,8% de l’indice annuel FAO des prix des produits alimentaires par rapport à 2022.

2 Baisse de 17,3% du prix moyen du baril de Brent en 2023, soit 82,6$ le baril contre un prix moyen de 99,8$ une année auparavant.

3 Il s’agit des données publiées par l’Observatoire National de l’Energie et des Mines.

4 Repli de 34,9% des prix de vente moyens des engrais sur les marchés internationaux par rapport à l’année 2022.

Au niveau des importations, tous les groupes de produits ont affiché une baisse, à l’exception des biens d’équipement et ceux de consommation.

Les achats des produits alimentaires se sont inscrits en baisse de 6,2%, affectés par la contraction des approvisionnements en produits céréaliers (-12%), sous l’effet de la baisse des prix internationaux de 19% en moyenne par rapport à 2022 1 , contre un accroissement des quantités importées de 10,3%. En revanche, les approvisionnements en sucre sont passés, d’une année à l’autre, de 502 MDT à 751 MDT.

D’un autre côté, les achats des produits énergétiques se sont repliés de 10,8% pour concerner le pétrole brut (-36%) et, à un moindre degré, les produits raffinés (-11,7%), alors que les achats de gaz naturel se sont inscrits en progression (+8,4%). De leur part, les importations des matières premières et demi-produits ont connu une baisse de 7,3%.

Quant aux achats des biens d’équipement, ils ont accusé un net ralentissement (+2,9% contre +12,3% une année auparavant), parallèlement à l’atonie des investissements nationaux. De même, les importations des biens de consommation se sont considérablement décélérées (+1,8% contre +13,7% en 2022), sous l’effet principalement de la baisse des achats des produits de textiles et habillements (-4,4%) et des pièces détachées de voitures (-14,3%) contre une hausse des importations des voitures de tourisme (+3,2%) et des produits pharmaceutiques (+5,4%).

Sur un autre plan, l’analyse des échanges commerciaux par régime fait ressortir une contraction du déficit commercial sous le régime général de 3.713 MDT, pour revenir à -35 milliards de dinars, en relation avec la baisse des importations à un rythme plus important que celui des exportations (-6,6% et -0,4% respectivement). Au niveau du régime offshore , l’évolution des échanges commerciaux a porté la marque de la poursuite de la progression des exportations à un rythme nettement plus prononcé que celui des importations (+11,7% et +0,5% respectivement). L’excédent commercial sous ce régime s’est, ainsi, consolidé de 4.450 MDT pour s’élever à 17.967 MDT.

Tableau 3-4: Evolution des échanges commerciaux au cours de l’année 2023

Secteur Echanges commerciauxAgriculture et industries agroalimentairesEnergie et lubrifiantsMines, phosphates et dérivésTextiles, habillements &cuirsIndustries mécaniques et électriquesAutres industries manufacturièresTotal
Exportations (FOB)8.011,63.830,32.672,111.939,428.388,77.235,262.077,3
Evolution en %(1) 17,8 -16,2 -25,8 6,9 15,9 4,5 7,9
Evolution en %(2) 19,0 -14,4 -26,9 -3,4 6,0 8,2 1,2
Importations (CAF) 10.271,5 13.496,0 1.422,5 8.784,1 30.665,1 14.507,1 79.146,3
Evolution en %(1) -4,8 -10,8 -39,6 -3,3 2,0 -5,5 -4,4
Evolution en %(2) 3,0 -7,6 -19,4 -8,0 -3,9 -3,1 -6,0
Solde commercial (FOB-CAF) aux prix courants -2.259,9 -9.665,7 1.249,6 3.155,3 -2.276,4 -7.271,9 -17.069,0

Source : Institut national de la statistique et BCT

(1) Variation aux prix courants.

(2) Variation aux prix constants calculée selon les indices des prix de l’année de base 2015 estimés par la BCT.

En volume 2 , les échanges commerciaux ont enregistré une progression pour les exportations (+1,2%) et une baisse des importations (-6%). De leur côté, les termes de l’échange se sont

1 Selon les chiffres du FMI.

2 Selon les indices des prix de l’année de base 2015 estimés par la BCT.

consolidés de 4,7%, suite à la hausse plus accentuée des prix à l’export que ceux à l’import, soit +6,6% et +1,7%, respectivement.

D’un autre côté, la contraction du déficit commercial a été, principalement, attribuée en 2023 à l’effet prix net positif 1 estimé à 8.247 MDT. Cependant, l’effet volume net a légèrement impacté négativement l’évolution du solde commercial pour une valeur minime (-85 MDT).

3-1-1-2 Balance des services

La balance des services a poursuivi sa tendance haussière pour s’élever à 21.220 MDT en 2023 (contre +16.839 MDT en 2022). Cette évolution est attribuable à la consolidation de l’excédent des services de fabrication fournis sur des intrants physiques détenus par des tiers ( +2.971 MDT) et celui des voyages (+1.349 MDT). De son côté, la balance des transports a dégagé un déficit qui a quasiment stagné (-3 MDT). Quant aux autres postes des services , l’excédent global s’est inscrit en légère hausse (+64 MDT).

Graphique 3-4 : Evolution des crédits de la balance des services Graphique 3-5 : Evolution des débits de la balance des services

En particulier, les services de fabrication fournis par les entreprises tunisiennes sur des intrants physiques détenus par des tiers 2 se sont consolidés de près de 3 milliards de dinars pour se situer à 14,4 milliards de dinars en 2023. Ce résultat découle de l’accroissement des exportations des produits ayant subi une transformation de 11,3% pour atteindre 35,1 milliards de dinars en 2023, soit 56,5% des exportations totales (FOB) , composées pour la quasi-totalité de 3 produits manufacturés. De leur part, les importations expédiées en Tunisie pour motif de fabrication ont progressé de 2,9% pour se situer à 20,7 milliards de dinars en 2023, soit 26,1% du total des importations (CAF) 3 , formées, principalement, de matières premières et demi-produits, de biens de consommation et de biens d’équipement avec des parts respectives de 50,8%, 31,6% et 17,3%.

1 Y compris l’effet change.

2 Ils couvrent les services de transformation, d’assemblage, d’étiquetage etc. fournis par des entreprises sur des intrants physiques détenus par des tiers sans qu’il y ait transfert de propriété des biens en question. En d’autres termes, il s’agit de tous  » les travaux à façon  » effectués sur les biens par un résident d’une économie pour le compte du propriétaire des biens, résident dans une autre économie. Seuls les frais de ces services sont inclus dans ce poste.

3 Selon les chiffres du commerce extérieur publiés actuellement par l’Institut National de la Statistique, conformément aux recommandations du manuel des statistiques du commerce international de marchandises (SCIM 2010).

Graphique 3-6 : Evolution des échanges commerciaux liés aux services de fabrication fournis sur des intrants physiques détenus par des tiers

S’agissant de la balance des services des transports, elle a dégagé un déficit qui a quasi-stagné pour s’établir à 136 MDT en 2023 (contre -133 MDT en 2022), résultat qui s’explique par la progression des crédits et des débits à des rythmes comparables (+25,3% et +24,7%, respectivement).

Pour les exportations des transports , elles sont passées d’une année à l’autre de 4,9 milliards à 6,2 milliards de dinars, tirées essentiellement par les recettes des transports aériens et celles des transports maritimes (2.909 MDT et 615 MDT, respectivement, contre 2.121 MDT et 551 MDT en 2022), corrélativement avec l’accroissement des revenus de billets de passage en relation avec la dynamique des activités de voyages. Pour les autres modes de transport, particulièrement la redevance-gaz, bénéficiant à l’Etat tunisien pour le passage des deux gazoducs transcontinentaux reliant l’Algérie à l’Italie, s’est élevée à 2.094 MDT (contre 1.807 MDT une année auparavant) et ce, en dépit de la diminution des quantités perçues de 5% en 2023 1 .

Tableau 3-5 : Evolution de la redevance-gaz perçue par l’Etat tunisien

Flux financiersEn natureTotal
AnnéeEn MDTEn %du totalEn MDTEn %du totalEn MDTVariation en %
2019 41,3 10,7 342,9 89,3 384,2 -28,2
2020 99,9 31,6 216,6 68,4 316,5 -17,6
2021 162,5 22,3 565,9 77,7 728,4 130,1
2022 691,2 38,2 1.116,2 61,8 1.807,4 148,1
2023 1.008,4 48,2 1.085,3 51,8 2.093,7 15,8

Source : BCT et SOTUGAT 2

1 Selon l’Observatoire National de l’Energie et des Mines.

2 SOTUGAT : Société Tunisienne du Gazoduc Transtunisien.

Graphique 3-7 : Composition des exportations au titre des transports par mode en 2023

De leur part, les importations au titre des transports ont affiché une progression de 24,7%, pour s’élever à 6.317 MDT en 2023, en lien avec la hausse des dépenses des transports maritimes (+12,4%) qui ont accaparé plus de 70% du total sous forme, principalement, de fret sur marchandises. Pour les dépenses des transports aériens, elles ont nettement augmenté pour s’élever à 1.484 MDT.

Graphique 3-8 : Composition des importations au titre des transports par mode en 2023

Pour les services de voyages, ils ont dégagé un excédent de 5.235 MDT en 2023, en hausse de 1.349 MDT, par rapport à 2022, et ce, en ligne avec l’accroissement des crédits à un rythme soutenu (+26,8%). En effet, après avoir pâti lourdement des effets de la crise sanitaire lors des années 2020 et 2021, l’activité touristique, principale composante des services de voyages, a continué sur une dynamique performante en 2023, générant des flux en devises, en expansion de 27,7% 1 pour s’élever à 6,9 milliards de dinars 2 .

1 Abstraction faite de l’effet change, ces flux n’auraient augmenté que de 25,1%.

2 Les frais de séjour en Tunisie des tunisiens résidents à l’étranger sont intégrés dans la rubrique voyages à titre personnel (inclus auparavant au niveau des revenus de travail).

Conjointement, les entrées des non-résidents ont nettement progressé (+45,9%) pour totaliser 1 9,4 millions de visiteurs au terme de l’année 2023 (Européens : +41,6% et maghrébins : +68,4%). De leur part, les nuitées des non-résidents ont augmenté de 44,5% pour atteindre 18,4 millions d’unités en 2023.

Graphique 3-9 : Evolution des principaux indicateurs touristiques

Du côté des débits , les services de voyages se sont accrus de 14% pour atteindre 2.743 MDT en en 2023, sous l’effet, essentiellement, de la progression des voyages à titre personnel, en l’occurrence les services liés au tourisme, les frais d’éducation et les transferts relatifs aux séjours pour « pèlerinage et Omra » avec des montants respectifs de 1.450 MDT, 554 MDT et 429 MDT.

S’agissant de la balance des autres services 2 , son excédent s’est inscrit en légère hausse, passant, d’une année à l’autre, de 1.629 MDT à 1.693 MDT. Concernant les importations , elles ont enregistré une hausse de 17,1% pour atteindre 2.944 MDT, ayant concerné, principalement, les services de télécommunications, d’informatique et d’information, les services financiers et la construction pour se situer à 543 MDT, 409 MDT et 396 MDT, respectivement. Pour les exportations, elles se sont accrues de 11,9% pour s’élever à 4.638 MDT, évolution qui trouve son origine, en particulier, dans l’accroissement des services de télécommunications, d’informatique et d’information et de la construction qui se sont élevés à 1.545 MDT et 518 MDT, respectivement, en 2023.

3-1-1-3 Balance des revenus primaire et secondaire

L’excédent de la balance des revenus (primaire et secondaire) a connu en 2023 une légère baisse pour revenir à 3.447 MDT (contre +3.835 MDT une année auparavant). Ce résultat est attribuable au creusement du déficit structurel de la balance du revenu primaire (-4.585 MDT contre -4.197 MDT en 2022), conjugué à la stagnation de l’excédent de la balance du revenu secondaire au même niveau enregistré une année auparavant, soit 8.032 MDT.

1 Y compris celles des tunisiens résidents à l’étranger.

2 Hormis les services de fabrication fournis sur des intrants physiques détenus par des tiers, voyages et transports.

Graphique 3-10 : Evolution des soldes de la balance des revenus (primaire et secondaire)

Du côté des crédits, les flux au titre des revenus (primaire et secondaire) se sont inscrits en hausse (+6,1%) pour atteindre 11,1 milliards de dinars en 2023, suite à la progression des revenus du travail 1 (+5,4%), principale composante avec une part d’environ 80% du total pour atteindre 8.817 MDT en 2023. Ces flux ont continué à se situer sur un sentier élevé, malgré les chocs successifs qui ont impacté la conjoncture économique internationale lors des dernières années.

Graphique 3-11 : Evolution des crédits de la balance des revenus

En particulier, les flux financiers au titre des revenus du travail ont progressé de 3,9% pour s’élever à 7.656 MDT, soit 86,8% du total de ces revenus. Parallèlement, les apports en nature , constitués principalement par les importations de véhicules effectuées sous le régime « FCR » 2 , ont enregistré une hausse de 16% pour atteindre 1.161 MDT en 2023.

Par ailleurs, le nombre des tunisiens résidents à l’étranger s’est davantage consolidé ces dernières années pour dépasser 1,8 million 3 de personnes, dont environ 85% résident en Europe.

1 Les revenus du travail comprennent les envois de fonds des travailleurs tunisiens à l’étranger (revenu secondaire) et la rémunération des salariés (revenu primaire).

2 « FCR » est un régime de privilège que délivre l’Etat aux tunisiens résidents à l’étranger, sous certaines conditions.

3 Source : ministère des Affaires étrangères, de la migration et des tunisiens à l’étranger (derniers chiffres disponibles de l’année 2022).

Tableau 3-6 : Revenus du travail par mode de transfert

Flux financiersApports en natureTotal *
Année En MDTEn %du totalEn MDTEn %du totalEn MDTVariation en %
2019 4.154,6 83,2 841,7 16,8 4.996,3 18,7
2020 5.466,8 87,5 782,0 12,5 6.248,8 25,1
2021 6.925,1 86,6 1.075,5 13,4 8.000,6 28,0
2022 7.366,3 88,0 1.000,7 12,0 8.367,0 4,6
2023 7.656,5 86,8 1.160,6 13,2 8.817,1 5,4

Les revenus du travail englobent les envois de fonds des travailleurs tunisiens à l’étranger (revenu secondaire) et la rémunération des salariés (revenu primaire).

Du côté des débits , les revenus (primaire et secondaire) ont enregistré une hausse (+15,5%) pour s’établir à 7,7 milliards de dinars en 2023. Les transferts au titre des revenus des investissements se sont accrus de 17,4% pour atteindre 6.669 MDT en 2023. Pour ceux liés aux investissements directs et de portefeuille (hormis les intérêts sur titres de créance dus aux marchés financiers) , ils ont augmenté de 12,6% pour s’élever à 3.879 MDT dont 1.070 MDT ont bénéficié aux sociétés pétrolières. Quant aux revenus des autres investissements, essentiellement les règlements destinés à honorer les intérêts de la dette à long terme (y compris les intérêts sur titres de créance dus aux marchés financiers), ils se sont inscrits en hausse de 22,3% pour s’élever à 2.417 MDT, répartis entre les paiements de l’Administration publique et la Banque Centrale (2.034 MDT) et des autres agents économiques (383 MDT).

Graphique 3-12 : Evolution des débits de la balance des revenus

3-1-2 Compte de capital

Le compte de capital a dégagé un excédent qui s’est inscrit en net repli, revenant, d’une année à l’autre, de 1.624 MDT à 1.178 MDT. L’essentiel des flux reçus a concerné des dons pour appui budgétaire, accordés dans le cadre de la coopération bilatérale.

3-1-3 Compte financier

Le compte financier a dégagé, en 2023, un besoin de financement de 1.293 MDT (contre un besoin de financement de 9.102 MDT en 2022). Ce résultat est attribuable à la consolidation du solde créditeur des investissements de portefeuille (+2.202 MDT contre +1.323 MDT une année auparavant) et à la forte atténuation du solde débiteur des autres investissements (-4.567 MDT contre -8.081 MDT), alors que celui des investissements directs étrangers s’est davantage creusé (-2.299 MDT contre -1.883 MDT). De leur côté, les avoirs de réserve se sont nettement consolidés en 2023 (+3.371 MDT contre -460 MDT une année auparavant).

Tableau 3-7 : Evolution des principaux soldes du compte financier

(En MDT)

Désignation20192020202120222023
Compte financier -7.905,9 -4.572,8 -5.765,0 -9.101,9 -1.293,1
Investissements directs -2.377,4 -1.665,4 -1.489,7 -1.883,2 -2.298,7
Investissements de portefeuille -185,8 2.029,3 3.520,9 1.323,2 2.201,5
Dérivés financiers 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Autres investissements -10.626,8 -8.800,8 -8.134,3 -8.081,4 -4.567,0
Avoirs de réserve 5.284,1 3.864,1 338,1 -460,5 3.371,1

S’agissant des investissements directs étrangers, l’accroissement net des passifs s’est établi à 2.260 MDT en 2023 alors que l’acquisition nette d’actifs financiers s’est limitée à 38 MDT.

Tableau 3-8 : Répartition des flux des IDE bénéficiant à la Tunisie par secteur (Passifs) (En MDT)

Secteur20192020202120222023
Investissements directs étrangers 2.483,0 1.839,8 1.845,6 2.214,6 2.396,5
Energie 909,4 620,5 540,6 490,6 479,0
Industries manufacturières 1.253,0 1.032,3 953,3 1.300,9 1.481,5
Tourisme et immobilier 201,7 17,0 95,4 13,0 12,1
Télécommunications 65,6 71,3 56,4 134,5 98,8
Financier 0,0 1,2 143,8 242,9 274,5
Autres secteurs 53,3 97,5 56,1 32,7 50,6

Du côté des passifs , les flux des investissements directs étrangers (IDE) bénéficiant à la Tunisie ont poursuivi leur tendance haussière en 2023 (+8,2%) pour s’élever à 2.397 MDT, soit 1,6% du PIB. Ce niveau d’IDE demeure, en effet, limité au regard des besoins de financement extérieur importants de l’économie tunisienne et en l’absence des mobilisations requises de ressources extérieures sous forme d’emprunts.

Pour les indicateurs réels de l’activité des IDE (hors énergie), l’on enregistre la création, en 2023, de 14.746 nouveaux postes d’emplois, ayant concerné 520 projets d’extension et 118 projets de création pour des enveloppes respectives de 1.701 MDT et 216 MDT.

Graphique 3-13 : Evolution des IDE par secteur d’activité

L’analyse des flux entrants d’IDE par secteur bénéficiaire fait ressortir un léger repli, en 2023, de ceux réalisés dans le secteur de l’énergie (-2,3%) pour être ramenés à 479 MDT (soit 20% du total), réalisés dans le domaine de l’exploration et celui du développement. En revanche, les IDE bénéficiant au secteur des industries manufacturières se sont accrus de 13,9% pour atteindre 1.482 MDT, soit 61,8% du total. Cette progression a concerné, principalement, ceux bénéficiant aux secteurs des industries électriques et électroniques (653 MDT contre 628 MDT en 2022), mécanique, métallique et métallurgique (256 MDT contre 192 MDT en 2022) ainsi que celui de la plasturgie (140 MDT contre 135 MDT en 2022). S’agissant des IDE au profit du secteur financier , ils ont porté la marque, principalement, de l’augmentation du capital social de la banque « QNB Tunisie » par le groupe « QNB » pour un montant de 248 MDT.

Pour ce qui est des investissements de portefeuille , leur excédent s’est élevé à 2.202 MDT, en 2023, sous l’effet, essentiellement, de la baisse des passifs nets de 2.028 MDT, principalement sous forme de titres de créances de l’Administration publique à la suite du remboursement de deux emprunts obligataires pour un total de 2.290 MDT 1 , sachant que pour la quatrième année successive, l’Etat s’est abstenu de lever des fonds sur les marchés financiers internationaux.

S’agissant des autres investissements , ils ont affiché un déficit de 4.567 MDT en 2023, en lien, essentiellement, avec l’accroissement net des passifs de 5.255 MDT.

1 Il s’agit principalement d’une enveloppe de 500 MEUR (1.680 MDT) au titre du remboursement du principal de l’emprunt obligataire (Euro Bonds), émis sur le Marché Financier International en 2018, et un montant de 22,4 milliards de yens japonais (484 MDT) au titre du remboursement du principal de l’emprunt obligataire, émis sur le marché japonais en 2013 et garanti par la JBIC.

Tableau 3-9 : Ventilation des tirages et de l’amortissement de la dette à long terme par instrument et par secteur institutionnel (En MDT)

Désignation TiragesAmortissementFlux nets
202120222023202120222023202120222023
Prêts (1) 8.051,8 8.696,0 7.189,3 5.274,4 5.600,5 7.157,6 2.777,4 3.095,5 31,7
Administrations publiques 7.177,8 (3) 7.011,1 5.745,6 2.659,2 2.929,0 4.328,9 4.518,6 4.082,1 1.416,7
Banque centrale 15,3 0,0 0,0 12,7 27,7 26,4 2,6 -27,7 -26,4
Autres agents économiques 858,7 1.684,9 1.443,7 2.602,5 2.643,8 2.802,3 -1.743,8 -958,9 -1.358,6
Obligations et titres de créance (2) 0,0 0,0 0,0 3.472,0 1.317,3 2.140,1 -3.472,0 -1.317,3 -2.140,1
Administrations publiques 0,0 0,0 0,0 3.472,0 1.317,3 2.140,1 -3.472,0 -1.317,3 -2.140,1
Total 8.051,8 8.696,0 7.189,3 8.746,4 6.917,8 9.297 ,7 -694,6 1.778,2 -2.108,4
  • 1) Les prêts correspondent à un instrument de dette inclus dans la rubrique des autres investissements .
  • 2) Les titres de créance correspondent à des dettes sous forme d’investissements de portefeuille.
  • 3) Y compris les allocations de DTS (2.076 MDT).

Pour les tirages sur prêts à long terme, mobilisés en 2023, ils ont accusé un repli de 17,3% pour revenir à 7.189 MDT, dont 79,9% ou 5.746 MDT levés par l’Administration . En particulier, les concours obtenus auprès des institutions multilatérales ont porté, essentiellement, sur le crédit octroyé par la Banque Africaine d’Import-Export (AFREXIMBANK) dans le cadre du programme de financement des importations stratégiques (473 MUSD). Egalement, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et la Banque Européenne d’Investissement ont accordé à la Tunisie, en 2023, des enveloppes respectives de 153 MEUR (projet de réponse d’urgence COVID-19 pour la protection sociale en Tunisie), 60 MEUR (modernisation des infrastructures routières ainsi que le programme d’alimentation en eaux potables en milieu rural) et 49 MEUR (dont 32 millions d’euros accordés pour la modernisation des établissements scolaires). Les fonds drainés dans le cadre de la coopération bilatérale ont concerné, principalement, une enveloppe de 400 MUSD accordée par l’Arabie Saoudite comme appui budgétaire et un emprunt de 20 milliards de yens japonais octroyés par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA), dont 10 milliards de yens au titre du programme de soutien et du renforcement de la protection sociale.

S’agissant des tirages bénéficiant aux autres agents économiques autres que la Banque Centrale , ils ont accusé un repli, revenant d’une année à l’autre, de 1.685 MDT à 1.444 MDT, bénéficiant, principalement, au secteur agricole (574 MDT), à celui de l’énergie (384 MDT), au secteur du transport (80 MDT) et au secteur financier (74 MDT).

Quant à l’amortissement de la dette extérieure à long terme, il s’est inscrit en hausse de 34,4%, en 2023, pour atteindre 9.298 MDT. En particulier, l’amortissement des prêts extérieurs à long terme 1 a augmenté de 27,8% pour s’élever à 7.158 MDT, évolution attribuable à la progression des engagements honorés par l’ Administration qui sont passés, d’une année à l’autre, de 2.929 MDT à 4.329 MDT, dont l’essentiel a bénéficié au FMI (1.306 MDT), à la BAD (642 MDT), à la Banque mondiale (495 MDT) et à l’Arabie Saoudite (418 MDT 2 ). Quant aux règlements effectués par la Banque centrale , ils ont quasi-stagné pour se limiter à 26 MDT en 2023. Pour les remboursements réalisés par les autres agents économiques , ils ont affiché une hausse de 6% pour s’élever à

1 Non compris les obligations, classées parmi les dettes sous forme d’investissements de portefeuille.

2 Dont une enveloppe de 100 millions de dollars (305 MDT) au titre du remboursement de deux tranches du principal du prêt accordé par l’Arabie saoudite dans le cadre de l’appui budgétaire.

2.802 MDT, représentant ainsi près du tiers du total. S’agissant des remboursements au titre des obligations dues aux marchés financiers , ils se sont situés à 2.140 MDT.

Pour les crédits commerciaux et avances , ils se sont soldés par un déficit de 3.462 MDT, attribuable pour l’essentiel à l’accroissement net des passifs de 3.604 MDT au titre des crédits commerciaux.

Tableau 3-10 : Evolution des crédits et des débits au titre des Paiements courants et du Compte de capital

(En MDT)

2021Variations
2020202220232022 20212023 2022
Solde du compte des transactions courantes -7.217,3 -7.751,9 -12.314,6 -3.433,4 -4.562,7 8.881,2
Crédits 39.014,1 48.952,3 64.114,9 72.420,3 15.162,6 8.305,4
Débits 46.231,4 56.704,2 76.429,5 75.853,7 19.725,3 -575,8
Solde des biens (FOB) -19.085,7 -23.721,5 -32.989,0 -28.100,2 -9.267,5 4.888,8
Crédits* 15.981,6 19.867,0 26.814,8 28.081,6 6.947,8 1.266,8
Débits* 35.067,3 43.588,5 59.803,8 56.181,8 16.215,3 -3.622,0
Solde des services 9.603,3 12.188,4 16.838,9 21.220,4 4.650,5 4.381,5
Crédits 15.552,6 19.443,9 26.826,6 33.224,9 7.382,7 6.398,3
Débits 5.949,3 7.255,5 9.987,7 12.004,5 2.732,2 2.016,8
Solde des services de fabrication 8.965,3 10.504,5 11.456,5 14.427,8 952,0 2.971,3
Crédits 8.965,3 10.504,5 11.456,5 14.427,8 952,0 2.971,3
Débits 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Solde des transports -1.505,9 -1.351,8 -133,0 -135,9 1.218,8 -2,9
Crédits 1.579,6 2.387,5 4.934,0 6.180,8 2.546,5 1.246,8
Débits 3.085,5 3.739,3 5.067,0 6.316,7 1.327,7 1.249,7
Solde des voyages 1.766,7 2.236,2 3.886,6 5.235,4 1.650,4 1.348,8
Crédits 2.806,2 3.482,5 6.293,0 7.978,8 2.810,5 1.685,8
Débits 1.039,5 1.246,3 2.406,4 2.743,4 1.160,1 337,0
Solde des autres postes des services 377,2 799,5 1.628,8 1.693,1 829,3 64,3
Crédits 2.201,5 3.069,4 4.143,1 4.637,5 1.073,7 494,4
Débits 1.824,3 2.269,9 2.514,3 2.944,4 244,4 430,1
Solde du revenu primaire -3.165,4 -3.955,5 -4.196,6 -4.585,2 -241,1 -388,6
Crédits 1.560,1 1.121,5 1.517,2 2.137,6 395,7 620,4
Débits 4.725,5 5.077,0 5.713,8 6.722,8 636,8 1.009,0
Solde du revenu secondaire 5.430,5 7.736,7 8.032,1 8.031,6 295,4 -0,5
Crédits 5.919,8 8.519,9 8.956,3 8.976,2 436,4 19,9
Débits 489,3 783,2 924,2 944,6 141,0 20,4
Solde du compte de capital 1.026,8 617,5 1.624,1 1.177,6 1.006,6 -446,5
Crédits 1.048,8 646,6 1.661,2 1.213,1 1.014,6 -448,1
Débits 22,0 29,1 37,1 35,5 8,0 -1,6
  • Il s’agit des Exportations (FOB) pour les crédits et des Importations (FOB) pour les débits.

Tableau 3-11: Evolution des variations des actifs nets et des passifs nets au titre du Compte financier

(En MDT)

202020212023Variations
20222022 20212023 2022
Solde du Compte financier -4.572,8 -5.765,0 -9.101,9 -1.293,1 -3.336,9 7.808,8
Acquisition nette d’actifs financiers 3.415,7 643,8 -145,3 4.194,8 -789,1 4.340,1
Accroissement net des passifs 7.988,5 6.408,8 8.956,6 5.487,9 2.547,8 -3.468,7
Solde des investissements directs étrangers -1.665,4 -1.489,7 -1.883,2 -2.298,7 -393,5 -415,5
Acquisition nette d’actifs financiers 86,1 45,3 108,4 -38,4 63,1 -146,8
Accroissement net des passifs 1.751,5 1.535,0 1.991,6 2.260,3 456,6 268,7
Solde des investissements de portefeuille 2.029,3 3.520,9 1.323,2 2.201,5 -2.197,7 878,3
Acquisition nette d’actifs financiers 0 0 0 173,9 0,0 173,9
Accroissement net des passifs -2.029,3 -3.520,9 -1.323,2 -2.027,6 2.197,7 -704,4
Solde des dérivés financiers 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Acquisition nette d’actifs financiers 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Accroissement net des passifs 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Solde des autres investissements -8.800,8 -8.134,3 -8.081,4 -4.567,0 52,9 3.514,4
Acquisition nette d’actifs financiers -534,5 260,4 206,8 688,2 -53,6 481,4
Accroissement net des passifs 8.266,3 8.394,7 8.288,2 5.255,2 -106,5 -3.033,0
Avoirs de réserve 3.864,1 338,1 -460,5 3.371,1 -798,6 3.831,6
Erreurs et omissions nettes 1.617,7 1.369,4 1.588,6 962,7 219,2 -625,9

3-2. Position extérieure globale

La position extérieure globale (PEG) a affiché, au terme de l’année 2023, une situation nette débitrice vis-à-vis de l’extérieur de 236.410 MDT, soit un accroissement des passifs nets de 8.316 MDT par rapport à fin 2022. En particulier, les passifs bruts ont connu une progression de 4,8% pour atteindre 270.923 MDT, en relation avec la hausse du stock des investissements directs (+6,3%) et celui des autres investissements (+5,8%), alors que l’encours des investissements de portefeuille s’est inscrit en régression (-10,1%). Pour les actifs bruts, ils ont repris une tendance haussière (+13,5%) pour s’élever à 34.513 MDT, sous l’effet, principalement, de l’amélioration des avoirs de réserve de 13,7% pour atteindre 27.920 MDT.

Graphique 3-14 : Structure du stock des passifs bruts 2019-2023

3-2-1 Investissements étrangers

Représentant 61,5% du total des passifs nets, le solde débiteur des investissements étrangers s’est situé à 145.487 MDT, en hausse de 4% par rapport à celui de 2022, tirée par celle des investissements directs étrangers (+6,4%) dont l’ampleur a été toutefois freinée par le repli du solde négatif affiché par les investissements de portefeuille (-11%).

S’agissant du stock des investissements directs étrangers, il a dégagé, au terme de 2023, un solde débiteur de 128.292 MDT (contre -120.560 MDT à fin 2022), sous l’effet, principalement, de l’accroissement des passifs bruts de 6,3% pour atteindre 130.472 MDT, représentant 48,2% du total des passifs. Du coté des actifs bruts, ils ont maintenu, pratiquement, le même niveau de 2022, soit 2.180 MDT (contre 2.186 MDT à fin 2022).

De leur part, les investissements de portefeuille ont enregistré un solde débiteur de 17.195 MDT, en régression de 11% par rapport à fin 2022. Cette évolution trouve son origine dans le recul des passifs sous forme, principalement, de titres de créances de 14,7% pour être ramenés, au terme de 2023, à 12.676 MDT, dont l’essentiel a porté sur l’encours de la dette extérieure à LT sous forme d’obligations émises par l’Administration publique (12.281 MDT). Par ailleurs, les passifs sous forme d’ actions et parts de fonds de placement ont progressé de 3,3% pour atteindre 5.186 MDT, sous l’effet notamment de la hausse de la valeur des actifs cotés sur la bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), telle que reflétée par l’amélioration de l’indice boursier  » TUNINDEX  » 1 de 7,9%. Quant à la part des étrangers dans la capitalisation boursière, elle ne s’est accrue que de 0,3 point de pourcentage pour se situer à 21,2% à la fin de 2023. Parallèlement, les actifs au titre des investissements de portefeuille se sont accrus de 21,2%, par rapport à 2022, pour atteindre 667 MDT au terme de l’année 2023.

3-2-2 Autres investissements

Au terme de l’année 2023, le stock des autres investissements a affiché un solde débiteur de 118.843 MDT, enregistrant ainsi une hausse de 5,4% par rapport à celui de 2022.

1 Le TUNINDEX est un indice boursier de référence de la Bourse de Tunis introduit le 31 décembre 1997.

S’agissant des passifs , ils se sont accrus de 5,8%, au terme de 2023, pour s’élever à 122.589 MDT, suite à la progression, à des degrés différents, de tous ses instruments financiers. En particulier, les prêts à long terme , qui ont accaparé plus de 55,4% du total des passifs au titre des autres investissements, ont légèrement augmenté (+2,2%) pour se situer à 67.861 MDT, sous l’impact d’un effet-change positif, freiné par un effet volume négatif. Ce dernier a été induit par l’accroissement des remboursements au titre du principal (+27,8%), contre une régression des mobilisations (-18%). D’un autre côté, la répartition par secteur institutionnel des prêts à long terme, laisse apparaître une prépondérance du stock des engagements de l’ Administration publique qui a connu une hausse de 4,9%, contre des baisses respectives de ceux inhérents à la Banque Centrale (-19,3%), aux institutions de dépôt autres que la Banque Centrale ( 23,5%) -ainsi qu’aux autres secteurs (-3,9%).

Tableau 3-12 : Principaux paramètres de la dette extérieure à long terme

(En MDT, sauf indication contraire)

Désignation2020202120222023
Encours de la dette extérieure à long terme 1 80.004 79.510 82.331 81.566
Taux d’endettement extérieur à LT (en %duPIB) 66,9 60,9 57,2 51,4
Tirages sur capitaux d’emprunt à LT 2 8.491 8.052 8.696 7.188
Service de la dette à long terme 2 8.267 10.604 8.894 11.715
Principal 6.419 8.746 6.918 9.298
Intérêts 1.848 1.858 1.976 2.417
Coefficient du service de la dette 3 (en %) 21,2 21,7 13,9 16,4

1 Encours de la dette extérieure compte non tenu des intérêts courus et non encore échus.

  • 2 Y compris les titres de créance dus aux marchés financiers intégrés dans la rubrique des investissements de portefeuille (PEG).

3 Calculé par référence au total des crédits des transactions courantes de la Balance des Paiements.

Pour les passifs au titre des numéraires et dépôts , ils ont enregistré, à fin 2023, un accroissement de 8,5%, par rapport à leur niveau en 2022, pour s’établir à 19.961 MDT. L’essentiel de ces engagements, soit 14.478 MDT, revient aux instituions de dépôts, autres que la Banque Centrale . Le reliquat de 5.483 MDT représente les passifs dus à la Banque Centrale, principalement constitués par des engagements à long terme.

S’agissant des passifs sous forme de crédits commerciaux et avances à court terme ils ont , augmenté de 13% pour s’élever à 31.339 MDT, à fin 2023, ils ont concerné pour leur totalité les autres secteurs institutionnels.

Quant aux passifs au titre des droits de tirage spéciaux , ils ont quasiment stagné (+0,4%) pour s’établir à 3.272 MDT.

Pour les actifs des autres investissements , concernant des instruments à maturité courte, ils se sont inscrits en hausse de 20,1%, par rapport à leur niveau de fin 2022, pour s’élever à 3.746 MDT au terme de 2023. En particulier, les actifs sous forme de numéraires et dépôts ont enregistré un net accroissement (+39,5%) pour atteindre 1.749 MDT. Quant aux actifs sous forme de crédits commerciaux et avances, ils ont, à leur tour, progresser de 7,8% pour se situer à 1.963 MDT fin 2023.

Tableau 3-13 : Evolution des passifs et actifs à court terme (En MDT, sauf indication contraire)

Désignation2020202120222023
Passifs à court terme (1) -33.107 -37.212 -42.338 -47.445
Numéraires et dépôts -13.190 -13.942 -14.495 -15.949
dont : Dépôts des non-résidents -11.381 -12.219 -12.630 -13.888
Crédits commerciaux et avances -19.805 -23.192 -27.735 -31.339
Autres comptes à payer – autres -112 -78 -108 -157
Actifs à court terme (2) 2.721 2.928 3.120 3.746
Numéraires et dépôts 975 1.381 1.253 1.749
Crédits commerciaux et avances 1.700 1.509 1.821 1.963
Autres comptes à recevoir – autres 46 38 46 34
Passifs nets à court terme (2)-(1) -30.386 -34.284 -39.218 -43.699

3-2-3 Avoirs de réserve

Au terme de l’année 2023, les avoirs de réserve, principale composante des actifs avec une part de 80,9%, se sont inscrits en hausse de 13,7% pour s’élever à 27.920 MDT. Particulièrement, les autres avoirs de réserves (avoirs en devises étrangères) se sont accrus de 14,7% pour s’élever à 26.540 MDT. Par ailleurs, les avoirs en or monétaire ont affiché une hausse de 13,5%, atteignant 844 MDT. Toutefois, les avoirs sous forme de droits de tirage spéciaux ont accusé un repli de 76,3% pour se limiter à 38 MDT. Également, les avoirs sous forme de position de réserve au FMI ont connu une légère baisse (-1,7%) pour s’établir à 499 MDT, à fin 2023.

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